Cultiver l’esprit d’innovation dès les premières années de la vie

Publié le 16/02/2017 à 00:01

Marie-Josée Lamothe, directrice générale pour le Québec chez Google, fait valoir l’importance de développer l’imagination et la capacité à innover chez nos tout-petits pour bâtir le Québec de demain.

Selon vous, pourquoi faut-il se préoccuper du sort de nos petits citoyens de 0 à 5 ans ?

Ces tout-petits sont nos futurs penseurs, nos futurs entrepreneurs, leaders et travailleurs. Et ils sont à un âge où leur esprit est particulièrement ouvert, alors il est important d’assurer leur bon développement et d’être présent pour eux pendant cette période.

Quel lien faites-vous entre le bon développement des tout-petits et la prospérité du Québec ?

Pour moi, il y a un lien direct entre la croissance économique et l’innovation. Et l’innovation passe par l’imaginaire et la réinvention des choses, des aptitudes qui se cultivent dès les premières années de la vie. C’est en créant les conditions nécessaires pour développer la curiosité, l’imaginaire et l’aptitude à la résolution de problèmes dès la petite enfance et tout au long du parcours scolaire que le Québec continuera d’être compétitif sur le plan économique.

Les tout-petits posent constamment des questions, et les plus grandes innovations viennent de gens qui ont osé poser des questions et trouver des façons imaginatives de résoudre des problèmes. Il faut soutenir le développement des parties de leur cerveau qui permettent l'interrogation, la créativité et l’innovation.

Le Portrait de l’Observatoire des tout-petits indique que, de 2004 à 2015, la proportion de mères de jeunes enfants en emploi est passée de 73,7 % à 77,4 % dans les familles biparentales. Que pensez-vous de la conciliation travail-famille au Québec ?

Ce qui est formidable au Québec, c’est que nous bénéficions de congés parentaux avantageux, puis de services de garde accessibles à tous. Je vois aussi de plus en plus d’entreprises qui offrent des horaires flexibles aux employés ayant de jeunes enfants et qui mettent l’accent sur des objectifs d’affaires à atteindre plutôt que sur la présence au bureau à heures fixes. C’est mon cas chez Google, et je dois dire que ça m’aide beaucoup en tant que mère de trois enfants !

Sur quels fronts le Québec a-t-il encore du progrès à faire pour favoriser le bon développement de ses tout-petits?

Je trouve qu’on valorise trop la mémorisation et le fait de bien suivre les règles. On félicite les enfants qui connaissent toutes leurs lettres, qui colorient à l’intérieur des lignes… Alors que suivre les lignes n’est pas la seule façon de faire ! Celui qui suit les règles ne réinvente rien, il est récompensé pour avoir respecté le statu quo. Notre société n'est pas suffisamment propice à l’innovation; c’est un grand déficit culturel que nous avons.

Et comment croyez-vous que nous pouvons remédier à cette situation ?

Il faut donner le droit au rêve et à la réinvention, pour établir un réflexe d’innovation. Cela commence dès le plus jeune âge, notamment avec des programmes éducatifs en garderie qui valorisent l’imaginaire et la créativité. Il faut faire sentir aux enfants qu’il n’y a pas de mauvaises questions et qu’il n’y a pas une seule réponse à chaque question. Cette ouverture d’esprit doit être encouragée le plus tôt possible !

Selon vous, le milieu des affaires a-t-il un rôle à jouer à cet égard ?

Oui, d’abord en offrant aux parents de jeunes enfants la flexibilité nécessaire pour qu’ils soient présents auprès de leurs enfants tout en respectant les objectifs de l’entreprise. Je crois aussi que les grandes organisations peuvent jouer un rôle en encourageant elles-mêmes l’innovation, et en informant les parents des activités qui ont lieu dans leur ville pour favoriser l’innovation et l’apprentissage des sciences et des technologies. Google le fait, et mes enfants en profitent. Les activités axées sur les sciences et l’informatique les initient à des disciplines qui seront essentielles dans l’économie de demain.

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