Le CELI de Patrick Gaudet: sans dette, en avant toute

Publié le 04/02/2022 à 07:30

Le CELI de Patrick Gaudet: sans dette, en avant toute

Publié le 04/02/2022 à 07:30

Par Jean Décary
Patrick Gaudet

Patrick Gaudet est arrivé relativement tard à l’investissement, passé la quarantaine. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.

(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Nom : Patrick Gaudet

Âge : 46 ans

Occupation : contremaître en imprimerie

Valeur du CELI : 108 000$

Stratégie : titres individuels et FNB

Bon coup : avoir investi pendant le krach pandémique

Mauvais coup : ne pas s’être éduqué suffisamment avant d’investir

Objectif : atteindre la liberté financière

Son conseil à l’investisseur qui commence : la Bourse ce n’est pas facile, il faut lire et s’instruire

 

Patrick Gaudet est arrivé relativement tard à l’investissement, passé la quarantaine. « Je n’avais aucune notion de la finance et des marchés boursiers, en fait ça me faisait presque peur », dira-t-il en rétrospective. Au domicile familial, se rappelle-t-il, rares étaient les discussions qui portaient sur l’argent.

« Mes parents avaient une conception très conservatrice de l’investissement qui se limitait à l’achat de produits sécuritaires comme des obligations ou des certifications de placement garanti. » À leurs côtés, le futur investisseur va néanmoins tirer une leçon de vie très importante en matière d’enrichissement, celle de ne pas vivre au-dessus de ses moyens. « Peut-être qu’inconsciemment ils m’ont transmis une certaine aversion à toute forme de dette. »

S’il n’investit pas ses économies en Bourse, le diplômé d’un cours professionnel en imprimerie les canalise plutôt au service de son unique créance, l’hypothèque de sa maison située dans les Basses-Laurentides. « À 36 ans elle était payée. » Libre de dettes, il se met alors à épargner et à acheter dans son REER des obligations à taux progressif d’Épargne Placements Québec, un produit garanti et remboursable une fois par année. « J’avais aussi un peu d’argent dans des fonds communs de placement de mon institution financière, mais, comme bien des gens, je n’avais alors aucune idée dans quoi j’étais investi. »

Avec une cagnotte de plus de 100 000 dollars qui fructifie modestement, sa conjointe lui suggère d’aller demander conseil auprès de son institution financière. « La conseillère a fait quelques projections de retraite et m’a aussi parlé de la possibilité d’investir par moi-même. » Sur une période de 5-6 ans, Patrick Gaudet va transférer ses actifs dans un compte de courtage autogéré. « J’ai d’abord versé le tout dans des fonds communs de placement, mais j’ai rapidement basculé vers les titres individuels, car je trouvais les frais de gestion trop élevés. »

Il en profite également pour ouvrir son premier CELI. « J’avais lu La Bourse ou la vie de Guy Le Blanc, et j’étais gonflé à bloc », dira celui qui va devenir avec le temps un inconditionnel de son fils, Philippe Le Blanc, et de Cote 100. Le nouvel investisseur va faire ses premières armes en achetant des actions du géant des dépanneurs, la compagnie lavalloise Couche-Tard (ATD, 52,93$), titre qu’il détient toujours à ce jour. Il va aussi acquérir (et vendre) des participations dans d’autres entreprises québécoises, comme Alithya (ALYA, 3,59$), qui œuvre dans le secteur des technologies de l’information, et Saputo (SAP, 28,39$) la multinationale de produits laitiers.

« J’ai acheté et vendu plusieurs titres au début, mais j’ai peaufiné mon approche et mes positions sont maintenant plus stables. » Il qualifie son style d’investissement d’hybride, un mélange de croissance et de valeur, et alterne ses placements entre des titres individuels et des fonds négociés en Bourse (FNB). L’investisseur de la région des Laurentides dit être investi pour le long terme. « Je ne touche à rien. Je garde tout pour financer ma retraite », explique celui qui avoue ne pas pouvoir compter sur une caisse de retraite suffisante au travail. Actuellement, il gère environ 75% de l’actif de ses portefeuilles REER et CELI qui s’élève à près de 550 000$, incluant les sommes détenues à EPQ et au fonds de solidarité FTQ.

S’il regrette de ne pas avoir commencé à s’instruire plus tôt en matière financière, Patrick Gaudet se dit très fier du chemin qu’il a parcouru en si peu de temps. « Aujourd’hui, c’est une passion de suivre la Bourse et d’étudier les entreprises dans lesquelles j’investis en me basant sur ma grille d’analyse. » Une fois à la retraite, le contremaître entend bien continuer à être très actif et à aider les autres, comme il le fait déjà avec des collègues quand il est question d’investissement. Que ce soit dans la pratique des sports (gym, yoga, badminton, vélo et balle-molle) ou en donnant de son temps pour les activités parascolaires des enfants ou comme bénévole auprès des plus démunis.

 

Dans l’œil d’un pro

« Je lui lève mon chapeau », s’exclame d’emblée Vincent Fournier. Le gestionnaire de portefeuille à Claret salue le travail effectué par le nouvel investisseur, à la fois sur le plan de l’épargne et de la construction du CELI. « C’est d’autant plus méritant qu’il s’agit de quelqu’un qui n’a pas baigné du tout dans ce milieu et qui a décidé sur le tard d’approfondir ses connaissances. »

Vincent Fournier constate que la qualité des titres et des FNB présents dans le portefeuille offrent une diversification intéressante et un bel équilibre. « Trois titres (CIBC (CM, 163,10$), Brookfield Asset management (BAM.A, 69,05$) et Loblaws (L, 101,25$)) sont plus pesants, mais ils ont peut-être profité davantage de la vigueur des marchés depuis la création du CELI. » Il remarque aussi que les principaux secteurs de l’économie sont couverts. « On voit qu’il n’est pas là pour jouer au casino – pour spéculer avec son capital. »

D’un point de vue géographique, le gestionnaire de Claret observe cependant une certaine sous-exposition au marché américain. « À l’échelle mondiale, les États-Unis représentent environ 50% du marché des capitaux. C’est un incontournable et il faut que le portefeuille en tienne compte. » L’allocation américaine du CELI de Patrick Gaudet se compose uniquement du fonds négocié en Bourse BMO MSCI USA High Quality Index (ZUQ, 56,63$), qui représente à peine 9% du portefeuille.

Selon Vincent Fournier, ce FNB, qui contient 125 titres américains de qualité, ne contrebalance pas suffisamment CIBC, par exemple, dont la pondération représente 16% du portefeuille. « Plus de 80% des titres sont canadiens. Le biais de proximité, est l’un des principaux biais cognitifs en investissement », fait-il remarquer. Il lui suggère d’augmenter son exposition en titres américains (surtout) et puis européens, ce qui améliorera la diversification géographique de ses placements.

Le gestionnaire à Claret met en garde l’investisseur contre l’achat et la vente d’actions à outrance. « L’argent se fait sur la détention à long terme d’un titre boursier. Un actionnaire de CIBC depuis 30 ans, par exemple, aura fait 16 fois sa mise, sans compter les dividendes croissants. » Il rappelle que des entrepreneurs comme Serge Godin, de chez CGI (GIB.A, 109,48$), et Jean Coutu, fondateur de la bannière de pharmacies du même nom, n’ont pas fait leurs sous dans les premières années. « Un investisseur c’est un peu comme un entrepreneur, sauf qu’il délègue l’entrepreneuriat au conseil d’administration. »

Vincent Fournier note enfin qu’il y a toujours une évolution dans la vie de l’investisseur. « En bas l’âge, l’accent est mis sur l’épargne et la cotisation, mais à mesure que l’investisseur vieillit et que son pécule croît, les erreurs peuvent être plus coûteuses et on doit protéger les acquis. »

Le gestionnaire de portefeuille sait qu’il prêche pour sa paroisse, mais rappelle qu’il peut être opportun de solliciter de l’aide en matière de placements, selon un tarif horaire, par commission ou forfait. « Les frais associés doivent cependant donner des résultats », mentionne-t-il. « À chacun son métier. Il peut être sage d’obtenir des conseils (éviter les biais cognitifs en investissement) afin de poursuivre son processus d’enrichissement la tête tranquille. »

 

***

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le CELI de Patrick Gaudet (valeur totale 108 000$)

Titres Symboles % du total
Banque CIBC CM.TO 16,21% 
Brookfield Asset Management BAM-A.TO  13,17% 
Loblaws L.TO  12,69% 
Alimentation Couche-Tard ATD.TO 9,78% 
FNB BMO MSCI USA High Quality Index
ZUQ.TO 8,84% 
Jamieson Wellness JWEL.TO 8,43% 
Enghouse Systems ENGH.TO  7,42%
Cogeco Communications CCA.TO  7,18% 
Algonquin Power ans Utilities AQN.TO 7,03%
FNB BMO MSCI Emerging Markets Index ZEM.TO 4,82% 
FNB BMO MSCI Europe High Quality Hedged to CAD Index ZEQ.TO 4,43%
Total  *** 100%

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