Le monde des affaires peut-il faire une différence pour les enfants défavorisés?

Publié le 28/08/2017 à 00:01

Catherine Guertin, associée du cabinet d’avocats Borden Ladner Gervais (BLG), dirige le volet montréalais du programme BLG, la lecture et les enfants. Elle témoigne de l’impact positif que peuvent avoir les gens d’affaires en s’impliquant directement auprès des enfants.

En quoi consiste le programme dont vous vous occupez?
Nos employés vont dans cinq écoles en milieu défavorisé de Montréal pour lire des histoires aux jeunes enfants. C’est une façon de les intéresser à la lecture, en apportant un élément de variété dans leur environnement scolaire. Le programme est offert dans des classes de maternelle, de première et de deuxième année du primaire. Chaque année, nous touchons ainsi 360 élèves dans une vingtaine de classes à Montréal.

Comment le programme fonctionne-t-il exactement?
Nous ciblons des établissements dans un certain rayon autour de notre bureau. Nous prenons contact avec la direction, qui sonde l’intérêt des enseignants pour le programme. Lorsqu’un enseignant accepte de participer, on lui affecte deux employés pour l’année scolaire. Toutes les deux semaines, à tour de rôle, un des deux employés part en taxi faire la lecture à sa classe pendant une demi-heure, puis revient au bureau. Ce système de rotation assure une continuité de la présence et de la relation avec les enfants et les enseignants. Dans nos cinq bureaux canadiens, notre cabinet libère ainsi plus de 300 employés une heure par mois pour le programme.

Pensez-vous que votre programme a un impact?
On ne prétend pas mesurer ses retombées précisément, mais on sait que nos visites dans les écoles sont très attendues par les enfants. Parfois, un enfant nous dit fièrement que, la fin de semaine précédente, il a pris lui-même un livre pour le lire. En fin d’année, c’est toujours touchant de recevoir de superbes cartes de remerciement dessinées ! Ce genre d’anecdotes nous rend optimistes sur l’impact qu’on peut avoir auprès d’eux.

Un rapport de l’Observatoire des tout-petits montre que, en maternelle, si un enfant sur quatre est vulnérable dans au moins un domaine de développement, la proportion atteint un enfant sur trois en milieu défavorisé. Pensez-vous qu’une initiative comme la vôtre peut contribuer à rétablir l’égalité des chances?
On le souhaite, évidemment, mais on doit répondre avec humilité. En visitant les écoles des milieux défavorisés, on prend conscience des conditions difficiles dans lesquelles beaucoup d’enfants vivent et ont probablement vécu dans les années de la petite enfance précédant leur entrée à l’école. Certains doivent se rendre au sous-sol de l’église d’à côté pour aller chercher leur dîner. En hiver, on voit des enfants qui n’ont pas de manteau assez chaud, d’autres qui protègent leurs pieds avec des sacs de lait dans leurs bottes trouées. Il reste encore beaucoup à faire pour donner des chances de réussite égales à tous les jeunes enfants.

À quel point est-ce important d’intervenir auprès des enfants dès leur plus jeune âge?
En éducation, presque tout se joue avant la troisième année du primaire. Un enfant qui n’a pas développé certaines habiletés à ce stade risque d’avoir un apprentissage difficile par la suite. Mais il faut se préoccuper du développement des enfants dès leur naissance. Une entrée à la maternelle, ça se prépare, notamment grâce au travail des éducateurs en service de garde.

Les entreprises devraient-elles s’impliquer davantage auprès d’eux?
Absolument. Les gens d’affaires et les professionnels peuvent contribuer financièrement, mais peuvent aussi servir de modèles aux jeunes enfants. Nous pouvons leur ouvrir les yeux sur les options professionnelles qui existent, les encourager à découvrir plus rapidement quelles sont leurs passions, et les faire rêver en leur montrant qu’avec une bonne éducation, on peut trouver un travail intéressant et s’épanouir dans sa carrière. On tente d’ailleurs de convaincre d’autres entreprises de nous accompagner dans notre programme de lecture aux enfants, afin de desservir un plus grand nombre d’écoles.

Outre l’apprentissage de la lecture, observez-vous d’autres retombées sur les tout-petits?
L’éveil à la lecture demeure le premier objectif, mais depuis les débuts du programme en 2003, on s’est rendu compte que la rencontre des enfants avec nos employés apportait une valeur en elle-même.

En effet, beaucoup de ces enfants n’ont pas d’autres occasions d’interagir avec des adultes qui travaillent dans des bureaux. Quand ils nous voient arriver, en costume ou en tailleur, cela leur ouvre les yeux sur une autre réalité. C’est un prétexte à de nombreux échanges, parfois cocasses. Certains veulent toucher nos vêtements, nous demandent pourquoi on est habillés comme ça ! Ils veulent savoir ce que l’on fait, en quoi on a étudié. Je crois que de nous voir arriver dans leur classe peut alimenter leur imaginaire et faire naître en eux une curiosité pour le monde du travail. On suscite peut-être même des ambitions!

Une autre répercussion inattendue est la contribution de nos employés masculins. Dans la vie de beaucoup d’enfants que l’on rencontre, le père est absent. Les femmes constituent aussi une forte proportion du personnel enseignant et des professionnels qui se sont occupés d’eux auparavant s’ils étaient en garderie. Voir des hommes adultes qui viennent s’occuper d’eux pendant une heure peut jouer un rôle bénéfique à plusieurs égards!

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