Le CELI de Philippe Dionne: bien au volant

Publié le 25/02/2022 à 11:05

Le CELI de Philippe Dionne: bien au volant

Publié le 25/02/2022 à 11:05

Par Jean Décary
Philippe Dionne

Philippe Dionne. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Âge : 23 ans

Occupation : étudiant en génie physique

Valeur du CELI : 10 000$

Stratégie : FNB et titres individuels

Bon coup : avoir commencé tôt à investir

Mauvais coup : avoir investi dans des placements garantis

Objectifs : se donner la liberté financière de choisir

Son conseil à l’investisseur qui commence : faites vite travailler votre argent pour vous

 

C’est à l’école secondaire que Philippe Dionne est d’abord sensibilisé aux bienfaits de l’investissement hâtif. Son professeur en Monde contemporain déplorait que le thème des finances personnelles ne soit pas assez présent dans le cursus académique des élèves. « Il avait invité quelqu’un du milieu des finances à venir nous parler de comment tenir un budget et de l’importance d’économiser pour nos vieux jours. Ça m’avait marqué. »

Et c’est une conversation à bâtons rompus à la maison entre son père et un ami qui va cristalliser son intérêt pour l’investissement. Une phrase en particulier fera mouche. « L’ami avait dit que c’était plus payant de faire travailler son argent que de travailler pour faire de l’argent. J’en avais pris bonne note. »

L’étudiant de l’université Laval, qui habite toujours chez ses parents, réussit actuellement à épargner plus de la moitié de son salaire de travailleur à temps partiel. « Environ 55%», précise-t-il. « Je profite de ma situation, car j’ai des amis qui sont déjà en appartement et ne peuvent se permettre de mettre autant d’argent de côté. » Le principal intéressé avoue être plutôt économe et ne pas avoir de grandes dépenses. « Le seul luxe que je me suis payé c’est une voiture », dit celui qui est aussi un passionné du monde automobile.

Quand il recevra un petit héritage (3 000$), gracieuseté de ses grands-parents, c’est tout naturellement dans son CELI qu’il le déposera. Il investit une partie de ce montant dans un FNB de Vanguard (VFV, 98,54$). Ce produit du groupe fondé par le défunt investisseur John C. Bogle calque le rendement de l’indice S&P 500 qui suit 500 des plus grandes entreprises américaines. La balance de l’héritage est dirigée vers le titre du géant des dépanneurs au Québec, Alimentation Couche-Tard (ATD, 49,50$), et les actions de l’une des principales compagnies de télécommunication au pays, Telus (T, 32,13$).

Philippe Dionne qualifie sa stratégie d’investissement d’hybride. « J’ai opté pour un mélange de FNB et de titres d’entreprises bien établies qui ont un avantage concurrentiel et une plus-value à long terme. » Comme il est aux études, il admet qu’il n’a pas énormément de temps à consacrer à la lecture de vingtaines d’états financiers. C’est pourquoi, pour les titres individuels, il a jeté son dévolu sur quelques joueurs dominants, comme Microsoft (MSFT, 289,66$US), Alphabet (GOOGL, 2626,15$) et Apple (AAPL, 166,10$). « Apple a une image de marque incroyable et tout le monde accourt pour acheter leurs produits.

Microsoft et Alphabet sont tous deux bien positionnés pour profiter des besoins grandissants en infonuagique. » Malgré le cours de ces titres relativement chers, l’investisseur a pu prendre des positions grâce aux CDR (Canadian Depositary Receipt), ou CCAÉ, des certificats canadiens d’actions étrangères. Ce produit lui permet d’acquérir une fraction de l’action, lui confère un droit de vote et le versement de dividendes (toutes proportions gardées) tout en offrant une couverture contre le risque de devise.

L’horizon de placement de Philippe Dionne est à très long terme. « Je veux réinvestir mes dividendes au fur et à mesure et laisser la magie des intérêts composés opérer. » Il gère actuellement 35% d’un portefeuille composé d’un CELI et d’un REER d’une valeur totale de 28 000$, et dont une partie est investie dans des fonds communs de placement. « J’aimerais éventuellement gérer activement une plus grosse portion de mon actif.»

L’investisseur ne cherche pas à s’enrichir pour éventuellement tirer sa révérence comme travailleur. « Je veux continuer à travailler longtemps, mais je veux le faire parce que je le souhaite et non par obligation. Bref, je veux me donner l’option de pouvoir choisir. » Il recommande aux boursicoteurs néophytes (et aguerris) la lecture des livres de Pierre-Yves McSween, « particulièrement Liberté 45 », ainsi que le livre One Up on Wall Street de l’auteur et célèbre investisseur américain Peter Lynch.

 

Dans l’œil d’un pro

«Globalement, je trouve que son approche à l’investissement est fort intéressante et démontre de la maturité et cela se reflète dans son CELI», observe Philippe Veilleux, gestionnaire de portefeuille chez Medici. Il remarque que l’étudiant de Québec semble avoir compris jeune les bases de l’investissement et a su faire taire la voix de l’émotion dans ses choix de placement. «Souvent en commençant le réflexe premier est de tenter les coups de circuit.»

Le fait que l’étudiant entrevoit l’investissement comme une manière d’élargir à longue échéance ses options de carrière augure bien aussi pour sa vie d’investisseur. «Cet état d’esprit va l’aider à prendre de bonnes décisions d’investissement qui l’empêcheront, on lui souhaite, de céder à l’appât du gain. Il est sur la bonne voie.»

Le gestionnaire de portefeuille chez Medici aime qu’il ait arrêté la majorité de ses choix de titres individuels sur des entreprises qui ont un avantage concurrentiel. «C’est un critère incontournable. Cela sert à estimer la profitabilité future d’une entreprise, sa capacité à maintenir ou à augmenter dans le temps ses parts de marché, et à pérenniser son modèle d’affaires.» Il doit selon lui aussi s’interroger sur la durabilité de cet avantage. «Dans 5, 10 ou 15 ans est-ce que cet avantage est appelé à s’éroder ou pas? Ce sont des questions à ce poser.»

Aux yeux de Philippe Veilleux, les avantages concurrentiels durables sont peut-être plus difficiles à déterminer pour des entreprises comme BRP (DOO, 91,08$) et Lion Électrique (LEV, 10,39$) que pour des joueurs plus dominants comme Apple, Microsoft ou Alphabet. En parlant de Lion électrique, il cite à dessein un extrait* de One Up on Wall Street de Peter Lynch : « Mieux vaut manquer la première hausse d’une valeur et attendre de voir si les plans de la société sont menés à bien. »

Il constate que le portefeuille est construit sur deux stratégies, l’une passive avec des fonds négociés en Bourse, et l’autre active avec des titres individuels. Philippe Veilleux n’est pas un adepte de l’approche hybride. «Cela dépend du temps que l’on peut accorder à nos placements. Mais il est préférable de choisir une seule stratégie et d’investir avec conviction. » Par exemple, selon lui, si au terme de 5 ans un investisseur n’arrive pas à battre les marchés il pourrait considérer les FNB. « De l’autre côté, si tu les bats avec ta sélection pourquoi voudrais-tu juste faire aussi bien que les indices?» S’il décide d’opter pour des FNB, le gestionnaire de chez Medici suggère de garder les choix simples (des FNB qui calquent les principaux indices) et d’éviter les produits trop nichés. «Je pense à son FNB sur les semi-conducteurs. Quand on se spécialise trop, ça devient presque de la gestion active.»

 

* Peter Lynch, One Up on Wall Street, p.163.

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le portefeuille de Philippe Dionne (valeur approximative de 10 000$)

Titres en portefeuille Symboles %
FNB Vanguard S&P 500 IDX VFV.TO 19,30%
FNB Vanguard FTSE canadien à dividende élevé  VDY.TO 17,57%
FNB iShares Nasdaq 100 IDX XQQ.TO 13,54%
Alimentation Couche-Tard ATD 9,3%
Telus T.TO 8,63%
Apple CDR AAPL.NE 5,54%
IA Société financière IAG.TO 4,93%
BRP DOO.TO 4,86%
Alphabet CDR GOOG.NE 4,23%
Lion Électrique LEV.TO 3,78
Microsoft CDR MSFT.TO 3,62%
FNB Horizons Global Semiconductor Index CHPS.TO 3,53%
Espèces -- 1,18%
Total -- 100%

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