Début d'un sommet Biden-Poutine tendu à Genève

Publié le 16/06/2021 à 08:39

Début d'un sommet Biden-Poutine tendu à Genève

Publié le 16/06/2021 à 08:39

Par AFP

Le président russe Vladimir Poutine et le président américain Joe Biden se sont serré la main avant le début de leur réunion. (Photo: Getty Images)

Joe Biden et Vladimir Poutine se sont serré la main mercredi au début de leur premier sommet à Genève, qui doit apaiser les tensions entre les deux pays et peut-être dégager quelques rares terrains d'entente.

Fidèle à sa personnalité, le président américain s'est tourné le premier vers son homologue russe et lui a tendu la main. Vladimir Poutine l'a brièvement serrée, avant que les deux hommes ne rentrent dans la belle bâtisse du XVIIIe siècle qui va accueillir leurs discussions.

«J'espère que notre réunion sera productive», a dit le président russe, en remerciant Joe Biden d'avoir pris l'initiative de la rencontre.

Homme de contact, Joe Biden a souligné qu'«il est toujours mieux de se rencontrer en tête-à-tête».

Les deux hommes étaient arrivés à quelques minutes d'intervalle, accueillis par le président suisse Guy Parmelin qui leur a souhaité bonne chance.

Malgré ce geste — devenu rare depuis le début de la pandémie de COVID-19 — les discussions s'annoncent âpres et tendues.

 

Contraste avec Trump

Le 46e président américain a adopté un ton résolument ferme ces derniers jours à l'égard de l'homme fort du Kremlin pour mieux marquer le contraste avec les atermoiements et les ambiguïtés de son prédécesseur républicain, Donald Trump.

Joe Biden a promis de dire à Vladimir Poutine quelles sont «ses lignes rouges». «Nous ne cherchons pas un conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités», a-t-il déclaré lundi à la fin du sommet de l'OTAN à Bruxelles.

Près de cinq mois après son arrivée au pouvoir, Joe Biden joue gros. Même si la Maison-Blanche n'a eu de cesse de souligner qu'il ne fallait attendre aucune percée spectaculaire, le président, âgé de 78 ans, sait qu'il a l'occasion de peaufiner son image de fin négociateur à Genève.

La ville a déjà accueilli le premier face-à-face entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985, qui avait marqué le début du dégel de la Guerre froide.

«Je suis toujours prêt», avait répondu mardi à son arrivée le président américain, interrogé sur son état d'esprit avant ce rendez-vous scruté avec attention à travers le monde.

Le président russe peut faire valoir une longue expérience: il a déjà côtoyé quatre autres présidents américains depuis son arrivée au pouvoir fin 1999.

 

Négociation jusqu'au plus petit détail

Nombre d'experts s'accordent à dire qu'il a déjà obtenu ce qu'il désirait le plus: la tenue du sommet comme illustration de l'importance de la Russie sur la scène mondiale.

Dans un entretien à la chaîne américaine NBC, il a dit espérer que le président démocrate se montre moins impulsif que son prédécesseur républicain. Mais il a aussi saisi l'occasion pour souligner combien Donald Trump était, selon lui, un homme «talentueux».

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, qui participera aux discussions russo-américaines au format élargi, a résumé la position de Moscou: «La partie russe a fait le maximum pour que le sommet soit positif et soit couronné des résultats qui permettront d'empêcher une détérioration ultérieure des relations bilatérales», dans une déclaration à l'agence de presse RIA Novosti.

Les discussions devraient durer entre quatre et cinq heures, mais les deux hommes n'ont pas prévu de manger ensemble. Tout au plus auront-ils des rafraîchissements, du café et du thé livrés par le restaurant voisin.

Au programme: une rencontre en format réduit (les présidents américain et russe ainsi que les chefs de la diplomatie américaine et russe, Antony Blinken et Sergueï Lavrov), avant une séance de travail élargie.

Signe d'une certaine tension, tous les détails pratiques ont été minutieusement négociés — le mobilier, les pauses café, les écouteurs —, et ce, jusqu'à la dernière minute, avoue une responsable du protocole de la ville sur la radio publique. Chaque délégation a le même nombre de pièces et de mètres carrés. «Heureusement la Villa est parfaitement symétrique», explique Marion Bordier Büschi.

 

Sujets de discorde 

Seul point de convergence entre la Maison-Blanche et le Kremlin: les relations entre les deux pays sont au plus bas.

Pour le reste, les sujets de discorde sont nombreux et les discussions s'annoncent difficiles, en particulier sur l'Ukraine et la Biélorussie.

L'une des questions les plus sensibles est celle de la désinformation en ligne et des attaques informatiques.

Au-delà de la tentative d'ingérence dans l'élection de 2016 au profit de Donald Trump, des cyberattaques massives ont récemment agacé Washington. SolarWinds, Colonial Pipeline, JBS: autant d'opérations imputées à Moscou, ou à des groupes de cyberpirates basés en Russie.

La Russie, qui a toujours démenti, accuse Washington de s'immiscer dans ses affaires en soutenant l'opposition ou en finançant organisations et médias critiques du Kremlin.

«Nous avons été accusés de toutes sortes de choses», mais «pas une seule fois, ils n'ont pris la peine de produire la moindre preuve», a lancé le président russe cette semaine.

 

Navalny 

La ville est sous haute sécurité et plusieurs blindés à roues patrouillent dans les rues quasiment désertes malgré une météo splendide. 

Une manifestation de soutien à l'opposant Alexeï Navalny, aujourd'hui emprisonné après voir failli mourir d'un empoisonnement qu'il accuse le Kremlin d'avoir fomenté, n'a attiré qu'une poignée de personnes mardi.

Mardi, depuis Bruxelles, Joe Biden avait lancé un avertissement très clair au sujet du célèbre opposant.

La mort de Navalny «serait une tragédie», a-t-il dit. «Cela ne ferait que détériorer les relations avec le reste du monde. Et avec moi».

Dans ce contexte, les attentes, à Washington comme ailleurs, sont limitées.

«Le sommet de Genève n'a pas pour objectif un nouveau départ ou une percée spectaculaire. Il s'agit d'essayer de mieux gérer une relation difficile qui le restera pour un moment», estime Steven Pifer, du centre de réflexion Brookings.

 

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