Les entreprises peuvent contribuer à l’amélioration des conditions des tout-petits

Publié le 05/03/2018 à 00:01

Les conditions de vie de nos jeunes enfants s’améliorent depuis quelques années, mais certains éléments demeurent préoccupants, selon le «Portrait 2017 des tout-petits québécois» produit par l’Observatoire des tout-petits. Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), est convaincue que les entreprises peuvent faire une différence. 

Quel lien faites-vous entre le bien-être de nos tout-petits et la prospérité du Québec?
Quand on voit les chiffres dans le Portrait de l’Observatoire des tout-petits concernant la santé et la sédentarité des tout-petits, c’est inquiétant. Ils sont notre avenir. Les difficultés qu’ils éprouvent aujourd’hui auront certainement un effet sur leurs apprentissages et sur leur parcours par la suite. Or, la persévérance scolaire est l’un des leviers importants de l’économie, car elle permet de créer la relève.

Pourquoi les entreprises ont-elles intérêt à proposer davantage de mesures de conciliation travail-famille?
Concrètement, la conciliation travail-famille compte maintenant parmi les trois considérations les plus importantes pour un chercheur d’emploi. Dans un contexte où il y a une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, des mesures de conciliation travail-famille peuvent être un atout pour attirer les talents.

Y a-t-il des risques liés à l’implantation de ces mesures? En quoi est-ce un investissement?
Pour les entreprises, ces mesures permettent non seulement d’attirer les talents, mais aussi de les retenir. Lorsqu’on étudie la question et qu’on demande aux employés la raison qui les pousserait à quitter leur employeur, c’est l’absence de conciliation travail-famille qu’ils nomment.

Certes, il y a des coûts liés à la mise en place de ces mesures, mais de plus en plus d’études montrent que l’investissement permet de réduire, par exemple, les dépenses liées à l’absentéisme. La conciliation travail-famille favorise aussi la gestion du stress et des nombreuses responsabilités, ainsi contribue-t-elle à améliorer la productivité et à la maintenir. On constate également une augmentation de la satisfaction et du taux de rétention.

Si une entreprise souhaite mettre en place certaines mesures, il existe plusieurs options, mais la flexibilité est le mot d’ordre pour que ces mesures soient efficaces. Ainsi, si on offre des horaires comprimés ou allégés, du télétravail et des congés personnels, on doit s’assurer d’avoir la flexibilité nécessaire pour que chaque employé puisse choisir telle ou telle option, selon ses besoins. Lorsqu’on met ces mesures en place, on doit y aller de façon progressive. Par exemple, on peut créer un comité composé de personnes de la direction et d’employés afin d’établir quelles mesures de conciliation seront proposées. Cela permet d’impliquer tout le monde dans le processus.

Le 19 novembre dernier marquait le coup d'envoi de la deuxième édition de la Grande semaine des tout-petits, une semaine qui vise à mobiliser la population pour que la petite enfance soit au cœur des priorités de la société québécoise. Les organisateurs de cette semaine souhaitent interpeler tous les décideurs, notamment ceux du monde des affaires, parce que leurs décisions ont un effet sur le bien-être des tout-petits. Croyez-vous que le milieu québécois des affaires a un rôle à jouer pour favoriser le bien-être des tout-petits?
Les causes liées aux tout-petits interpellent toujours tant les individus que les organisations. On est quand même assez chanceux, au Québec, de nombreuses infrastructures sont en place pour les jeunes enfants, comme des services de garde, des associations communautaires, etc. Les entreprises sont souvent derrière ces initiatives. C’est important qu’elles continuent de le faire, soit de façon directe par un financement, soit indirectement en encourageant leurs employés à s’investir dans ces causes.

Sur quels fronts le Québec a-t-il encore du progrès à faire pour favoriser le bon développement des tout-petits?

Pour aller plus loin, il faut simplement continuer à agir, car encore beaucoup d’enfants sont vulnérables. Le gouvernement est là, mais souvent, les organismes communautaires ont repris la relève de beaucoup de programmes. Ce qui m’attriste, pour avoir été proche de ce milieu pendant des années, c’est de constater que le secteur communautaire manque de moyens et doit toujours se battre pour obtenir des subventions. On demande aux organismes de présenter chaque année une idée innovante, mais on leur refuse du financement, car il faut que ce soit lié à un projet en particulier. La plupart de ces organismes étirent donc chaque dollar. Je pense que, collectivement, il faudrait valoriser davantage leur rôle. Si le milieu communautaire et le milieu des affaires travaillaient plus main dans la main, je suis convaincue qu’on irait encore plus loin.

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