Se brancher sur la générosité

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Novembre 2021

Se brancher sur la générosité

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Édition du 10 Novembre 2021

Par Isabelle Delorme

Les petits organismes de bienfaisance figurent d’ailleurs parmi ceux qui comptent le moins de compétences numériques. (Photo: Aaron Doucett pour Unsplash)

PHILANTHROPIE. En 2020, les dons en ligne ont plus que doublé en réponse à la crise de la COVID-19. C’est ce que rapportait en avril dernier la plateforme de collecte de fonds en ligne CanaDon dans son « Rapport sur les dons 2021 ». Cependant, l’utilisation du numérique par le secteur caritatif canadien s’avère encore limitée. 

Marcello Vitali-Rosati, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques, a cherché à définir le « numérique » dans le livre « Pratiques de l’édition numérique ». Pour le professeur à l’Université de Montréal, c’est « l’espace dans lequel nous vivons. Il ne s’agit plus d’outils au service des pratiques anciennes, mais d’un environnement dans lequel nous sommes plongés, qui détermine et façonne notre monde et notre culture ». Cependant, selon le Sondage sur les compétences numériques dans le secteur caritatif canadien, mené par CanaDon en février, la majorité des 1400 organismes interrogés ont qualifié leur niveau de compétence numérique d’« assez bien » ou de « faible ». 

Les petits organismes de bienfaisance figurent d’ailleurs parmi ceux qui comptent le moins de compétences numériques. En effet, 58 % des organismes au revenu inférieur à 100 000 $ interrogés — un taux qui représente 50 % du secteur selon CanaDon — ne planifient pas l’intégration du numérique dans leurs activités quotidiennes. Les géants de la générosité s’en sortent mieux, alors que près des trois quarts des organismes dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur ou égal à 500 000 $ déclarent avoir intégré la technologie numérique dans leurs activités quotidiennes ou avoir l’intention de le faire.

 

Des dons numérisés

À l’heure actuelle, 94 % des Canadiens utilisent Internet (86,3 % par des appareils mobiles) et 84,9 % sont des utilisateurs actifs des médias sociaux, selon le rapport « Digital 2021 Canada » de la plateforme de veille sociale Hootsuite. « Les Canadiens ont utilisé de plus en plus les ordinateurs et les appareils mobiles pour faire des dons au cours des dix dernières années », peut-on lire dans le sondage de CanaDon, pour qui la pandémie a été un catalyseur. L’indice Blackbaud, calculé à partir des données de 300 organismes canadiens, montre pour sa part une augmentation de la collecte de fonds en ligne de 23,7 % de juin 2020 à juin 2021 par rapport à l’année précédente.

Certains organismes ont amorcé leur virage numérique avant la pandémie. C’est notamment le cas de la Fondation Dr Clown, dont la page web « Drôle de défi » a été visitée près de 100 000 fois en moins de deux mois à la suite de son lancement en 2019, générant ainsi 1000 dons en ligne et par texto, selon le blogue de Martin Goyette, son directeur général jusqu’en juillet dernier. La même année, l’Armée du Salut a équipé ses marmites américaines de solutions de paiement par téléphone (par Apple Pay, Google Pay ou QR code), avant de les implanter au Canada en 2020. La crise sanitaire a poussé beaucoup d’autres organismes de bienfaisance à entamer ou à accélérer leur virage numérique, notamment en mettant en ligne des formulaires de dons ou en organisant des événements virtuels. 

L’Université de Montréal place d’ailleurs aujourd’hui le numérique parmi les cinq compétences recherchées pour travailler en philanthropie. « Les campagnes de levées de fonds en ligne, la gestion de communautés numériques, les outils de relations avec les donateurs ainsi que la prestation de service aux bénéficiaires passent désormais par le numérique », peut-on lire sur le site de la Faculté de l’éducation permanente de l’université. Parallèlement, un organisme de bienfaisance sur trois interrogé par CanaDon pense qu’il lui sera bientôt difficile de poursuivre son travail s’il n’améliore pas ses capacités numériques. Un défi d’autant plus grand que plus de quatre organismes sur dix continuent d’enregistrer des baisses de revenus, selon la dernière enquête sectorielle d’Imagine Canada, publiée en août dernier. 

 

Une transformation en profondeur

La majorité des organismes de bienfaisance interrogés par CanaDon ont indiqué qu’ils utilisent des logiciels uniquement pour les activités générales de bureau et les rapports financiers. Beaucoup moins d’organismes utilisent d’autres outils, comme les logiciels de gestion de site web et de marketing par courriel ou les plateformes pour l’accueil d’événements et la collecte de fonds. Pourtant, ces derniers permettent de mieux connaître, de sensibiliser et de solliciter les donateurs.

En 2016, la marque Cheerios a lancé sa campagne canadienne en ligne « Ramenons les abeilles ». En enlevant l’abeille Buzz de son paquet de céréales, elle a dirigé les consommateurs vers un site Internet où ils pouvaient regarder une vidéo et demander des graines pour planter des fleurs sauvages afin d’aider à maintenir la population d’abeilles. Plus de 115 millions de semences ont été distribuées — trois fois plus que l’objectif — et les ventes de la marque ont augmenté de 11,8 %, selon le Bureau canadien du marketing et de l’évaluation de l’affichage. Il s’agit d’un beau cas d’école qui peut inspirer les organismes à but non lucratif.

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