Entrepreneurs, il est temps de vous mettre au mandarin...

Offert par Les Affaires

Publié le 10/12/2017 à 11:01

Entrepreneurs, il est temps de vous mettre au mandarin...

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Publié le 10/12/2017 à 11:01

Par François Normand

Grâce à un accord de libre-échange avec la Chine, nos entreprises pourraient y vendre plus facilement leurs produits. Analyse des impacts.

Chadwick Wasilenkoff est sans doute l'un des plus fervents partisans canadiens du libre-échange avec la Chine. Le patron de Fortress Paper s'arrache les cheveux depuis que Beijing impose des tarifs douaniers sur les importations de pâte dissolvante. Une mesure qui force l'entreprise de North Vancouver à revoir sa stratégie et qui tue dans l'oeuf son projet de relancer l'ancienne usine de Domtar à Lebel-sur-Quévillon.

«Je suis en faveur de tous les accords, mais encore plus avec la Chine !» lâche au bout de fil l'entrepreneur, exaspéré par la décision du gouvernement chinois, début novembre 2013, de taxer les exportations de pâte dissolvante des producteurs canadiens, américains, européens et brésiliens. Les entreprises comme Fortress Paper se voient imposer un tarif de 13 % sur leurs usines existantes, mais de 49 % sur toute nouvelle production, comme ce serait le cas pour l'usine à Lebel-sur-Quévillon.

Toutefois, si le Canada avait un accord de libre-échange avec la Chine, Beijing pourrait difficilement taxer ses importations de pâte dissolvante.

Le pour et le contre

Il va sans dire qu'un accord avec la Chine aurait un impact majeur sur l'économie canadienne, en ouvrant d'abord davantage le marché chinois. Nos entreprises pourraient y vendre plus facilement leurs biens, car ils seraient moins chers pour les Chinois. En 2011, la Chine appliquait des droits de douane à un tarif moyen de 15,6 % sur les produits agricoles et de 8,7 % sur les produits non agricoles, selon l'OMC.

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Le secteur chinois des services est particulièrement intéressant, selon Yves- Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec. «Ce secteur est mature au Canada, mais il est sous-développé en Chine, notamment dans les services financiers et les assurances.» L'an dernier, les services représentaient 45 % du PIB chinois par rapport à 70 % au Canada, selon l'Agence centrale de renseignement américaine (CIA).

En contrepartie d'un meilleur accès au marché chinois, la concurrence chinoise serait encore plus vive au Canada, si nous abolissons les tarifs avec la Chine. En 2012, le Canada appliquait un taux moyen de 16,2 % sur les produits agricoles et de 2,4 % sur les produits non agricoles. Puisque la Chine exporte surtout des biens manufacturiers au Canada, c'est notre industrie manufacturière qui aurait le plus à perdre.

Une pression pour nous améliorer

«Le libre-échange avec la Chine nous forcerait à mieux performer dans tout», affirme Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec. Selon lui, les secteurs à faible valeur ajoutée seraient très vulnérables. «Ça assénerait une bonne dose de darwinisme économique. Les entreprises qui n'ont pas de bons produits et qui ne sont pas capables d'innover auraient beaucoup de difficultés à survivre.»

Si le secteur privé est généralement en faveur du libre-échange avec la Chine, son soutien à une plus grande libéralisation des échanges avec le géant chinois n'est pas toutefois inconditionnel. «Nous nous opposerions à un accord s'il y avait plus d'inconvénients que d'avantages pour les PME canadiennes», déclare Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

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Selon Jim Stanford, économiste au syndicat Unifor (ex-Travailleurs canadiens de l'automobile), le libre-échange avec la Chine ne profiterait pas à tous les secteurs au Canada, dont l'automobile. «Nos premières exportations manufacturières dans le monde sont des voitures. Or, la Chine en importe peu, car elle demande aux constructeurs de les assembler sur place. C'est pourquoi GM et Chrysler n'exportent plus en Chine.»

Le secteur minier québécois affronterait aussi un défi de taille, selon Jacques Létourneau, président de la CSN, favorable au libre-échange avec la Chine. «Le risque, c'est que le Québec se contente d'être un exportateur de matières premières, sans faire de deuxième ni de troisième transformation.» En 2012, le minerai de fer représentait 30 % des exportations québécoises en Chine, selon l'Institut de la statistique du Québec.

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Selon Claude Lafleur, chef de la direction de la Coop fédérée, Ottawa doit amorcer au plus vite des pourparlers. «Dans le commerce du porc, le Brésil, les États-Unis et l'Union européenne sont nos principaux concurrents en Chine. Le danger, c'est que l'un d'entre eux conclut un accord avant le Canada. Ce serait une catastrophe, comme avec la Corée du Sud : nous perdons ce marché, car les États-Unis ont signé un accord avant le Canada.»

 

 

 

*Article extrait de notre série Libre-échange avec la Chine, publiée en 2014.


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