La présence des TET dans les entreprises : un maillon essentiel

Publié le 15/04/2016 à 08:50

Sans les travailleurs étrangers temporaires (TET), tout un pan de l’industrie agricole primaire s’effondrerait, soutient Denis Hamel, directeur général de la Fondation des Entreprises en Recrutement de Main-d’œuvre agricole Étrangère (FERME). Portrait d’un maillon essentiel de l’agriculture québécoise.

La ferme de la famille Gibouleau fait partie des quelques fermes pionnières à avoir eu recours, dès les années 1970, aux travailleurs étrangers temporaires pour le travail aux champs. « C’est ce qui nous a permis de prendre de l’expansion, et ce, malgré la pénurie de main-d’œuvre dans notre secteur », affirme Martin Gibouleau, producteur maraîcher et président du conseil d’administration de l’organisme FERME.

Les Gibouleau ne sont plus les seuls à le faire. Le recours aux TET a fait un bond prodigieux entre 1995 et 2010, alors que le nombre d’entreprises agricoles qui les embauchent est passé de 71 à 591. Surtout présents dans les cultures maraîchères, les TET représentent aujourd’hui 67 % des semaines travaillées dans le secteur des légumes.

C’est qu’au fil des ans, les TET sont devenus un maillon essentiel dans les fermes du Québec. Voici pourquoi.

La réponse à un problème chronique

Martin Gibouleau peut en témoigner, ce n’est pas faute d’avoir essayé de trouver de la main-d’œuvre ici. Il a exploré toutes les avenues imaginables depuis qu’il a pris part aux activités de la ferme familiale : embauche d’étudiants, d’immigrants, de gens de la région, et même de prisonniers  !

Aucune solution n’a semblé fonctionner : « Les régions touristiques ont leurs propres besoins de main-d’œuvre pendant la période estivale, dit-il. Les étudiants ne peuvent pas couvrir toute la période des récoltes, et le programme carcéral a pris fin faute d’intérêt de la part des prisonniers ».

Aujourd’hui, Martin Gibouleau fait venir sur la ferme familiale quelque 250 travailleurs étrangers temporaires chaque année, la grande majorité travaille dans les champs. Il concède lui-même que la survie de son entreprise en dépend.

« C’est un domaine où les marges de profit sont minces et où le risque est grand, explique le producteur. Si un brocoli n’est pas récolté dans les 48 heures, il peut facilement perdre la moitié de sa valeur ! Je dois pouvoir compter sur une main-d’œuvre hautement disponible dans les moments cruciaux. »

Les producteurs l’ont appris à la dure quand le gouvernement fédéral a procédé à la réforme du Programme des travailleurs étrangers temporaires, en juin 2014. Un retard dans l’émission des visas a entraîné des pertes de 50 millions de dollars pour les producteurs agricoles. Autant de fruits et de légumes qui ont pourri dans les champs.

Des TET créateurs d’emplois

Chaque année avant d’embaucher des TET, Martin Gibouleau a l’obligation d’afficher les postes dans un bureau local d’emplois. Les réponses sont peu concluantes : « Plus de la moitié des CV proviennent de l’étranger, des gens du Maroc ou d’Afrique qui veulent immigrer ici… »

Le producteur comprend mal, dans ce contexte, que l’on perçoive les travailleurs étrangers temporaires comme des « voleurs de jobs ». Pour lui, ce sont plutôt des créateurs d’emplois.

C’est le fait de pouvoir compter sur une main-d’œuvre stable année après année qui lui a permis d’accroître la superficie de ses terres, de diversifier ses cultures (il produit aujourd’hui des brocolis, des poivrons, des concombres et des cantaloups) et d’augmenter le nombre de ses employés locaux.

Des employés pour la plupart spécialisés, précise-t-il. Et pas seulement dans les champs, où il embauche des opérateurs de machinerie, des superviseurs de serre, des réparateurs de tracteurs, mais aussi dans les bureaux, où il emploie un responsable des ventes, un comptable, etc.

L’organisme FARMS (le pendant ontarien de FERME) a évalué que la venue d’un travailleur étranger temporaire permettait de créer deux emplois locaux. « Et ce ne sont que les emplois directs, souligne Denis Hamel. Il faut ensuite ajouter tout le réseau de la transformation et de la distribution. »

Voulons-nous encore manger local ?

L’enjeu n’est pas simplement économique, fait remarquer le directeur général de FERME. Il en va également de la diversification des cultures.

En effet, en l’absence des travailleurs étrangers temporaires, tout un pan de l’industrie agricole s’effondrerait : « Les cultures maraîchères céderaient la place aux cultures céréalières, qui nécessitent peu de main-d’œuvre, puisqu’elles sont en grande partie mécanisées. »

Les Québécois y perdraient au change, car ils n’auraient plus l’option de manger local. Poivrons, brocolis et cantaloups proviendraient exclusivement de l’extérieur du Québec. Est-ce réellement ce qu’on désire ? Voilà qui mérite réflexion.

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