Numérisation comptable en cours


Édition du 11 Novembre 2020

Numérisation comptable en cours


Édition du 11 Novembre 2020

Le confinement a accéléré une transformation déjà amorcée. (Photo: 123RF)

PROFESSION: COMPTABLE. Nouveau stage en audit public, préparation à l’introduction de la médiation fiscale, ouverture à la diversité, accélération de la numérisation des activités… Cet automne, la profession de CPA est en mode actualisation.

L’Ordre des CPA du Québec a récemment accrédité une première directrice de stage en audit public, profil technologies de l’information (TI). Un signe de plus du virage numérique de la profession. Pendant ce temps, la COVID-19 continue de mettre à l’épreuve les nouveaux outils de comptabilité.

Samantha Welscheid, associée aux conseils en gestion de risque au cabinet Deloitte, est devenue en mars dernier la première directrice de stage accréditée par l’Ordre des CPA du Québec en audit public, profil TI. «Les données et les documents utilisés pour réaliser un audit financier existent désormais surtout en format numérique, rappelle-t-elle. Il est essentiel de vérifier les systèmes et procédés informatiques des entreprises.»

Les vérificateurs analysent le contrôle des accès au système informatique afin de s’assurer que seules les personnes autorisées peuvent se connecter sur des services précis, comme le système de paie, par exemple. Ils observent aussi la gestion des changements, ce qui permet de garantir que les modifications des systèmes informatiques s’accompagnent des tests et des approbations nécessaires.

Le volet opérationnel est également scruté à la loupe, entre autres en ce qui a trait aux types de mots de passe des usagers et à certains aspects de la programmation. «On trouve parfois des déficiences dans ces domaines, reconnaît Samantha Welscheid. Notre rôle consiste justement à détecter les contrôles qui peuvent les mitiger.»

 

Un besoin criant

En temps normal, une personne qui veut devenir CPA auditeur doit passer environ deux ans dans un groupe de travail consacré à l’audit financier. Les recrues qui travaillent dans le groupe de gestion de risque doivent donc le quitter pour un bon moment afin d’obtenir leur titre d’auditeur. Les dirigeants de Deloitte trouvaient que cela «coupait»leur parcours. L’accréditation de leur associée comme maître de stage de la nouvelle spécialité auditeur, profil TI permet d’éviter ce hiatus en gardant les futurs CPA dans le groupe de gestion de risque. La firme a jusqu’à maintenant soumis à l’Ordre deux candidatures au titre de CPA auditeur dans le cadre de ce programme.

«Après avoir sondé nos membres au Canada, nous avons constaté que le besoin pour des auditeurs TI était très élevé, indique Geneviève Mottard, présidente et chef de la direction de l’Ordre des CPA du Québec. Créer un stage pour cette spécialité devenait une évidence.»Elle rappelle qu’avant leur fusion au sein de CPA-Québec, en 2012, les trois anciens ordres professionnels de comptables (CA, CGA et CMA) reconnaissaient certaines spécialités. L’accréditation d’auditeurs TI ouvre la porte à un retour de cette habitude.

 

Productifs, mais isolés

La technologie a aussi démontré son utilité lorsque la COVID-19 a pointé son nez alors que plusieurs audits étaient en cours. Sonia Boisvert, associée et responsable du groupe Certification pour le Québec chez PwC Canada, se dit agréablement surprise de la simplicité avec laquelle est survenue la transition vers les activités entièrement virtuelles. «Nous avions déjà effectué un virage numérique qui a beaucoup simplifié le passage au télétravail, précise-t-elle. Toutefois, le degré de facilité dépendait de la sophistication des systèmes de nos clients. Ceux qui étaient moins préparés l’ont vécu plus difficilement.»

Le confinement a donc accéléré une transformation déjà amorcée. «Une partie de ces changements se maintiendront après la pandémie, croit Sonia Boisvert. Les gens recommenceront à travailler ensemble au bureau et chez les clients, mais conserveront une bonne part de travail à distance.»

Thomas-Louis Lafleur, associé et cofondateur du cabinet Le Chiffre, constate que la pandémie n’a pas tellement affecté la nature du travail des comptables. Ils passent toujours plusieurs heures par jour les yeux rivés à l’écran, mais installés chez eux.

Son cabinet proposait déjà d’office à ses clients d’accorder une large part au numérique dans leurs relations. «Il n’y a pas d’échanges de documents ni de gestion de documents sur des postes ou des serveurs locaux, puisque tout est hébergé dans un nuage, explique-t-il. En fait, nous nous branchons directement sur les systèmes des clients, ce qui a grandement facilité le travail depuis le début de la pandémie.»

Selon lui, c’est surtout la culture d’entreprise et la collaboration entre les professionnels qui souffrent de la situation actuelle. Le Chiffre a tenté d’organiser des activités virtuelles plus ludiques, comme des 5 à 7, mais a rapidement réalisé que le résultat n’est pas aussi emballant qu’en personne.

Le télétravail a par contre permis un certain écrémage des questions. Puisqu’il est plus compliqué de joindre une autre personne, les travailleurs ont plus tendance à trouver par eux-mêmes les réponses à leurs interrogations les plus simples. Ce qui libère du temps à ceux qui avaient l’habitude d’être interpellés plusieurs fois par jour au bureau.

Cependant, les contacts informels manquent aux membres de l’équipe. «Nous n’avons jamais été aussi productifs, mais nous avons déjà eu plus de plaisir à travailler», admet Thomas-Louis Lafleur.

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