S'engager pour les bonnes raisons

Offert par Les Affaires


Édition du 09 Décembre 2017

S'engager pour les bonnes raisons

Offert par Les Affaires


Édition du 09 Décembre 2017

[Photo : Martin Flamand]

Prix PDG de l'année 2017 - Haut dirigeant le plus engagé socialement - Adolescente, Christiane Germain songeait à partir en Afrique comme missionnaire pour y aider des populations démunies. Loin de Sainte-Foy, où elle vivait. De généreux élans d'ados, avec ses moments de rébellion, qui l'ont amenée à contribuer aujourd'hui, à sa manière, à alléger les misères des démunis d'ici.«Jeune, comme bien d'autres, je me cherchais beaucoup, dit-elle. Mais je ne voyais pas qu'il y avait près de chez nous des gens avec de réels besoins, réduits à subsister au jour le jour.»

Sa famille n'était pas riche. Son grand-père paternel était un ouvrier de Donnacona qui s'occupait du tri des billes de bois qui arrivaient par la rivière Jacques-Cartier dans une papeterie (intégrée plus tard dans Domtar et aujourd'hui fermée). «C'était là une famille hyper-modeste, raconte-t-elle. Mon père, lui, s'est lancé dans la restauration, il a bien réussi, et nous en avons profité.»

À l'époque de son adolescence, il existait à Québec un sérieux clivage entre la basse-ville, modeste, et la haute-ville, aisée, où elle habitait. Elle, la quasi-missionnaire en herbe, en est devenue consciente. Au fil du temps, c'est ce qui l'a incitée à embarquer dans toutes sortes de causes, de La Dauphinelle à la Fondation de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, en passant par Centraide. Pourtant, la cofondatrice et coprésidente du Groupe Germain en a plein les bras. Avec son frère Jean-Yves, elle pilote l'expansion de sa chaîne d'hôtels née à Québec.

L'entreprise jadis émergente en hôtellerie a raffiné sa formule qu'elle étend maintenant au pays. Aujourd'hui, sept hôtels Alt sont en activité au Canada. Cinq autres sont prévus d'ici la fin 2018, le prochain à Saint-Jean de Terre-Neuve, les autres à Ottawa, Calgary, Saskatoon et Brossard. Ils vont s'ajouter à un réseau qui va pour l'instant de l'Alberta au Québec. Vancouver est dans la mire. Pas mal pour une chaîne authentiquement québécoise, alors que les grandes marques n'arrêtent pas de se manger les unes les autres...

Aider les gens d'ici

Malgré cet horaire chargé, Christiane Germain trouve le temps, ou essaie de le trouver pour, comme elle le dit, «faire une différence». Elle n'a pas renié ses rêves de jeunesse. Sauf qu'au lieu d'aller en Afrique pour soulager les besoins de gens dépourvus, elle répond aujourd'hui aux demandes de ceux d'ici. «J'ai été très engagée dans Centraide, à Québec, dans les années 1990, raconte-t-elle, et j'ai beaucoup appris en visitant les entreprises qui bénéficient de son soutien.»

Tous les leaders d'entreprise qui en ont fait l'expérience en parlent. Les organisations locales de Centraide savent recruter des gens d'affaires. Christiane Germain, comme d'autres, a poursuivi sur sa lancée. Par exemple, elle a soutenu La Dauphinelle, à Montréal, un foyer pour femmes qui traversent des moments difficiles, et qui les aide à se prendre en mains. Sa fille Marie Pier a maintenant pris la relève.

D'une cause à l'autre, elle est maintenant engagée dans une vaste campagne pour la Fondation de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui espère recueillir 50 millions de dollars d'ici l'an prochain. En plus de desservir la population de l'est de Montréal, l'hôpital demeure un important centre de recherche et de traitement en oncologie, entre autres. C'est ainsi qu'elle est citée sur le site web de la Fondation : «Lorsque, à la fin de ma journée, j'ai le sentiment d'avoir contribué à ma façon à soutenir des chercheurs, des médecins et des patients, je suis satisfaite. Ce bénévolat me fait du bien !» C'est exactement ce qu'elle présente comme la base de son engagement. «Mieux vaut agir, en philanthropie, pour les bonnes raisons et non, par exemple, pour élargir son réseau. Quand c'est le cas, on le sent, on le sait et c'est déplaisant. Le vrai motif qui devrait nous guider, c'est la conviction de faire une différence.»

Elle ne se fait pas d'illusion pour autant : quand on la recrute pour une cause, c'est en bonne partie, justement, pour son réseau et sa capacité à convaincre les gens qui en font partie de signer des chèques... «Des fois, ça marche, d'autres fois non, ajoute-t-elle. Mais il faut parvenir à se dissocier de ces refus, ne pas les prendre personnellement, sinon ce serait tellement décourageant. L'essentiel est de se rappeler l'objectif qu'on s'est fixé. Tant pis pour les vexations !»

Inciter les jeunes à prendre la relève

Femme d'affaires prospère, elle fait aujourd'hui figure de modèle pour inciter les jeunes femmes à aller au bout de leurs rêves. Elle contribue déjà à la nouvelle génération de l'entrepreneuriat québécois, qu'on espère aussi généreux. En sus de toutes ses occupations, elle est allée bénévolement, à trois reprises, pour deux jours, partager son savoir et son expérience à l'École d'entrepreneurship de Beauce, à Saint-Georges, surtout qu'elle se dit sensible à la situation des familles en affaires, où l'enjeu de la relève devient crucial.

D'autres suivront-elles ses traces ? Avec les sollicitations qui se multiplient, trouvera-t-on assez de volontaires ? «Je suis optimiste, dit-elle. Lise Watier a recueilli 700 000 $ lors du dernier bal pour sa Fondation et la moyenne d'âge était plus jeune que celle du Bal de la Jonquille, par exemple.»

Pour l'instant, elle consacre ce que son horaire lui permet à la Fondation de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont. «Ici, on a tendance à privilégier les causes, dit-elle. C'est plus facile de demander des dons pour le CHU Sainte-Justine, qui soigne des enfants, que pour un hôpital de l'est de Montréal.»

Néanmoins, elle ne baisse surtout pas les bras. Ce n'est pas dans sa nature. Et de lancer : «Pour ceux et celles qui me connaissent, sachez que le téléphone va sonner, si ce n'est pas déjà fait !»

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