" Groupe CGI n'est pas à vendre "

Publié le 21/11/2009 à 00:00

" Groupe CGI n'est pas à vendre "

Publié le 21/11/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Serge Godin, président exécutif du conseil de Groupe CGI, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires qui a eu lieu le 12 novembre, à Montréal. Nous avons rencontré M. Godin et Michael Roach, président et chef de la direction, après la conférence.

L'industrie des technologies de l'information connaît une nouvelle vague de fusions et acquisitions. En quelques mois, Hewlett-Packard a offert d'acquérir tour à tour EDS et 3Com. Dell a mis la main sur Perot Systems, et Oracle, sur Sun Microsystems.

La question de l'heure qui brûle toutes les lèvres, même celles des employés de CGI est celle-ci : le Groupe CGI est-il à vendre ? Serge Godin, fondateur et président exécutif du conseil, a été absolument catégorique : non.

M. Godin a d'ailleurs intitulé son allocution " Conçu pour durer " et souligné que l'action de CGI procure un rendement annuel composé de 34 % depuis 15 ans : " Si, comme investisseur, vous vendiez vos actions de CGI dans le cadre d'une offre d'achat, vous pourriez faire un gain rapide de 25 à 30 %. Nous disons aux investisseurs que nous sommes en mesure de leur donner un tel rendement, pas une seule fois, mais sur une longue période."

Figurant parmi les 10 impartiteurs informatiques les plus importants du monde, CGI se voit encore comme un acquéreur dans une industrie qui a connu au moins 10 000 transactions depuis 1986. Pourtant l'achat de la perle rare se fait attendre. La dernière acquisition d'envergure de CGI, qui dispose pourtant d'importantes ressources financières, remonte à 2004. La firme avait alors mis la main sur l'américaine AMS, au coût de 536 millions de dollars.

Les Affaires - Pour doubler vos revenus d'ici cinq ans, il vous faudra certainement conclure une acquisition d'envergure ?

Serge Godin - Toute acquisition dans nos marchés ciblés, soit les États-Unis et l'Europe, d'une entreprise ayant des revenus de 400 millions de dollars, accroîtrait nos revenus de 10 %. Si nous réalisons quatre acquisitions en cinq ans, en théorie, notre objectif serait atteint. Il ne faut pas oublier que nous avons déjà intégré 70 entreprises depuis 1986.

Le message est clair : nous examinons toutes les occasions, les moyennes comme les grandes entreprises.

L.A. - Les acquisitions annoncées au cours des derniers mois ont fait grimper la valeur marchande de tous les acteurs de l'industrie. Est-ce que le gonflement du prix des proies potentielles vous désavantage ?

S. Godin - On aurait pu le penser, mais ce n'est pas le cas. Pendant la crise, plusieurs entreprises s'étaient retirées du marché [n'étaient plus en vente] justement parce que les prix offerts étaient trop bas. Elles ont préféré attendre le retour de conditions plus normales dans le marché des capitaux.

Aujourd'hui, avec la remontée boursière, leurs dirigeants peuvent espérer obtenir un prix plus convenable pour leur entreprise. Ça pourrait faire bouger les choses pour des entreprises que nous avions déjà ciblées.

L.A. - En d'autres termes, vous seriez prêts à payer le prix plus élevé que le vendeur exigerait aujourd'hui ?

S. Godin - Pour nous, l'important est que l'entreprise acquise améliore notre bénéfice par action dès la première année. Du moment que ce critère est atteint, nous pouvons passer à l'action.

L.A. - Vous faites valoir que vos marges bénéficaires nettes et vos flux de trésorerie ont atteint un niveau record pendant l'exercice 2009. Toutefois, vos revenus étaient en baisse pour la première fois depuis deux ans. Devrait-on s'en inquiéter ?

Michael Roach - En fait, si on élimine l'effet négatif de la baisse du dollar américain et l'effet plus prononcé que d'habitude de la pause estivale, nos revenus ont crû de 2,2 %, au quatrième trimestre. C'est nettement plus élevé que dans l'ensemble de notre industrie. Tous les acteurs doivent travailler très fort pour accroître leurs revenus.

L.A. - L'ère du " Big government " du président Obama et son plan de relance sont des occasions d'affaires pour votre filiale américaine. Cependant, plusieurs observateurs disent que les fonds publics sont dépensés plus lentement que prévu. En souffrez-vous ?

M. Roach - Nous ressentons un peu l'effet de ces délais à court terme. Toutefois, le président Obama investit à long terme dans des secteurs porteurs pour nous. L'environnement est important parce que l'agence américaine de protection de l'environnement est un important client pour nous. La même chose pour le secteur de la santé. Le président Obama exige aussi plus de transparence dans la gestion des fonds publics. Le gouvernement fédéral et 44 États font déjà partie de nos clients.

L.A. - Vous avez remboursé toutes vos dettes depuis trois ans. Vous avez aussi accès à un financement bancaire de 1,7 milliard de dollars à un taux de 1 % pour réaliser des acquisitions. Songez-vous à instaurer un dividende pour mettre en valeur vos flux de trésorerie excédentaires ?

S. Godin - Le conseil va encore se pencher sur cette question, comme il le fait chaque année. Il est plus important pour nous d'avoir les moyens d'être un acquéreur dans la consolidation de notre industrie.

À l'assemblée de janvier, nous allons présenter à nos actionnaires une analyse du rendement que procure chaque tranche de 100 millions de dollars investie par l'entreprise dans sa croissance interne, les acquisitions, le remboursement de dette et les rachats d'actions. En attendant de réaliser l'acquisition recherchée, nous avons racheté 30 % de nos actions depuis 2006, au prix moyen de 9 $. C'est excellent pour notre bénéfice par action.

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