Une usine cyberphysique pour démystifier les technologies


Édition du 25 Mai 2022

Une usine cyberphysique pour démystifier les technologies


Édition du 25 Mai 2022

Par Philippe Jean Poirier

Geneviève Lefebvre et Lyne Dubois, respectivement directrice de la transformation numérique et vice-présidente du CRIQ (Photo: courtoisie)

TRANSFORMATION NUMÉRIQUE. À la fin du mois de mai, le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) d’Investissement Québec rouvrira les portes de son usine cyberphysique aux entreprises. Après deux ans de formation à distance, les dirigeants du CRIQ ont voulu marquer le coup en invitant Les Affaires dans ses locaux du siège social de Montréal. Visite d’un lieu ayant servi, nous dit-on, de bougie d’allumage ou d’inspiration à plusieurs projets de transformation numérique. 

D’abord, une mise en garde. Les chefs d’entreprise qui s’attendent à visiter une usine-école grandeur nature seront momentanément déçus en arrivant sur les lieux. Au bout d’un corridor anonyme, le comité d’accueil du CRIQ nous invite à entrer dans une salle de classe somme toute banale, meublée de quelques longues tables et d’un projecteur. C’est tout au fond — dans la deuxième section de la salle — que la magie opère. 

Une chaîne de montage entièrement robotisée propose un parcours de production savamment guidé par une puce RFID (Radio Frequency Identification Device) à travers plusieurs stations et carrousels, pour franchir des étapes d’assemblage de pièces, de fabrication de circuits microélectroniques, de contrôle de qualité effectué par une caméra intelligente, d’emballage de produit et de réapprovisionnement de la chaîne de montage par un sympathique robot sur roues, muni d’un plateau de desserte.

Lyne Dubois, vice-présidente du CRIQ, nous explique la genèse du projet. « Lorsque nous avons fait l’acquisition de nos deux unités de production (le CRIQ possède une usine cyberphysique à Montréal et un laboratoire d’impression 3D à Québec) en 2016 et 2017, il n’existait pas vraiment de formation au cégep et à l’université pour aider les fabricants à comprendre et à s’approprier les technologies liées à la transformation numérique. Nous avons créé ces lieux et monté des ateliers afin de rendre cela concret pour eux et les aider dans leur réflexion. »

Geneviève Lefebvre, directrice de la transformation numérique du CRIQ, constate que les entreprises n’ont pas toujours une idée claire de la marche à suivre lorsque vient le temps de lancer un projet. « Un commentaire qui revient souvent de la part des entreprises est que l’entrée en production représente pour elles une boîte noire. En venant ici, elles peuvent démystifier quels types de technologie peuvent leur amener de la visibilité et de la traçabilité dans leurs opérations. Aujourd’hui, les clients veulent savoir où est rendu leur produit et à quelle étape de production. »

La formation du CRIQ dure une journée; elle peut être donnée à un comité de direction qui désire mieux comprendre le potentiel d’une transformation numérique ou encore directement à des gestionnaires responsables d’un projet 4.0 dans leur entreprise.

 

Une visite qui donne des idées 

En 2018, l’équipe de direction de Cascades Groupe Produits spécialisés (Cascades GPS) est venue suivre un atelier de sept heures. « Pour certains d’entre nous, l’objectif était de faire une mise à jour de nos connaissances, explique Pascale Vachon, directrice de l’efficacité opérationnelle de Cascades GPS. Pour ceux qui sont moins en contact avec la fabrication, comme les responsables RH ou des ventes, l’idée était de leur montrer à quoi peut ressembler le futur et leur donner des idées d’innovation. »

À l’époque, la section des produits spécialisés de Cascades était en pleine réflexion stratégique et s’apprêtait à renouveler un large pan de son parc machine désuet à bien des égards. Depuis, Cascades GPS a automatisé les étapes d’emballage et de palettisation dans certaines de ses usines. La direction a acheté une quarantaine de casques de réalité virtuelle et augmentée HoloLens, pour lesquels 200 employés ont été formés, et 100 licences ont été activées dans le but de faire du recrutement, de la formation et de la maintenance de machines à distance.

« Si la haute direction n’avait pas fait la visite de l’usine cyberphysique et si elle n’avait pas été mise en contact avec les nouvelles technologies, elle n’aurait peut-être pas eu cette vision-là de saisir les occasions offertes par la transformation numérique », fait valoir Pascale Vachon. La directrice de l’efficacité opérationnelle dit avoir beaucoup d’écoute de la part de la direction sur tous les sujets qui touchent la transformation numérique. « Cette attitude nous permet d’être plus agiles et plus rapides dans l’adoption des solutions visant à améliorer notre efficacité. » De plus, la veille technologique occupe aujourd’hui une plus grande place au sein de l’entreprise — qui rencontre régulièrement de jeunes pousses pour se garder au fait des dernières innovations. Voilà une visite qui aura porté ses fruits.

 

 


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