Se lancer en affaires du bon pied

Publié le 08/10/2021 à 07:00

Se lancer en affaires du bon pied

Publié le 08/10/2021 à 07:00

Isabèle Chevalier, ex-PDG de la marque de probiotiques Bio-K+ International et actuelle dragonne dans l’émission de Radio-Canada. (Photo: courtoisie)

SE LANCER EN AFFAIRES. On ne se lance plus en affaires en 2021 comme en 2011, constatent les spécialistes du domaine. Les méthodes comme les outils ont radicalement évolué entre-temps. 

« Il y a une dizaine d’années, la Bible, c’était le plan d’affaires », se rappelle Déborah Cherenfant, directrice régionale du segment Femmes entrepreneures du Groupe Banque TD et présidente de la Jeune Chambre de commerce de Montréal. « On ne l’enseigne plus depuis plusieurs années, atteste Luis Cisneros, professeur titulaire au Département d’entrepreneuriat et d’innovation à HEC Montréal. C’est désormais juste un langage pour parler à des investisseurs, mais on ne le recommande pas. Tout simplement parce que, comme son nom l’indique, c’est un plan, et qu’on ne peut pas planifier une innovation. » 

Le canevas de modèle d’affaires leur semble un outil plus approprié au démarrage. Il résume le modèle économique en une page et neuf cases à remplir, ce qui permet d’avoir une vue globale sur l’avenir de la future entreprise. 

Actuellement, ce qui prime en matière de lancement, c’est avant tout l’approche client. « La première hypothèse à tester au démarrage d’une entreprise, c’est la désirabilité, note Luis Cisneros. Autrement dit, est-ce qu’il y a un marché, soit des personnes prêtes à payer pour ce que tu proposes ? La faisabilité et la rentabilité ne viennent qu’après, au fur et à mesure de la construction de l’équipe et des pivots nécessaires à affiner le modèle d’affaires. »

 

À la recherche de la rétroaction

« Mon conseil numéro un, c’est de plonger le plus rapidement possible pour enclencher une boucle de tests et de retours avec tes clients potentiels ; il ne faut pas chercher la perfection, mais la rétroaction », confirme Liette Lamonde, directrice générale de la Fondation Montréal inc. et de Bonjour Startup Montréal. Elle rappelle que l’un des grands risques est « de tomber en amour avec sa solution et de travailler longtemps dessus sans s’assurer qu’elle réponde à un réel besoin ». 

Le cofondateur de la plateforme conversationnelle Heyday – qui vient d’être vendue à Hootsuite pour 60 millions de dollars –, Steve Desjarlais, acquiesce. Il se souvient de ses débuts, quand il arpentait le centre-ville de Montréal avec ses associés. « On avait développé un prototype et on posait des questions aux passants, ce qui nous a permis de récolter des retours utilisateurs, qui nous ont amenés à développer le produit que l’on connaît aujourd’hui », raconte-t-il. 

« On n’est même pas obligé de construire un prototype, précise Luis Cisneros. Nous parlons plutôt de démonstration de proposition de valeur minimum. » Celui qui est également directeur scientifique du Pôle Entrepreneuriat de HEC Montréal donne l’exemple du service de stockage infonuagique américain Dropbox, qui a commencé avec une banale vidéo de quelques minutes présentant la solution qu’il envisageait. Cela fut suffisant pour mesurer le besoin : en une journée, 75 000 personnes s’étaient inscrites sur la liste d’attente de ce futur produit ! 

Ce type de démarche de confrontation au marché en accéléré est d’ailleurs directement inspirée de l’univers numérique, « mais valable pour tous types de projets », assure Liette Lamonde. Elle donne l’exemple d’une entrepreneure qui souhaitait confectionner des sacs à main de luxe. « On l’a amenée devant des boutiques qui en vendaient pour qu’elle puisse présenter son prototype aux personnes qui en sortaient, illustre la directrice générale. Juste en faisant ça, elle a énormément appris sur son marché. »

 

Pas de profil type

Isabèle Chevalier, ex-PDG de la marque de probiotiques Bio-K+ International et actuelle dragonne dans l’émission de Radio-Canada, insiste quant à elle sur la notion de vision. « Cela prend plus que juste une idée pour se lancer : avoir une vision, c’est savoir ce qu’on a vraiment envie d’accomplir, détaille-t-elle. Certes, on n’aura jamais toutes les réponses au début, mais il est important de bien comprendre l’intention derrière son entreprise. C’est sur cela que l’on va s’asseoir pour élaborer ses plans et ses modèles d’affaires. » 

Luis Cisneros est formel : tout le monde peut devenir entrepreneur. Selon les statistiques, venir d’une famille d’entrepreneurs, avoir une solide formation scolaire, disposer d’un vaste réseau ou encore détenir la citoyenneté canadienne constituent malgré tout des éléments facilitateurs. « Mais même si tout le monde ne part pas avec les mêmes chances, on voit que la réalité déjoue régulièrement les pronostics en matière d’entrepreneuriat », avance-t-il. 

Cependant, il reste encore du travail pour que l’écosystème soit plus diversifié et inclusif, admet le professeur. À ce sujet, il évoque le concept « d’escalier de glace », complémentaire au célèbre plafond de verre. « Imaginez un escalier extérieur recouvert de neige et de glace l’hiver, illustre-t-il. La montée de chaque marche constitue une aventure périlleuse. C’est l’équivalent de ce que doivent affronter toutes les femmes qui s’aventurent dans l’entrepreneuriat », a-t-il décrit dans la revue Gestion. Le mérite n’en est que plus grand quand elles arrivent en haut.

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