Agroalimentaire en Montérégie : des candidats qui se font rares

Publié le 29/05/2019 à 09:00

La Montérégie est considérée comme le véritable « garde-manger » du Québec, car on y trouve le quart des terres cultivées de la province. Ce secteur agroalimentaire riche et diversifié doit toutefois composer avec une pénurie de main-d’œuvre.

Des terres fertiles, une longue période de croissance et des conditions climatiques favorables ont contribué à faire de la Montérégie une région agricole de premier plan. D’ailleurs, sa superficie agricole représente plus de 953 400 hectares, soit près de 86% de son territoire, et on compte environ 6 800 entreprises agricoles selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

L’industrie bioalimentaire, en Montérégie, emploie plus de 87 000 personnes, ce qui représente 11 % des emplois de la région et 9 % de son PIB1. Si les productions animales dominent généralement le paysage agricole québécois, dans cette région, ce sont plutôt les grandes cultures qui arrivent en tête. Les céréales et les oléagineux représentent 25 % de la production agricole montérégienne. Elles sont suivies par la production laitière et la production porcine (18 % chacune), puis par les légumes (13 %) et les volailles (10 %). Vergers, cidreries et vignobles sont également bien présents et constituent l’épine dorsale de l’industrie agrotouristique.

Pénurie de main-d’œuvre

Grâce à une grande concentration de superficies consacrées à la culture maraîchère, la Montérégie tire une importante part de revenus de cette filière. La ferme Delfland, située à Napierville, est spécialisée en échalotes françaises, mais cultive bien d’autres légumes frais comme des oignons, des carottes et des laitues. Cette entreprise familiale fondée en 1983 emploie jusqu’à 175 personnes au plus fort de la saison. Toutefois, mettre la main sur les travailleurs nécessaires n’est pas une mince affaire. « Le recrutement est de plus en plus ardu. Depuis trois ans, je ne reçois aucun CV lorsque je dépose des annonces auprès d’Emploi-Québec. Nous recherchons principalement des ouvriers agricoles ou des conducteurs de machinerie agricole », dit Éric Van Winden, un des quatre frères associés et propriétaires de la ferme.

Comment explique-t-il ce manque de candidats, qui semble d’ailleurs généralisé à tout le secteur agricole montérégien ? Il estime que la compétition des autres secteurs, comme le commerce de détail et les services, fait mal. Qui plus est, les ouvriers agricoles ont tendance à demeurer dans la même ferme et font preuve d’assez peu de mobilité une fois qu’ils ont trouvé un emploi qui leur convient.

« On souffre aussi de la perception que les gens ont de notre industrie. Beaucoup pensent que c’est un milieu très exigeant physiquement, alors que la mécanisation a beaucoup changé les choses. Pour d’autres, c’est le caractère saisonnier du travail qui les rebute, car l’essentiel de nos activités est concentré au printemps et en été », précise Éric Van Winden.

Des pistes de solution

Dans ces conditions, comment les entreprises agricoles peuvent-elles dénicher les ressources humaines dont elles ont besoin pour poursuivre leurs opérations et leur croissance ? Outre la main-d’œuvre locale, les travailleurs temporaires étrangers constituent l’une des solutions auxquelles ils ont recours. Pour sa part, Éric Van Winden engage chaque année plusieurs ouvriers venus du Mexique et du Guatemala. Les centres d’emploi agricoles se chargent habituellement des démarches administratives nécessaires à l’embauche.

Le service de recrutement Agrijob (www.agrijob.info), offert par AGRIcarrières, le comité sectoriel de main-d’œuvre de la production agricole, aide aussi plusieurs fermes à trouver les bras nécessaires. Ainsi, il permet de recruter des candidats de la région de Montréal en leur offrant le transport aller et retour vers les lieux de travail, soit vers plus de 200 entreprises agricoles de Lanaudière, de la Montérégie et de l’Outaouais-Laurentides. Ce programme effectué en collaboration avec les centres d’emploi agricole de ces régions et avec la contribution financière de Services Québec et du MAPAQ, donne un bon coup de pouce aux producteurs agricoles.

Enfin, Éric Van Winden souligne que les entreprises qui peuvent compter sur les membres de leur famille sont aussi privilégiées. « On dénombre beaucoup d’exploitations agricoles dont le noyau est constitué par des membres de la famille. Chez nous, nous sommes quatre frères sur la ferme ainsi qu’un neveu et une nièce. Jusqu’à l’an dernier, ma mère travaillait encore avec nous. Les enfants et petits-enfants apprennent peu à peu, et à terme, ils constitueront une belle relève », se réjouit-il, conscient que tous les agriculteurs n’ont toutefois pas cette chance.

1 L’industrie alimentaire de la Montérégie, estimations pour 2017. MAPAQ

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