Le dialogue ESG : un exercice fructueux pour tous

Publié le 03/05/2021 à 09:51

Présenté par ADDENDA CAPITAL

La relation entre actionnaires et entreprises n’est pas toujours simple. Parmi les rapports de l’organisation des Principes pour l’investissement responsable (PRI) au cours des dernières années figure toutefois une trame constante : tant les sociétés que les investisseurs récoltent les bienfaits d’une discussion soutenue autour des questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Et que, vous diront des experts, la discussion a grandement évolué au cours des dernières années.

« Le dialogue est au cœur de notre rôle d’intendance [qui comprend aussi l’exercice du droit de vote] », dit Delaney Greig, Directrice, Investissement durable chez Addenda Capital, une société qui intègre les facteurs ESG dans ses processus de placement. Ces échanges permettent d’aborder « les sujets qui sont d’intérêt pour nous, précise-t-elle, afin de comprendre où se situe la compagnie par rapport à ces enjeux et à les appuyer dans leur amélioration ».

Selon un sondage effectué en 2019 par l’Association pour l’investissement responsable (AIR) du Canada, l’engagement actionnarial est la deuxième stratégie la plus utilisée en investissement responsable (IR), derrière l’intégration des facteurs ESG au processus de placement. Au sommet des sujets soulevés par les investisseurs ayant un programme d’engagement figuraient alors les changements climatiques, loin en première position, suivis de la diversité et l’inclusion, la divulgation ESG, la rémunération de la direction et l’indépendance des membres des conseils d’administration.

L’évolution des échanges autour des enjeux de transition climatique est une des plus remarquables, dit Delaney Greig. « Un changement rapide, en quelques années », insiste-t-elle. La conversation est passée des changements climatiques de manière générale à une analyse beaucoup plus détaillée sur des enjeux aussi variés que complexes, portant par exemple sur l’analyse des risques climatiques, les chaînes d’approvisionnement et la gestion des risques associés.

Ce dialogue qu’entretiennent les investisseurs avec les entreprises est créateur de valeur pour les actionnaires, a rappelé en 2018 une publication des PRI basée sur 36 entrevues avec des représentants de grandes sociétés à capital ouvert. Les auteurs de l’étude ont combiné ces données aux constats de deux études précédentes réalisées auprès de 66 investisseurs institutionnels. Conclusion? Il en découlait trois grands pans de création de valeur : les dynamiques de communication (échanges d’information); les dynamiques d’apprentissage (diffusion du savoir ESG parmi les parties prenantes); et les dynamiques politiques (les relations entre sociétés et investisseurs).

« Si on retourne cinq ou dix ans dans le passé, ça pouvait être plus idéologique de chaque côté : les investisseurs arrivaient avec des demandes, souvent basées sur des préoccupations de justice sociale, ou sur des inquiétudes environnementales dissociées des marchés, et les compagnies se plaçaient sur la défensive », dit Delaney Greig. Il s’agit là d’un stéréotype, explique-t-elle, mais qui permet d’illustrer tout le chemin parcouru. « Au fil du temps, c’est devenu plus sophistiqué, les compagnies ayant vu que ces enjeux sont importants pour leurs opérations, et les investisseurs responsables étant plus versés dans les sujets concernant les marchés de capitaux. Il y a moins d’écart entre les deux groupes, moins d’hostilité, je pense. »

Le dialogue se veut donc constructif. Mais il y a aussi le choix des sociétés avec lesquelles entamer une conversation. La politique d’intendance d’Addenda Capital, par exemple, mentionne que le dialogue avec l’entreprise « pourra avoir une plus grande portée en fonction de plusieurs éléments, tels que la pertinence des facteurs ESG pour la société et pour nos clients, ainsi que notre capacité à influencer la société ».

Mentionnons tout de même qu’il peut arriver que les entreprises n’aient pas nécessairement besoin d’être grandement influencées, ou qu’elles envisageaient déjà des changements. Par exemple, sur une quinzaine d’entreprises contactées par Addenda Capital (et d’autres investisseurs, sans doute) l’an dernier au sujet de la diversité des conseils, la moitié d’entre elles ont ensuite mis en place une politique en la matière ou accueilli de nouveaux administrateurs pour atteindre un certain seuil.

D’une certaine manière, les brèches à combler sont aujourd’hui moins nombreuses qu’auparavant, explique Delaney Greig, et l’identification d’enjeux peut s’avérer plus difficile. « En même temps, cela veut dire que le dialogue permet de récolter davantage d’information. Pour des investisseurs à long terme comme nous, c’est utile. »

 

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