Le virage numérique se fait attendre

Publié le 04/11/2016 à 08:50

Le virage numérique se fait attendre

Publié le 04/11/2016 à 08:50

L’imprimeur Marquis lançait, en octobre 2016, la plateforme numérique Marquis Express, propulsée par l’européenne SoBook. Grâce à cette technologie exclusive à Marquis en Amérique du Nord, un éditeur peut faire imprimer ses livres à la demande, même un exemplaire à la fois.

Serge Loubier, président de Marquis, estime à environ 250 000 $ l’implantation de la plateforme et confie qu’il en coûte à peu près le même montant annuellement pour la faire fonctionner et l’entretenir. Le logiciel est branché sur l’usine numérique de Montmagny.

« L’industrie de l’imprimerie a changé, dit-il. Avant on achetait une presse que l’on payait pendant sept ans, et on l’utilisait pendant 15 ans ou plus. Maintenant, les presses numériques permettant d’imprimer à l’unité sont amorties en trois ans, mais sont souvent obsolètes après quatre ans. C’est la même chose avec les logiciels. Cela augmente la pression financière. »

Depuis cinq ans, l’entreprise de 400 employés a investi entre 12 et 15 M$ dans ses équipements et sa numérisation.

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Pourquoi ce retard ?

« Beaucoup de PME manufacturières en sont encore à leurs premiers balbutiements », déplore Sébastien Houle, directeur général de Productique Québec, le Centre collégial de transfert technologique (CCTC) du Cégep de Sherbrooke.

« C’est pourtant crucial pour augmenter la productivité, poursuit-il. Ne pas prendre le virage numérique, alors que de plus en plus de concurrents le font ici comme ailleurs, c’est comme entrer sur l’autoroute en roulant sous les 50 km/h. On va se faire dépasser rapidement. »

Souvent, le logiciel le plus avancé dont disposent ces entreprises est le tableur Excel. Environ 90 % des projets auquel le CCTC collabore concernent l’implantation d’un progiciel de gestion intégrée (ERP). Quelques autres portent sur l’installation de progiciels de gestion de la clientèle (CRM). La numérisation peut aussi signifier l’automatisation ou la robotisation.

Le grand défi est de choisir les bons produits. Pas simple lorsque les dirigeants de la PME connaissent peu le numérique. « Leur premier réflexe est de faire venir les vendeurs, explique Denis Marchand, directeur général d’Innovations Estrie. Or, le travail de ces derniers est de faire une vente. Avant de les appeler, il faut décortiquer ses propres besoins, actuels et futurs. Il y a une démarche à suivre. »

Sébastien Houle note que les entreprises qui exportent sont plus avancées dans le numérique. Les exigences des donneurs d’ordre les forcent à évoluer plus rapidement. Mais celles qui n’exportent pas auraient tort de ne pas se sentir concernées. Elles risquent de se faire doubler par la concurrence dans leur propre marché.

Une affaire de jeunes ?

Au Cefrio, Geneviève Lefebvre a constaté un fossé générationnel. « En dressant un portrait de la numérisation du secteur, on s’est rendu compte que toutes celles qui le faisaient avaient des dirigeants relativement jeunes, confie-t-elle. Il y a là un vrai facteur. Les dirigeants plus anciens sont moins friands du virage numérique, que ce soit parce qu’ils en voient peu l’utilité, maîtrisent moins ces technologies ou craignent de prendre des risques peu de temps avant de vendre leur entreprise. »

Pour les aider, il faut intervenir en amont de l’investissement, avant que les projets ne soient lancés. Le succès réside en grande partie dans l’identification des besoins, le choix des bonnes technologies et la planification. Cela passe par de l’information neutre, que les entrepreneurs peuvent aller chercher auprès du Cefrio ou d’autres acteurs comme le Centre de recherche industrielle du Québec, les Centres collégiaux de transfert technologiques ou des consultants.

« Ça peut paraître lourd investir dans un ERP, admet-elle. C’est coûteux, l’implantation n’est pas simple et il s’agit d’une innovation très transversale, affectant les façons de faire de toute l’entreprise. Mais il faut se lancer. La concurrence investit énormément là-dedans en Europe, aux États-Unis et ailleurs. Les donneurs d’ordre relèvent leurs exigences, notamment sur la collecte de données en temps réel. C’est vers là que le marché s’en va. »

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