Les entreprises allergiques à la prise de risque

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Novembre 2014

Les entreprises allergiques à la prise de risque

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Édition du 29 Novembre 2014

La forte correction récente des indices boursiers a encore une fois inquiété les entreprises gestionnaires d’un fond de retraite. Mais plusieurs, à l’image de Bombardier, sont restées sereines, car elles se sont protégées depuis quelques années déjà contre les aléas des marchés financiers.

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Bombardier a connu jusqu’à trois milliards de déficit de ses régimes de retraite à prestations déterminées. L’entreprise a injecté 500 millions de US$ par an sur les deux dernières années. L’embellie des marchés en 2012 et 2013 a également permis d’améliorer la situation : le déficit des régimes de retraite capitalisés était de 927 millions $ US au 31 décembre 2013.

Mais pas seulement : dès la moitié des années 2000, le fleuron québécois avait entrepris une révision en profondeur de ses régimes, ce qui « nous a aidés à faire face aux deux crises de 2008 et 2011», se réjouit Paul Michaud, directeur, Régimes de retraite, avantages sociaux et mobilité. L’objectif premier de cette réforme : diminuer les risques de gestion et assurer la pérennité des régimes de retraite.

Plusieurs mesures ont été prises pour sécuriser les régimes, dont le taux de solvabilité est aujourd’hui de 90 %. C’est, depuis, une tendance lourde dans les régimes des entreprises privées. D’abord, le taux de placements en actions qui était de 80% est tombé à 50 %, une manière d’être moins vulnérable aux aléas boursiers alors que les rendements ont été très bas dans les dernières années.

L’entreprise a préféré investir d’une part dans un portefeuille obligataire de longue durée et dans des placements alternatifs (immobilier, infrastructures), «qui représentent 10 % de nos actifs actuellement et qui s’avèrent être d’excellents placements», observe Richard Neault, vice-président, Gestion des caisses de retraite de Bombardier.

Des placements plus stables et plus prudents

Ces dernières années, à l’instar de Bombardier, les entreprises qui avaient des régimes de retraite ont revu leur stratégie de façon à mieux gérer les risques que représentent les bas taux d’intérêt, l’allongement de l’espérance de vie, les départs massifs des baby-boomers à la retraite et les aléas de la Bourse faisant varier trop fortement les rendements. Les solutions trouvées par le constructeur sont peu ou prou celles choisies par de nombreuses entreprises même s’il a été, selon lui, «précurseur» de ces décisions.

Le choix de faire des placements plus prudents est salué par les experts. «Il faut un compromis entre les coûts et les risques, souligne Benoit Hudon, associé au sein du groupe Régimes de retraite de Mercer. C’est sûr que l’obligation est bien adaptée au besoin de versements garantis pour la retraite, mais les rendements sont très bas. La tendance est de migrer vers les obligations à long terme, ce qui représente un meilleur appariement par rapport aux obligations à court terme, qui étaient privilégiées avant. »

Enfin, les entreprises sont échaudées par des décennies de hauts et de bas boursiers à l’instar de ces derniers mois : si 2013 a été une année record redonnant du souffle aux régimes de retraite, les dernières semaines ont été plutôt difficiles sur les marchés boursiers.

Afin de ne plus avoir à gérer ce risque, les entreprises cherchent à le transférer à des tiers. C’est ainsi qu’environ un milliard au Canada ont été transférés aux assureurs qui se chargent de verser les rentes aux retraités et d’en assumer le risque. «La tendance prend de l’ampleur : fin septembre, le niveau déjà record de 2013 -2,2 milliards transférés- avait été atteint, observe Benoit Hudon. On s’attend à ce que ça double ou triple dans les prochaines années.»

Dans le même esprit, une solution émerge, mais pourrait, selon Benoit Hudon, croître rapidement : l’assurance longévité. «Le produit, qui vient du Royaume-Uni très en avance sur ces questions, consiste à faire protéger le régime de retraite par un assureur qui se chargera des paiements à faire au-delà de l’espérance de vie pour les personnes qui vivent plus longtemps. Ce produit est disponible au Canada et des régimes de retraite commencent à s’y intéresser», affirme l’expert. Mais ces solutions ont un coût souvent très élevé.

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