Favoriser la diversité dans le recrutement : le devoir des entreprises

Publié le 16/11/2021 à 00:01

Recruter du personnel qualifié dans un contexte de rareté de main-d’œuvre n’est pas chose aisée. Un bassin de talents gagnerait toutefois à être mis à contribution : celui des personnes issues de l’immigration.

Dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), le manque de main-d’œuvre est particulièrement criant. Au cours des trois derniers mois de 2021, 9 373 étudiants obtiendront un diplôme de formation professionnelle ou d’études collégiales ou universitaires dans cette spécialité, ce qui correspond aux deux tiers des professionnels recherchés par les organisations, rapporte le Diagnostic sectoriel 2021-2024 de TECHNOCompétences, le comité sectoriel de main-d’œuvre en TIC.

Si la pandémie de COVID-19 a accentué la demande des travailleurs et des travailleuses ayant une expertise technologique — en raison notamment du recours massif au télétravail — ceux-ci étaient déjà très convoités bien avant le début de la crise sanitaire. Les besoins qu’éprouvaient les organisations en matière de TIC étaient alors en augmentation et de nouvelles pratiques se développaient, comme l’intelligence artificielle, la science des données, et les mégadonnées.

Résultat : le nombre de professionnels des TIC est passé de 210 000 en 2016 à 262 800 en 2020, selon TECHNOCompétences, ce qui représente une hausse de 25 %. Le tiers (33 %) de ces spécialistes sont nés à l’extérieur du Canada. Ces travailleurs et travailleuses issus de l’immigration représentent donc un apport non négligeable.

Les atouts des personnes issues de l’immigration

Pour la professeure titulaire à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, Tania Saba, les entreprises ont avantage à recruter ces professionnels ayant vécu l’expérience de l’immigration, non seulement pour former une équipe à l’image de la diversité au sein de la population, mais aussi parce qu’ils offrent des atouts indéniables à toute organisation, notamment grâce à leur regard nouveau.

« On a besoin du potentiel de tout le monde, de celui qui existe au-delà des groupes majoritaires, poursuit la titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance de l’Université de Montréal. Il faut aller chercher ce potentiel, car c’est une richesse ! [Ces travailleurs et ces travailleuses] permettent de découvrir comment on fait les choses ailleurs. »

Autrement dit, ces personnes ayant vécu à l’étranger sont en mesure de proposer de nouvelles méthodes de travail et de partager des idées innovantes, au plus grand bénéfice de leur employeur qui peut ainsi s’ouvrir à d’autres perspectives.

La firme de recrutement spécialisée dans le domaine des technologies de l’information, Astek Canada, est en mesure d’en témoigner. Puisqu’elle avait de la difficulté à dénicher de la main-d’œuvre francophone, elle a opté pour le recrutement international afin de trouver deux professionnelles en TI. « Elles nous ont apporté une grande ouverture d’esprit, une expertise et un savoir-faire. Elles étaient très autonomes et elles se sont bien adaptées au marché du travail québécois. L’expérience a été très positive pour nous », relate avec enthousiasme le vice-président Opérations d’Astek Canada, Nicolaas Loerakker. Il ajoute que ces recrues ont insufflé un vent de fraîcheur dans l’équipe en proposant, notamment, de nouvelles méthodes de travail.

Une question d’équité

Recruter des travailleurs originaires d’un autre pays représente aussi une obligation morale pour les entreprises, d’après la professeure de l’Université de Montréal. « Le Canada est un pays d’immigration, et les personnes sont évaluées avant d’arriver en fonction de leurs compétences. Malgré tout, le chômage des personnes immigrantes est plus élevé que celui des personnes natives d’ici. Le potentiel des personnes qui arrivent continue donc d’être sous-utilisé. »

Pour preuve, en 2020, le taux de chômage des personnes nées à l’étranger s’élevait à 10,7 % au Québec, mais il atteignait 16,6 % pour celles qui ont immigré dans la province il y a cinq ans ou moins, selon l’Institut de la statistique du Québec. Dans l’ensemble de la population, le taux de chômage se situait alors à 8,9 %.

Et si ces gens ayant décidé de s’établir au Québec occupent un emploi, il ne correspond pas nécessairement à leur domaine d’études. C’est le cas d’environ 39 % des personnes issues de l’immigration résidant à Montréal, d’après le Baromètre Écho 2020 de la Ville de Montréal sur l’inclusion des personnes immigrantes.

Pour aider ces travailleurs et ces travailleuses qualifiés à trouver leur place dans le marché du travail au Québec, plusieurs programmes ont été lancés. Dans le cadre du projet Maillon Techno, mis en place par TECHNOCompétences et Services Québec, des maillages sont créés entre des organisations à la recherche de main-d’œuvre et des personnes issues de l’immigration ayant une formation ou une expérience pertinente dans les TIC.

Le gouvernement du Québec offre pour sa part des mesures de soutien aux entreprises par l’entremise de programmes tels que le Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME). Il favorise en plus le rehaussement des compétences et les réorientations de carrières dans le domaine des TIC, avec le Programme de formation de courte durée (COUD) et le Programme pour la requalification et l’accompagnement en technologie de l’information et des communications (PRATIC).

« À partir du moment où l’on encourage les gens à s’installer ici parce qu’on a besoin d’eux à cause du vieillissement de la population et de la pénurie de main-d’œuvre, la notion d’équité reste centrale : les embaucher est aussi un devoir », insiste Tania Saba.

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