Un choix difficile entre la Chine et les États-Unis


Édition du 12 Août 2017

Un choix difficile entre la Chine et les États-Unis


Édition du 12 Août 2017

Par Alain McKenna

La ­Chine, avec 65,3 % des brevets académiques et 43,3 % des brevets industriels, est la locomotive incontestée du secteur des technologies propres.

Représentant la part du lion de l'investissement mondial dans les technologies propres, la Chine impose ses priorités et sa façon de faire, ce qui peut être une menace de taille pour les entreprises canadiennes, mais laisse aussi miroiter des occasions d'affaires particulièrement attrayantes.

Si on avait à décrire l'industrie des technologies propres en un mot, ce serait assez simple : «innovation». Son objectif, après tout, est de résoudre des enjeux environnementaux provoqués par l'activité humaine sans empêcher cette activité de se dérouler... Ça demande donc de créer de nouvelles façons de faire.

Pour mesurer le niveau d'innovation d'une entreprise, d'une industrie ou même d'un pays, il existe une méthode elle aussi plutôt simple : le nombre de brevets obtenus. C'est ainsi que l'OCDE mesure l'innovation des pays qui la composent.

S'accrocher à la locomotive chinoise

Quand on observe le nombre de brevets obtenus par pays dans les technologies propres, deux constats s'imposent. Le premier est que la Chine, avec 65,3 % des brevets académiques et 43,3 % des brevets industriels, est la locomotive incontestée du secteur. La seconde, à l'opposé, est que le Canada fait office de wagon de queue. Même s'il produit 3,1 % des publications scientifiques sur le sujet, le pays ne décroche que 0,7 % des brevets académiques et 1,1 % des brevets industriels du secteur. À titre comparatif, le poids démographique du Canada est de 2 % de l'ensemble de la planète.

«Le Canada et le Québec sont des innovateurs, assure Andrée-Lise Méthot, fondatrice et associée principale chez Cycle Capital Management, un fonds montréalais spécialisé dans les technologies propres. Cependant, quand vient le temps de créer des applications commerciales, on se fait dépasser par le reste de la planète, dont la Chine.»

C'est grave. Historiquement, la commercialisation de la recherche canadienne est un défi qui a rarement été surmonté, tous secteurs confondus. Les technologies propres composant une industrie hautement mondialisée, c'est un problème encore plus criant. «La propriété intellectuelle, c'est ce qui permet à une entreprise d'opérer partout sur la planète», résume Mme Méthot.

Se méfier de «l'effet Trump»

Une autre raison explique que la Chine soit le marché à conquérir pour les entreprises québécoises des technologies propres : le désengagement du gouvernement américain de ce secteur, qui réduit les occasions d'affaires chez nos voisins du sud. Ça en fait un marché moins attrayant, pour exporter des technologies, que l'empire du Milieu, qui a annoncé son intention de dépolluer massivement l'air, l'eau et le sol partout sur son territoire : en ville, à la campagne et entre les deux.

En imposant un cadre réglementaire strict, la Chine force pour ainsi dire les entreprises à innover, créant un effet d'entraînement plus attrayant pour l'industrie des technologies propres que les tergiversations américaines, encore coincées au stade de déterminer si les changements climatiques existent ou non.

«Pour négocier sur le climat avec les États-Unis, le premier ministre du Canada doit désormais s'adresser aux gouverneurs d'État plutôt qu'à l'administration fédérale. On n'a jamais vu ça avant. Ça change complètement la façon de mener des affaires», explique Ian Bremmer, un politologue américain influent.

Cela dit, opter pour la Chine comme marché potentiel comporte sa part de problèmes, nuance-t-il. «La mondialisation continue, mais elle est dorénavant poussée par plusieurs pays. Ce qui est en train de se produire, c'est que, si vous vous associez à un pays en particulier, vous ne pourrez pas faire des affaires avec les autres.»

En d'autres mots, il faut savoir placer ses pions, mais la récompense pourrait valoir le jeu. «Les entreprises qui auront compris ça le plus rapidement auront un avantage financier considérable», conclut Ian Bremmer.

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