La rareté de main-d’œuvre frappe toutes les entreprises, quel que soit leur chiffre d’affaires. Les PME disposent cependant de moins de ressources pour remporter la course aux talents, particulièrement dans le secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), où la demande de professionnels a explosé pendant la pandémie de COVID-19.

Pas moins de 84 % des petites et moyennes entreprises du Québec indiquaient en août 2021 avoir besoin de plus d’expertise en matière de TIC, mais 67 % éprouvaient de la difficulté à recruter des spécialistes, ce qui compromettait leur croissance, selon un sondage mené par la firme KPMG auprès de 505 têtes dirigeantes.

La jeune pousse MySmartJourney fait partie de ces organisations en quête de travailleurs formés en TIC. La spécialité de son équipe, qui compte une douzaine de professionnels, est de concevoir des outils numériques conviviaux destinés à des parcours touristiques ou culturels.

« Recruter du nouveau personnel, c’est vraiment laborieux, rapporte la fondatrice et présidente-directrice générale de MySmartJourney, Isabelle Lopez. Travailler dans une startup, c’est très engageant. Les gens doivent être allumés et ambitieux. La cohésion de l’équipe est très importante. »

Du soutien pour recruter du personnel d’origines diverses

Ayant elle-même vécu à l’étranger, Isabelle Lopez est sensible au sort des personnes immigrantes qui cherchent à intégrer le marché du travail. Elle souhaite en recruter, mais puisque son entreprise est encore petite, elle ne peut pas s’appuyer sur un service des ressources humaines.

C’est pourquoi elle a inscrit MySmartJourney au programme Maillon Techno, mis sur pied par TECHNOCompétences, le comité sectoriel de main-d’œuvre en TIC, en collaboration avec Services Québec, et qui propose de faire des maillages entre des organisations montréalaises à la recherche de personnel et des professionnels des TIC d’origines diverses. En outre, ce programme offre de l’accompagnement pendant le recrutement et l’intégration de ces nouveaux talents.

« C’est compliqué de trouver des candidats. Avec les CV que nous avons reçus de TECHNOCompétences, au moins, on a pu mener un processus d’embauche », dit Isabelle Lopez. Après le processus de candidature achevé, elle a mené quelques entrevues. L’une des personnes rencontrées a été accueillie dans les bureaux de MySmartJourney pendant deux jours pour voir si elle était en mesure de s’intégrer à l’équipe. Au bout du compte, elle a été embauchée.

La diversité : un défi ou un atout ?

Au Québec, les PME emploient 72 % des professionnels des TIC au Québec, selon le Diagnostic sectoriel 2021-2024 de TECHNOCompétences. Les autres travaillent au sein de grandes organisations, qui comptent plus de 500 employés. Le tiers de cette main-d’œuvre qualifiée est née à l’extérieur du Canada.

La chargée de projet de TECHNOCompétences qui pilote le programme Maillon Techno, Marie-Christine Bergevin, convient que, pour une PME, recruter un professionnel immigrant peut représenter un défi. « Cela demande beaucoup d’énergie d’intégrer une personne qui a vécu des expériences différentes et qui parle une autre langue, explique-t-elle. Mais si elle croit en une diversité culturelle et inclusive, cela fait toute une différence. »

Les entreprises qui font ce choix peuvent recevoir des aides financières, comme le Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME) et la Subvention salariale, pour obtenir du soutien et donner des formations d’appoint à leur nouvelle recrue.

La diversité représente d’ailleurs un atout pour les organisations. Celles qui embauchent du personnel de différents horizons offrent des milieux de travail plus motivants, plus stimulants et donc plus performants, d’après 69 % des millénariaux interrogés au cours d’une étude réalisée en 2018 par la firme Deloitte dans 36 pays.

Isabelle Lopez est on ne peut plus d’accord. « On a vraiment du succès avec des gens de plusieurs origines qui ont chacun leur histoire et qui apportent de nouvelles idées », affirme-t-elle.

Recruter des personnes ayant un bagage différent peut ainsi s’avérer bénéfique pour la croissance des PME.