Le virage du tourisme durable, un pas à la fois


Édition du 12 Avril 2023

Le virage du tourisme durable, un pas à la fois


Édition du 12 Avril 2023

Par Claudine Hébert

Grâce à des politiques d’écoconditionnalité Éco Palais, le Palais des congrès offre, depuis un an, une réduction allant jusqu’à 10 % des frais de location de salles aux organisations qui adoptent des mesures vertes pour la tenue de leur événement. (Photo: courtoisie)

TOURISME D'AFFAIRES ET D'AGRÉMENT. Au Québec, plusieurs centres de congrès, établissements hôteliers et attractions touristiques se dotent de plans d’action afin de proposer aux organisateurs et aux participants un environnement écoresponsable lors des événements tenus chez eux. Bien que les retombées de ces initiatives soient encore marginales, les gestionnaires qui investissent et font l’effort de « verdir » leur offre soutiennent qu’ils disposent d’un élément clé concurrentiel par rapport à leur compétition.

Daniel Lagueux, directeur des opérations et des ventes Centrexpo Cogeco Drummondville, fait partie de ces gestionnaires d’espaces congrès qui militent en faveur du tourisme d’affaires écoresponsable. Depuis mars 2022, son établissement détient la plus haute reconnaissance jamais accordée à un centre de congrès au Québec : la certification Élite du programme ICI on recycle + de Recyc-Québec. Seulement une trentaine d’entreprises québécoises, tous secteurs confondus, bénéficiaient de cette attestation en date du 1er mars dernier.

« L’exercice pour obtenir cette certification a été très demandant », reconnaît toutefois ce dirigeant. Il soutient que remplir les documents requis, échanger avec les responsables de Recyc-Québec et mettre en place les diverses mesures exigées pour l’obtention de la plus haute reconnaissance (meilleure gestion des matières résiduelles, installation de fontaines…) a aisément représenté l’équivalent du salaire et du temps de travail d’un employé pendant au moins un an. « Le tout a été réalisé en pleine pandémie, ce qui n’a pas aidé », souligne le dirigeant qui a bénéficié d’un soutien de la part de la Société de développement économique de Drummondville tout au long du processus.

Les retombées, confie-t-il, ne sont pas non plus immédiates. Un an plus tard, c’est à peine un organisateur sur cinq qui s’informe sur les mesures écoresponsables offertes par l’infrastructure… et seulement un sur dix qui sélectionne les installations drummondvilloises en raison de sa certification, avise-t-il. Qu’à cela ne tienne, Daniel Lagueux a la conviction que son établissement navigue sur la bonne voie.

Même discours au Manoir Saint-Sauveur, qui peaufine son plan d’action d’événements écoresponsables depuis bien avant la pandémie. « Jusqu’à présent, nos efforts en développement durable se concrétisent par une demande d’organisateur sur dix exigeant des mesures écoresponsables pour leur événement », partage Carole Tétrault, directrice des ventes de l’établissement. Elle tient à préciser que son établissement détient le niveau 3 de l’organisme international Clé verte. Un processus qui a exigé près de 18 mois de travail.

Cette gestionnaire ne jette pas pour autant la serviette. « Nous savons que nous faisons bonne route. Nous assistons actuellement à un changement de génération et de mentalité au sein des organisateurs. Les jeunes trentenaires sont beaucoup plus sensibles dans leurs choix de destinations », observe-t-elle. Mieux vaut, dit-elle, être en avant de la parade que derrière.

 

Une fibre écoresponsable qui se développe

Si le facteur écoresponsable demeure encore marginal au sein des exigences des organisateurs qui fréquentent les régions de la province, il prend de plus en plus racine dans les deux villes du Québec qui accueillent le plus grand nombre d’événements d’affaires par année, soit Montréal et Québec.

Au Centre des congrès de Québec (CCQ), qui a tenu près de 200 événements de plus de 300 personnes en 2022, on note que la fibre écoresponsable fait désormais partie de la majorité des grandes entreprises et associations québécoises qui sélectionnent l’établissement. « La plupart d’entre elles ont d’ailleurs leur propre expert en développement durable qui travaille main dans la main avec notre équipe. En fait, ce facteur écoresponsabilité que doit afficher le CCQ est devenu aussi naturel que de fournir des chaises et des tables aux organisateurs », signale Ann Cantin, directrice des communications et de la mise en marché du CCQ.

Cette gestionnaire constate tout de même que la notion du tourisme d’affaires durable ne figure pas encore parmi les priorités des organisateurs d’événements de nature canadienne et américaine. « Nous leur offrons tout de même notre service d’accompagnement sans frais en plus de leur garantir le sceau niveau 1 du Bureau de normalisation du Québec en matière de gestion responsable d’événements », précise Ann Cantin.

 

Faire passer le message

Même constat du côté de Véronique Allard, chargée de la gestion du développement durable au Palais des congrès de Montréal. Son établissement a cependant trouvé le moyen de faire passer le message. Grâce à des politiques d’écoconditionnalité Éco Palais (achats et conférenciers locaux, embauche d’une brigade verte…), le Palais des congrès offre, depuis un an, une réduction allant jusqu’à 10 % des frais de location de salles aux organisations qui adoptent des mesures vertes pour la tenue de leur événement. L’équipe revoit également quelles sont les certifications écoresponsables qui lui seront le plus utile en fonction des marchés ciblés.

« Bien que la tâche s’annonce colossale, ce sont nos moyens de sensibiliser les organisateurs. Ce sont de petits gestes, de petits pas à la fois qui vont aider l’industrie à prendre le virage du tourisme durable pour de bon », dit-elle. D’ailleurs, conclut-elle fièrement, plus d’une organisation sur dix hors Québec s’est prévalue de l’offre de réduction au cours de la dernière année.

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