Luciano Barin Cruz: «En deux mois, le Pacte a déjà touché 1500 personnes»

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Juin 2021

Luciano Barin Cruz: «En deux mois, le Pacte a déjà touché 1500 personnes»

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Juin 2021

Par Denis Lalonde
Luciano Barin Cruz

Luciano Barin Cruz est professeur titulaire au Département de management à HEC Montréal. Il détient un doctorat en sciences de gestion de l’Université Jean Moulin Lyon III, en France, et de l’université fédérale du Rio Grande do Sul, au Brésil. Le professeur Barin Cruz mène de nombreux projets et mandats de recherche en développement durable, en responsabilité sociale des entreprises et en innovation sociale. Il est déjà intervenu dans différents pays de l’Amérique latine et de l’Europe à titre d’enseignant

Q&R. Et si l’une des solutions aux problèmes de pénurie de main-d’œuvre était tout simplement de mieux intégrer les professionnels issus de l’immigration? Pour faciliter l’adoption de méthodes de travail cadrant avec cette philosophie, IDEOS, le Pôle en gestion des entreprises sociales de HEC Montréal, a mis en place Le Pacte pour l’inclusion au travail des personnes immigrantes en partenariat avec le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM). Le directeur d’IDEOS, Luciano Barin Cruz, soutient qu’après quelques semaines d’expérimentations, le programme donne déjà des résultats intéressants.

 

Les Affaires — Comment est venue l’idée de créer Le Pacte pour l’inclusion au travail des personnes immigrantes ? 

Luciano Barin Cruz – Le BINAM est venu nous voir avec un problème bien documenté d’intégration des personnes immigrantes en milieu de travail. 

C’est dans cet esprit qu’on nous a demandé d’établir une méthodologie devant permettre aux entreprises de poser des gestes pour concrètement mieux intégrer les personnes immigrantes en milieu de travail.

 

L.A. — Comment votre méthodologie fonctionne-t-elle ? 

L.B.C. — Nous ciblons quatre pôles : l’attraction, l’embauche, l’intégration et la progression. Ces quatre éléments ont une fonction bien précise qui vont de la capacité à attirer des travailleurs issus de l’immigration jusqu’à leur ascension dans la hiérarchie de l’entreprise. 

Concrètement, nous utilisons une méthodologie agile, assez connue en innovation et en entrepreneuriat, qui est de pousser les entreprises à faire ce qu’on appelle des microexpérimentations pour déceler rapidement où se situent les problèmes qu’elles ont dans les quatre pôles. 

Après, les entreprises doivent définir ce qu’elles peuvent faire dans un court laps de temps pour améliorer leurs pratiques là où elles ont des problèmes.

 

L.A. — Une fois qu’on a trouvé des solutions, quelle est l’étape suivante ? 

L.B.C. — On met en place les solutions à petite échelle. En procédant de cette façon, il est plus facile d’apprendre ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. 

Cela permet d’étendre la portée des bonnes pratiques et de déterminer les leviers nécessaires pour mettre à l’échelle ce qui a bien fonctionné dans les microexpérimentations. 

 

L.A. — Parmi les 10 organisations qui ont formé la première cohorte figuraient notamment la Société de transport de Montréal (STM), Framestore, Behaviour, la Ville de Montréal et la Commission de la construction du Québec. Quels ont été les résultats obtenus à ce jour ? 

L.B.C. — Après un premier programme d’accompagnement de deux mois, Le Pacte a touché des personnes immigrantes et des gestionnaires dans les quatre zones. 

Le rapport sur les résultats est en préparation, mais juste avec les microexpérimentations, nous avons réussi à toucher environ 1500 personnes, autant des gestionnaires que des professionnels issus de l’immigration. 

Et au cours des six à douze prochains mois, l’objectif est de faire passer ce chiffre à 5000.

 

L.A. — Cela signifie-t-il qu’il y aura 5000 embauches de personnes issues de l’immigration dans ces 10 entreprises d’ici un an ? 

L.B.C. — Non. Nous travaillons sur les quatre pôles. Par exemple, la STM a travaillé sur les biais inconscients liés à l’intégration des personnes immigrantes. Nous avons déjà formé une trentaine de personnes juste dans les microexpérimentations. Dans ce cas, il ne s’agit pas d’embauches, mais c’est tout de même un travail qui servira à faciliter les conditions d’intégration de la main-d’œuvre immigrante. Ça reste un défi. 

Il y aura des embauches, mais aussi des actions sur les trois autres pôles.

 

L.A. — Prévoyez-vous déjà la mise en place d’une deuxième cohorte ? 

L.B.C. — L’intention est là. La première cohorte était une expérimentation. Il reste à voir si nous pouvons développer une méthode d’intervention.

Chose certaine, nous avons été agréablement surpris par les résultats de nos efforts et par la capacité des entreprises de passer à l’action.

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