La cybersécurité : un univers encore trop masculin ?

Publié le 06/02/2023 à 00:01

Par NOVIPRO

Selon le Forum économique mondial, les trois-quarts des personnes travaillant en cybersécurité sont des hommes. Ce manque de diversité est particulièrement notable au Québec, même si la situation s’améliore. Le milieu cherche activement à renverser la vapeur. Tour d’horizon.

La cybersécurité serait un « boy's club » dans lequel les femmes ne sont pas les bienvenues. L’équilibre travail-famille y serait difficile à atteindre. Les femmes y subiraient diverses discriminations : remarques déplacées, politiques défavorables et agressions. Voilà des perceptions bien ancrées, qui dissuadent souvent les femmes de se lancer dans une carrière en cybersécurité.

Un boy's club, vraiment ? « Oh que oui ! », répond Gabrielle Botbol, pentesteuse (une personne qui fait des tests d’intrusion ou, en d’autres mots, qui teste la sécurité des systèmes) et blogueuse en cybersécurité. « Même pour les femmes qui en maîtrisent les codes, cette culture geek demeure excluante. Ce milieu, où est survalorisée la jeunesse, est également dissuasif pour les femmes plus âgées. » Il y a pourtant un important bassin de femmes de plus de 40 ans très compétentes. « C’est un énorme vivier dont on ne devrait pas se priver, car embaucher plus de femmes dans ce milieu, c’est apporter un nouveau regard, une autre grille de lecture, une certaine créativité. »

Vanessa Henri, avocate en cybersécurité, nommée en 2020 au palmarès des 20 femmes les plus influentes dans le domaine au Canada, fait le même constat. « Pour moi, c’est avant tout une question de diversité des cerveaux. Pour résoudre les problèmes de manière inventive, la neurodiversité est la clé. Il est important de bénéficier d’expertises différentes et complémentaires et de favoriser au maximum la collaboration entre gens qui pensent différemment les uns des autres. »

Susciter tôt les vocations

Les choses changent tout de même, si l’on en croit Marthe Anaïs Kambou, chef de la direction et fondatrice de CyberSerenIT, qui côtoie la relève lors d’ateliers présentant les métiers de la cybersécurité aux jeunes des cégeps. « Je constate aussi une évolution en entreprise », dit-elle. Beaucoup font des actions pour favoriser le mentorat auprès des femmes. « N’empêche, on est encore loin de la coupe aux lèvres. »

Maya Alieh, sergente-détective au Service de police de la Ville de Montréal et chef de l’équipe de cyberenquête, a dû se battre pour intégrer l’équipe des crimes technologiques, surtout composée d’hommes. Elle est une pro de la cyberinfiltration, un domaine où il y a peu de femmes. Elle élabore actuellement le tout premier cours universitaire québécois en cybercriminalité, mais il faut aller plus loin, pense-t-elle. « Il est important de susciter des vocations dès le cégep en présentant aux jeunes le travail d’enquêteur en cybercriminalité et en débroussaillant les principales notions de cybersécurité. Pour l’instant, aucun cours ne s’y consacre dans la formation collégiale en techniques policières. »

Meilleure conciliation et flexibilité

Martin Larivière, directeur exécutif des ressources humaines chez NOVIPRO, firme experte en technologies de l’information, prône les reconversions professionnelles. « Des femmes comptables peuvent être orientées vers des rôles de conformité et de gouvernance en cybersécurité », suggère-t-il. Une meilleure conciliation travail-vie personnelle permettrait d’attirer davantage de femmes, notamment en étant flexible quant aux horaires de travail, ajoute-t-il. « Lors du recrutement, il faut aussi miser sur les retraités et les personnes compétentes plus âgées. »

Ainsi, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de manque de diversité, les femmes et les hommes de toutes les générations doivent être mis à contribution.

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