Microbrasserie Le Naufrageur: de la graine de pirate!

Publié le 18/12/2017 à 16:02

Philippe Gauthier et Louis-Frank Valade

Au 18e siècle, le marin Léon Roussy s’établit en Nouvelle-France et devient corsaire au service des Français. Le pirate pilote notamment La Leone avant de se faire capturer par les Anglais. Il se réfugie sur les eaux autour de la Baie-des-Chaleurs, naviguant dans la pénombre ou par fort brouillard, ce qui alimente la légende d’un voilier fantôme. Une nuit, La Leone s’échoue et l’homme se retrouve naufrageur. Près de trois siècles plus tard, ses petits-petits-petits-petits-fils fondent la microbrasserie Le Naufrageur.

Les frères Sébastien et Louis-Franck Valade rêvent depuis longtemps de fonder leur microbrasserie. «Quand on était petits, notre père brassait de la bière à la maison avec son meilleur chum, raconte Sébastien. Mon frère a toujours gardé cette idée en tête, et j’ai moi-même découvert l’univers de la bière de dégustation pendant un voyage en Europe.»

Les deux entrepreneurs ont toutefois déchanté rapidement en découvrant l’importance des investissements requis pour la réalisation de leur projet, et la complexité du milieu pour les apprentis brasseurs.

Comme bien des enfants, ils ont eu le réflexe de parler de leurs ambitions à leur mère. «Elle nous a encouragés à nous lancer en affaires, puis nous a confié son rêve d’avoir sa pâtisserie», dit Sébastien.

La famille a alors choisi d’ouvrir ensemble la boulangerie La Mie Véritable à Carleton.

Du succès et du soutien

Deux ans après l’ouverture, tempête à l’horizon! Le propriétaire met la bâtisse où loge la pâtisserie en vente, imposant un déménagement au commerce dont la localisation était pourtant idéale à Carleton.

«Sébastien et Louis-Franck ont alors communiqué avec nous, raconte Annie Boudreau, conseillère aux entreprises à la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) de Baie-des-Chaleurs. On les a épaulés pour qu’ils acquièrent le bâtiment. Ils étaient alors éligibles au prêt Stratégie jeunesse, qui vise à stimuler l’entrepreneuriat chez les jeunes de la région.» Le premier coup de pouce d’une relation professionnelle qui dure depuis 18 ans.

La petite boulangerie familiale a grandi et propose maintenant plus d’une vingtaine de pains et autant de viennoiseries et de pâtisseries. Conséquemment, un sous-sol a été creusé pour permettre d’accroître la production, et le logement à l’étage, jadis l’appartement des deux frères, a été transformé en café. Au cours de toutes ces transitions, la SADC de Baie-des-Chaleurs a offert un soutien financier et un accompagnement personnalisé.

«Mon frère et moi avons participé à plusieurs formations, notamment sur les ressources humaines. On gère après tout maintenant plus de 65 employés durant la haute saison», résume Sébastien.

Le retour du rêve

«Il y a 11 ans, on a reparlé, mon frère et moi, de notre vieux trip de lancer notre microbrasserie, se souvient Sébastien. Je lui ai dit que si on le faisait, c’était maintenant ou jamais. Il n’était pas question pour moi de commencer ça à 50 ou à 60 ans!»

Les deux frères ne voulaient plus attendre. Le projet requérait toutefois l’implication de nouveaux partenaires, et pas seulement pour amasser le capital nécessaire pour racheter l’immeuble voisin. «On avait aussi besoin de renfort pour abattre les nombreuses heures de boulot inhérentes à l’exploitation de deux entreprises, explique Sébastien. C’est simple: il n’est pas rare que celui qui ferme le bar de la microbrasserie croise celui qui ouvre la boulangerie», ajoute-t-il en riant.

La conjointe de Sébastien, Christelle Latrasse, et un ami et employé de la boulangerie, Philippe Gauthier, ont décidé de se joindre à l’aventure. Le travail acharné des quatre associés a rapidement été récompensé.

«Leur croissance a été fulgurante, relate Annie Boudreau. Deux ans après avoir fait l’acquisition du bâtiment voisin, ils ont voulu investir dans la machinerie pour l’embouteillage afin de pouvoir distribuer leurs bières en bouteille.» La SADC les a appuyés en leur offrant du financement à des conditions souples et accommodantes.

Aujourd’hui, Le Naufrageur brasse une trentaine de bières, dont quatre à l’année et plusieurs saisonnières.

«Louis-Franck est devenu une star dans le monde du brassage au Québec», dit Sébastien qui, lui, se concentre davantage sur la boulangerie. Les bières en bouteille du Naufrageur sont en vente partout au Québec. Un pub s’est enfin ajouté à la microbrasserie, qui offre une table populaire misant sur des ingrédients locaux.

«En été, on y sert 350 repas par jour», indique Sébastien.

Et demain?

Le Naufrageur souhaite déployer sa distribution et élargir sa gamme de produits, tout en conservant une philosophie de développement durable.

«Nos entreprises transmettent notre goût des bonnes choses — une bonne bouffe, une bonne bière, de bons produits locaux dans une ambiance bon vivant —, mais on souhaite aussi faire la bonne chose», explique Sébastien. Cela passe notamment par la récupération alimentaire. Leur populaire bière estivale À la Bourdages tire par exemple son arôme de la pulpe de fraise recyclée d’une ferme de Saint-Siméon.

«Les entrepreneurs communiquent souvent avec l'équipe de la SADC pour un besoin précis, par exemple de l'aide au démarrage, dit Annie Boudreau, et au final, on les aide fréquemment à trouver les ressources nécessaires pour faire grandir leur entreprise, comme celle de Christelle, Louis-Franck, Philippe et Sébastien.»

Dans l’équipage d’un navire de pirates, le timonier occupe un rôle essentiel en conseillant le capitaine. C’est aussi lui qui tient la barre à deux mains lors des manœuvres plus difficiles. Comme quoi une collaboration est essentielle… même chez les marins rebelles!

Chiffre d’affaires: 2,2 millions de dollars (1 500 000 $ pour la microbrasserie et 700 000 $ pour la boulangerie)

Nombre d’employés: entre 30 et 65, selon les saisons

Nombre de produits: une vingtaine de bières offertes en tout temps

Anniversaire: 20 ans pour la boulangerie, 10 ans pour la microbrasserie

 

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