À quand l’expérience gestionnaire?


Édition du 15 Juin 2022

À quand l’expérience gestionnaire?


Édition du 15 Juin 2022

(Photo: 123RF)

HUMAINEMENT PROSPÈRE. La rareté de la main-d’oeuvre pousse les employeurs à fidéliser leurs salariés en offrant une excellente expérience employé. La semaine de quatre jours, les tracances… Et en plus de toutes ces mesures, il faut continuer à croître, les clients attendent, les délais s’allongent et la surcharge se dessine à l’horizon. Or, l’expérience employé ne réglera pas tout et nous fait oublier une chose importante:l’expérience gestionnaire.

Si vous n’avez jamais officiellement entendu parler de cette expression jusqu’à maintenant, c’est normal. L’expérience employé a fait couler beaucoup plus d’encre. Or, le gestionnaire n’y est pas explicitement inclus. Perçu comme un levier, il contribue plutôt à ladite expérience du groupe. Selon moi, il faut remédier au fait d’omettre les gestionnaires dans l’expérience et les y inclure définitivement.

Une étude du European Journal of Psychotraumatology portant sur la santé mentale des gestionnaires durant la pandémie de la COVID-19 a rapporté que 9,6 % des participants avaient vécu de l’anxiété de modérée à sévère, et que 10,7 % avaient vécu des états de dépression de modérée à sévère.

Le groupe de chercheurs Dagenais-Desmarais, Forest, Crevier-Braud, Bergeron et Girouard souligne dans la revue Gestion d’HEC Montréal que les gestionnaires sont des acteurs clés dans la satisfaction des besoins des employés. Ils doivent adopter des comportements et des attitudes qui favorisent le mieux-être au travail. S’ils montrent eux-mêmes des symptômes de problèmes de santé mentale, il leur sera difficile d’être à l’écoute des employés.

Un gestionnaire peut également souffrir d’insatisfaction, de manque de ressources, d’un climat toxique, de perte de sens, etc. Pire encore, il peut se sentir isolé entre la haute direction et son équipe. Qu’advient-il alors de la qualité des relations et du travail s’il se sent épuisé ou désorienté ?

 

Aligner les expériences

Si vous voulez améliorer l’expérience employé, misez aussi sur l’expérience gestionnaire. «L’expérience employé n’a de sens que si l’expérience gestionnaire est positive, selon Denis Tremblay, président d’Alliance Management. C’est un écosystème et tout doit être cohérent. L’expérience se traduit par ce que les gens ressentent, vivent, constatent et apprennent au travail. Elle doit être bien alignée vers l’expérience employé et vers la haute direction.»Alors, comment enrichir l’expérience gestionnaire ?

 

Impliquer

Le bien-être global peut devenir un projet commun où employés, cadres et haute direction unissent leurs talents. Il n’en résulterait donc pas simplement une «responsabilité»reposant sur les épaules d’un petit groupe.

 

Former

Un gestionnaire qui débute dans son poste peut malencontreusement commettre des erreurs qui auront des répercussions sur l’employé. Le salaire ne compensera pas longtemps pour un manque de respect ou une injustice, qu’elle soit intentionnelle ou non. Les plans de développement et la formation connaissent un franc succès auprès des gestionnaires.

 

Valorisation 360

La valorisation des compétences, qu’elle provienne des employés, de la haute direction ou du CA, doit aussi être promue auprès des gestionnaires, car elle contribue à une expérience agréable.

 

L’humain reste humain

L’expérience qu’offre un employeur ne doit pas se faire au détriment d’un groupe ni d’un statut. Il faut voir les membres de l’organisation comme étant importants, peu importe le rôle. Les mesures favorisant le bien-être ne peuvent pas uniquement être dirigées vers un petit groupe. C’est le «nous»qui compte.

Aujourd’hui, il n’est nullement question d’être «pro-boss» ou «pro-employé». Il s’agit d’être un «nous»équilibré, puis aligné. C’est le groupe qui réussira ensemble à surmonter les défis de ce monde du travail.

À propos de ce blogue

Jenny Ouellette, Adm.A. est la présidente et cofondatrice de BonBoss, une entreprise spécialisée dans les innovations en management, en culture et en stratégies de recrutement. Diplômée de l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal, elle développe diverses innovations pour aider les entreprises à «prospérer humainement». L’approche M.O.R.EMC ,le Culture Book© et le recrutement expérientielMC en sont des exemples. Jenny Ouellette cumule les distinctions depuis 2018: prix Nueva 2018 de Femmes Alpha et prix Leadership 2019 du Business Community 360. Depuis la fondation de sa seconde entreprise BonBoss, Jenny Ouellette agit comme conférencière et formatrice. Elle y partage les saines pratiques des gestions qui caractérisent ceux communément appelés: les bons boss. En 2019 et 2020, elle siège à la Table de dotation et gestion intégrée des talents de l’Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec. Elle est aussi membre du CA du Centre d’hébergement multiservice de Mirabel: un organisme qui a pour mission d’aider à soulager la pauvreté auprès des jeunes adultes en situation d’itinérance.

Jenny Ouellette
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