«Une année de travail au Burkina Faso vaut trois années au Québec» Sylvain Collard, ingénieur pour Iamgold

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Octobre 2015

«Une année de travail au Burkina Faso vaut trois années au Québec» Sylvain Collard, ingénieur pour Iamgold

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Édition du 24 Octobre 2015

Par Benoîte Labrosse

« Ici, l’expérience entre par un tuyau de 24 pouces ! » dit Sylvain Collard.

Quand il était jeune, Sylvain Collard était fasciné par les images d'animaux et de scènes culturelles d'Afrique présentées dans les livres de sa mère, passionnée de géographie. «Je me disais qu'un jour j'irais travailler là-bas», se souvient le natif de l'Abitibi-Témiscamingue, diplômé en génie mécanique de l'École de technologie supérieure de Montréal, en 2005.

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En 2010, une occasion s'est présentée au Burkina Faso, à la mine d'or Essakane, propriété à 90 % de la canadienne Iamgold et à 10 % du gouvernement burkinabè. «J'ai été directeur de projets pour plusieurs expansions, puis surintendant à l'entretien de l'usine. Depuis mai 2015, je suis directeur de la maintenance fixe et mobile, précise-t-il. Je m'occupe des programmes de maintenance et de la gestion des projets d'amélioration pour la fiabilité des équipements, ceux qui vont dans la fosse et ceux de l'usine.» Sylvain Collard gère une équipe de plus de 625 travailleurs.

La disponibilité des pièces constitue son plus grand défi. «Le Burkina est un pays peu développé industriellement. Quand on veut avoir des composants précis, on peut les attendre de trois à cinq mois, et cela peut retarder des projets, remarque-t-il. Et puis, il faut être très spécifique : un jour, j'ai commandé une chaudière de boulons... Et elle est arrivée sans boulons à l'intérieur !»

Depuis quelques années, la région où se trouve la mine, au nord-est du pays, près de la frontière avec le Mali, est considérée comme «à risque» par le gouvernement du Canada, en raison des enlèvements et du banditisme. Mais le Québécois ne s'inquiète pas : «Ça fait partie du travail et du dépaysement. C'est la beauté de la chose : il y a de l'action, tu ne sais jamais ce qui peut arriver !»

Avoir «vraiment les mains dedans»

Sylvain Collard fait régulièrement des allers-retours entre la mine et la capitale, Ouagadougou, environ 330 km plus au sud, où il demeure avec sa conjointe québécoise. Son horaire typique compte cinq jours de travail et deux de repos.

L'ingénieur, qui possède une formation de soudeur et une technique de génie mécanique, n'a que de bons mots pour décrire son expérience burkinabè. «Une année de travail au Burkina Faso correspond selon moi à trois années au Québec, dit-il. Il faut faire face à des défis qui n'existent pas chez nous, développer de l'ingéniosité et apprendre en mode fast track !»

Il donne un exemple. «À 36 ans, j'ai déjà géré un projet d'une valeur de presque 400 millions de dollars. Là, je m'occupe du service d'entretien de la plus grosse mine du pays. Au Québec, étant donné qu'il y a beaucoup d'ingénieurs d'expérience, ce sont des emplois plutôt occupés par des personnes de 50 à 60 ans.»

De plus, ses responsabilités actuelles sont habituellement réparties entre deux personnes qui s'occupent de l'usine et de l'équipement mobile. «Ça me donne beaucoup plus de latitude et de flexibilité, fait-il valoir. Et l'expérience entre par un tuyau de 24 pouces !»

«Quand tu embauches les ingénieurs et les dessinateurs burkinabè, tout est à faire. Comme ils n'ont pas la même technologie ni le même niveau de connaissances, tu as la chance de les former. Et ils sont avides d'apprendre : ils absorbent tout ce que tu veux leur transmettre.»

Son travail recèle quelques différences par rapport à un emploi semblable au Québec. «On doit s'adapter au langage et être sur le terrain pour tout montrer, explique-t-il. Il y a plus de responsabilités, mais plus de plaisir en même temps, car on a vraiment les mains dedans.»

«Il faut apprendre à être très précis, très patient et toujours prendre [ce qui se passe] avec un grain de sel. Toujours. Mais c'est ce qui fait la beauté de la chose. Il faut le vivre et, après ça, c'est dur de s'en détacher», résume Sylvain Collard. Il prévoit demeurer au Burkina Faso encore deux ou trois ans avant d'aller «voir autre chose» ailleurs en Afrique.

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