Le démarrage et l’expansion d’entreprises continuent à mobiliser les régions

Publié le 15/10/2015 à 08:00

Le démarrage et l’expansion d’entreprises continuent à mobiliser les régions

Publié le 15/10/2015 à 08:00

Par Pierre Théroux

Il y a un an, le gouvernement du Québec semait la consternation chez les acteurs du développement économique local. L’annonce de coupures de 300 M $ aux municipalités du Québec, afin d’alléger les structures et réaliser des économies en cette ère d’austérité, allait signer l’arrêt de mort des 120 centres locaux de développement (CLD) du Québec.

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Cette décision, craignaient ces organisations allait surtout diminuer le soutien aux entrepreneurs qui souhaitent démarrer ou développer leur entreprise. Qu’en est-il aujourd’hui ?

« On est revenu dans nos vieux souliers qu’on portait avant la création des CLD, dans notre rôle d’accompagner les entrepreneurs dans leurs projets », constate Jean-Yves Poitras, commissaire industriel de la Corporation de développement industriel et commercial de la région de Val-d’Or (CDIVD), qui sert désormais de porte d’entrée pour les plus petits entrepreneurs et leurs projets.

La fermeture du CLD de la Vallée-de-l’Or en avril 2015 a entraîné le partage des services d’aide à l’entrepreneuriat entre la CDIVD, la Corporation de développement économique de Senneterre et la Société de développement économique de Malartic. Ces dernières années, la CDIVD concentrait ses efforts dans le développement du parc industriel et des grandes entreprises.

Un plus grand portrait d’ensemble

Maintenant, « on appuie aussi les plus petites entreprises et celles en démarrage », souligne M. Poitras, en précisant qu’elles n’y perdront pas au change. « On collaborait avec le CLD, mais nous n’étions pas toujours au courant de tous leurs projets. Maintenant, nous avons un plus grand portrait d’ensemble et des projets de promoteurs pourraient s’arrimer avec ceux de grandes entreprises », indique M. Poitras.

D’autres organisations de développement économique assurent que les activités suivent leur cours normal. « Il y a eu une réorganisation, et des pertes d’emplois, mais on continue à s’occuper du développement économique et de l’entrepreneuriat », affirme Luc Arvisais, responsable de la division de développement économique de la Ville de Shawinigan, qui agissait auparavant à titre de directeur général au CLD Shawinigan.

Dans la région du Bas-Saint-Laurent, la MRC de Rimouski-Neigette a aussi mis fin aux activités de son CLD et déléguer le mandat de développement économique à la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER). Or, « la roue économique continue de tourner. », assure son directeur général Martin Beaulieu.

Même son de cloche à la MRC de L’Assomption qui a pour sa part conservé son CLD, pour l’instant. « On offre sensiblement les mêmes services », dit Olivier Goyet, directeur général du CLD de la MRC de L’Assomption, en précisant que la MRC a « choisi d’attendre, de prendre le temps de bien analyser l’effet des coupures », avant de décider de l’avenir du CLD.

Aide financière maintenue ?

Les 120 CLD répartis sur l’ensemble du territoire québécois répondaient à quelque 30 000 demandes d’aide annuellement. L’accompagnement des entrepreneurs par ces organisations prenait diverses formes. Environ 80 % de leur travail tournait autour de l’accompagnement technique, notamment des conseils en matière de démarrage et d’expansion d’entreprises, de l’aide à l’élaboration d’un plan d’affaires ou encore des renseignements sur les sources de financement possibles et les programmes d’aide financière disponibles. L’autre 20 % prenait la forme d’un accompagnement financier. Depuis leur création en 1998, plus de 600 M$ ont été investis en aide directe aux entreprises, que ce soit pour soutenir le démarrage, l’expansion ou le transfert d’entreprises.

Or, les entreprises ou les promoteurs de projets bénéficieraient du même service ou soutien financier. « Les coupures se sont surtout fait sentir au niveau administratif, pour des postes de secrétaire, réceptionniste ou comptable par exemple. On fait tout pour que les entrepreneurs ne soient pas pénalisés », souligne M. Beaulieu, en soulignant que la SOPER a embauché huit personnes, parmi lesquels du personnel de l’ancien CLD qui en employait une douzaine. « Ça nous a permis de garder et d’arrimer des expertises ». La division de développement économique de la Ville de Shawinigan a aussi recruté six personnes, dont trois employés du CLD. « C’est un mélange de gens d’expérience et de sang neuf », commente M. Arvisais, qui était déjà un employé municipal prêté au CLD.

Nouveaux appuis

Les organisations de développement économique peuvent toujours compter sur les Fonds locaux d’investissement (FLI). Ces fonds, qui permettaient aux CLD d’octroyer un soutien financier sous forme de prêts ou de garantie de prêt, ont été transférés aux MRC dans leur totalité. Les CLD offraient aussi de l’aide financière sous forme de subventions non remboursables. Or, ces sommes dédiées au Fonds Jeunes promoteurs et Fonds d’économie sociale ne sont plus disponibles puisqu’elles provenaient du budget d’opérations des CLD. Les entrepreneurs qui profitaient de ces fonds ne sont pas pour autant laissés pour compte.

« Nous continuons à soutenir ces projets, par l’entremise entre autres des FLI dont on a assoupli certaines modalités de prêts », fait valoir M. Arvisais, en précisant que les jeunes entrepreneurs ont aussi accès à d’autres modes d’appui et de financement. Il cite en exemple le Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins, créé en 2012 à Shawinigan, qui offre des services d’aide, d’incubation et de formation. Ou encore le Chantier de l’économie sociale qui offre des services et du financement adaptés aux entreprises d’économie sociale.

De toutes manières, « ce n’est pas le poids d’une subvention qui devrait être essentiel au démarrage ou à la survie d’une entreprise. Un projet d’entreprise bien préparé et solide réussira à trouver du soutien financier », estime M. Goyet.

Martin Beaulieu et son équipe de la SOPER ont de leur côté fait la tournée d’autres intervenants économiques de la région, notamment les institutions financières, des firmes comptables ou encore le Fonds FTQ. « Nous voulions leur expliquer notre nouveau mode de fonctionnement, solliciter leur soutien et aussi recueillir leurs commentaires », dit-il. La réponse, précise-t-il, est encourageante.

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