Évaluer une entreprise, ou l’art de se méfier des apparences!

Publié le 14/03/2018 à 20:30

Que l’on parle d’une fusion, d’une acquisition ou du rachat d’une entreprise, la question de la valeur de cette dernière sera probablement celle qui tombera la première sur la table de négociation. Rien de plus normal, me direz-vous, et vous auriez sans doute raison! Le prix à payer pour un produit, pour un service ou in extenso pour celui d’une activité commerciale est à coup sûr l’un des plus importants (sinon le plus important) critères de décision lors d’une transaction. Mais, dans le cas d’une entreprise que l’on cherche à vendre ou à acheter, sur quelles assises peut-on établir la valeur de cette dernière?

Déboulonner un mythe

Julien Le Maux, professeur agrégé au Département de sciences comptables de HEC Montréal, a son idée là-dessus, mais elle diffère probablement de la vôtre! Car il est fort possible qu’à la question du principal critère à retenir quant à la valeur d’une entreprise, vous soyez tenté de répondre « le bénéfice! », un réflexe tout naturel en soi. Mais pour celui qui anime les séminaires Méthodes et outils pour réussir l’évaluation d’entreprise et Projets d’investissement : analyse de rentabilité et de risque pour des décisions stratégiques à l’École des dirigeants de HEC Montréal, cette réponse rapide est un piège dans lequel il faut éviter de tomber! « On continue à dire depuis cinquante ans que pour vérifier si une entreprise est performante, on regarde si elle fait un bénéfice. Mais le bénéfice ne représente en rien la performance d’une entreprise! Le bénéfice, c’est une somme de produits et de charges comptables. Ça se gère, un résultat! Le bénéfice, c’est un indicateur parmi d’autres », prévient Julien Le Maux.

Le pavé vient d’être lancé dans la mare! Mais la question demeure entière : sur quoi se baser pour évaluer la valeur d’une entreprise? « Ce qui compte pour évaluer une entreprise, ce sont les flux de trésorerie qui entrent et qui sortent de l’entreprise. Être capable de payer les salaires, être capable d’investir : voilà ce qui compte réellement! » On perçoit donc dans les propos du professeur Le Maux un attachement marqué au tangible, dans la perspective de l’établissement de la valeur d’une entreprise. À ce titre, rien de plus tangible que les flux de trésorerie, qui témoignent des mouvements réels d’argent entrant et sortant de l’entreprise. Dans le même ordre d’idées, les indicateurs inhérents à l’exploitation de l’entreprise peuvent également venir soutenir l’évaluation que l’on fait de cette dernière : « Moi, comme vendeur ou comme acheteur, ce qui m’intéresse, c’est l’exploitation. Est-ce que le fait de faire fonctionner l’entreprise crée de la richesse? », ajoute Julien Le Maux. Pour l’expert financier, répondre à cette question sur la base d’indicateurs bien réels, c’est déjà s’approcher de la juste valeur d’une entreprise…

Un meilleur rapport de force en vue de transiger

Les fusions et les acquisitions d’entreprise, un phénomène qui touche les entreprises de toutes tailles, sont notoirement propices aux mauvaises évaluations de la valeur réelle des entités concernées lors de ces transactions, un fait que relève le professeur Le Maux : « L’une des erreurs les plus classiques, c’est l’utilisation de la méthode des multiples, qui consiste à évaluer la valeur d’une entreprise à x fois la hauteur du bénéfice. C’est complètement arbitraire! Ce qui compte, c’est de regarder quelle est la trésorerie réellement générée. On peut ensuite comparer, par exemple, les données relatives aux cinq ou aux dix dernières transactions dans le secteur. » Cette mauvaise évaluation, voire cette surévaluation, faite de la valeur d’une entreprise contribue d’ailleurs, aux dires de Julien Le Maux, au taux d’échec des fusions ou des acquisitions, un taux qui oscillerait entre 50 % et 70 %. « Souvent, ceux qui achètent oublient que ce qui leur est présenté est bien plus beau que la réalité! C’est normal, et il n’y a rien de frauduleux à cela. On refait la peinture avant de vendre la maison, question de la rendre plus désirable! »

En somme, rappelle le professeur Le Maux, l’information, et la bonne information, tout comme l’analyse faite des indicateurs comptables et financiers pertinents sont sans conteste les meilleurs outils à posséder avant d’apposer sa signature au bas d’une entente. « Un acheteur, s’il sait regarder au bon endroit dans le bilan financier d’une entreprise, arrivera à détecter si l’entreprise va bien ou pas. C’est quelque chose qu’il faut savoir avant et pendant la négociation. Car on peut utiliser cette capacité de lecture des rapports financiers à son avantage afin de se dégager un nouveau rapport de force à l’égard de son interlocuteur », précise l’expert.

La chose est maintenant dite et sue! Vendeurs et acheteurs, à vos bilans financiers!

Formations animées par Julien Le Maux à l’École des dirigeants HEC Montréal:

Démystifier la finance : pour apprécier l'information financière (version 3 jours)

Méthodes et outils pour réussir l'évaluation d'entreprise

Projets d'investissement : analyse de rentabilité et de risque pour des décisions stratégiques

Découvrez toutes nos formations en finance et en comptabilité : https://goo.gl/7mjtem

 

 

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