La reprise collective, secret bien gardé du transfert d’entreprise

Publié le 26/03/2020 à 10:48

Il existe différents types de transfert d’entreprise, dont le transfert familial, le transfert interne à un employé ou le transfert externe. Pour certaines entreprises, toutefois, la reprise collective par tous les employés représente la meilleure option.

À première vue, la procédure peut sembler compliquée. En vérité, la reprise collective n’a rien de sorcier. « Elle est plus répandue qu’on ne le croit ! », assure Jean-Pascal Dumont, coordonnateur provincial au développement du repreneuriat collectif au Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ).

Avec ses fleurons coopératifs comme Desjardins, La Coop fédérée et Agropur, le Québec est d’ailleurs un pionnier de l’entrepreneuriat collectif en Amérique du Nord. « Depuis le cas récent de la reprise du Groupe Capitale Médias par ses employés, les Québécois sont plus conscients que la structure coopérative peut fonctionner dans tous les secteurs d’activité », se réjouit Jean-Pascal Dumont.

L’ABC de la reprise collective
On regroupe sous le nom de « reprise collective » tous les cas où des employés, des clients ou des fournisseurs achètent une entreprise et la transforment en coopérative ou en entreprise d’économie sociale. Le champ des possibles est vaste. Les employés d’une usine, par exemple, peuvent choisir tous ensemble de la récupérer pour en faire une coopérative de travailleurs.

Dans d’autres cas, ce sont les consommateurs qui deviennent propriétaires de l’épicerie du village, transformée en véritable bien collectif. « Les citoyens des Îles-de-la-Madeleine en ont fait une spécialité, précise Jean-Pascal Dumont. Cela exige un noyau de citoyens très impliqués, mais l’expérience montre que les projets du genre sont propices à engendrer des vocations. »

Il arrive aussi que des fournisseurs rachètent ensemble une entreprise qu’ils veulent préserver pour garder actif chacun des maillons de la chaîne économique. Mieux encore : fournisseurs et employés peuvent s’allier pour former une coopérative de solidarité.

Pourquoi favoriser la reprise collective ?
Pour l’entrepreneur qui a consacré sa vie à construire son affaire, la céder à un groupe d’employés peut être un soulagement. « Ces gens qui ont contribué à ériger avec lui le patrimoine en prendront soin », pense Jean-Pascal Dumont. L’expérience québécoise prouve aussi que la reprise collective favorise l’ancrage des entreprises dans leurs régions d’origine et, surtout, leur longévité : les statistiques du ministère de l’Économie de l’Innovation montrent que les coopératives survivent plus longtemps que les sociétés à capital-actions.

« Pour les employés, c’est une occasion de se rapprocher du statut d’entrepreneur, précise le spécialiste de la reprise collective. Sans oublier les ristournes qu’ils pourraient recevoir si l’entreprise faisait des profits – un aspect à ne pas négliger. Il y a un exemple formidable à Saint-Jean-Port-Joli : l’entreprise Promo Plastik. Le modèle coopératif a réussi à sensibiliser les employés aux coûts de production et à les mobiliser pour accroître la profitabilité des opérations ! »

Une question de contexte
Avant de se lancer dans l’aventure de la reprise collective, un dirigeant doit toutefois s’assurer que le terreau est fertile. La plupart du temps, les reprises collectives se déroulent au sein d’entreprises bien ancrées dans leur milieu, dont la rentabilité est assurée et dont les activités serviront de levier économique ou sociocommunautaire. Si votre entreprise ne répond pas à ces critères, il faut y penser à deux fois.

Pour que tout se passe bien, cédants et repreneurs doivent aussi disposer de beaucoup de temps. « Il est impossible de réaliser une reprise collective en seulement trois mois, met en garde Jean-Pascal Dumont. La procédure peut prendre jusqu’à deux ans. Le groupe de repreneurs doit être très mobilisé et prêt à mettre du temps avant, pendant et après le transfert. Il faut aussi un noyau de leaders, possédant une certaine fibre entrepreneuriale. »

De son côté, l’entrepreneur doit aussi avoir pleinement confiance en son groupe de repreneurs, être enthousiasmé par le projet, avoir envie de s’y investir et être flexible sur le prix de vente pour donner l’élan financier nécessaire au démarrage.

Une chimie nécessaire
Cette cohésion sera un ingrédient essentiel pour surmonter les autres défis qui se présenteront par la suite. Entre autres, la prise de décision, structurée de la manière la plus démocratique possible, demandera temps et patience. La communication aura aussi intérêt à être exemplaire et très transparente, considérant le grand nombre d’interlocuteurs. Enfin, il faudra instaurer un mode de gouvernance que l’ensemble des copropriétaires sauront respecter : une structure dans laquelle les rôles et pouvoirs de chacun sont clairs et acceptés par tous.

Le défi est de taille, mais si cédants et repreneurs parviennent à réunir tous ces éléments, il n’y a pas à hésiter ! La reprise collective assurera certainement de beaux jours à l’entreprise. 

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