La philanthropie et les communautés autochtones

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2018

La philanthropie et les communautés autochtones

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Édition du 24 Novembre 2018

Depuis deux ans, l’Orchestre ­Symphonique de ­Longueuil s’implique auprès des ­Premières ­Nations de ­Kahnawake. Il y a mis sur pied un programme d’éveil musical, similaire à ceux qu’il organise depuis 25 ans dans différentes villes et collectivités de la ­Rive-Sud, visant à initier les jeunes à la musique classique.

Le secteur canadien de la philanthropie s'intéresse toujours peu aux Premières Nations. Les occasions sont pourtant bien présentes, en santé ou en éducation, par exemple. Comment changer la situation et faire d'une collaboration un succès ?

Les données les plus récentes disponibles indiquent qu'encore en 2013, les organismes de bienfaisance axés sur les communautés autochtones représentaient environ 1 % du nombre total des «organismes de bienfaisance» au Canada, selon le rapport «Measuring the Circle 2017» du Cercle sur la philanthropie et les peuples autochtones au Canada (CPPAC). D'autres données, celles-là de 2011, indiquent que 6 % seulement des fondations subventionnaires canadiennes ont offert des dons à des organismes de bienfaisance intervenant auprès de communautés autochtones.

Les choses sont-elles bien différentes aujourd'hui ?

Sara Lyons, la présidente du conseil du CPPAC, estime que les fondations canadiennes sont toujours peu impliquées auprès des organismes qui interviennent dans les communautés autochtones. Les raisons sont multiples. «Il y a d'abord une question de proximité sociale, dit-elle. Souvent, les gens des fondations et des organismes ne fréquentent pas les mêmes cercles sociaux.»

Les organismes autochtones désirent aussi souvent jouir d'une grande autonomie dans la gestion des ressources qui leur sont attribuées, ce qui est parfois contraire au fonctionnement des fondations.

Une démarche différente

Quelle est la clé pour permettre à une fondation d'entreprendre une bonne initiative philanthropique dans une communauté autochtone ?

D'abord, la démarche gagne à être adaptée aux façons de faire locales. La plupart des communautés autochtones ne cherchent pas à établir «une relation à sens unique». Elles désirent plutôt prendre le temps de laisser les relations se développer, explique Mme Lyons, de sorte, entre autres, que les enjeux locaux sont mieux connus et compris.

Les questions de l'autonomie ainsi que du partage des pouvoirs et des ressources sont également importantes, explique Juniper Glass, chercheure au Philab de l'UQAM. «Rappelons-nous que, dans le passé, les pensionnats autochtones étaient gérés par des organismes de bienfaisance, dit-elle. Il existe donc des raisons historiques pour les communautés autochtones de réfléchir aujourd'hui attentivement avant de s'associer avec de tels organismes.»

Travailler de concert

Depuis deux ans, l'Orchestre Symphonique de Longueuil (OSDL) s'implique auprès des Premières Nations de Kahnawake. Il y a mis sur pied un programme d'éveil musical, similaire à ceux qu'il organise depuis 25 ans dans différentes villes et collectivités de la Rive-Sud, visant à initier les jeunes à la musique classique et à mettre en valeur la richesse patrimoniale, culturelle et artistique de cette communauté.

«La mission de l'orchestre est d'aller à la rencontre de toutes les communautés de notre région pour rendre la musique accessible à tous», dit Marc David, le chef attitré de l'OSDL. En 2017, 35 jeunes étaient donc présents sur scène avec l'orchestre. Ce nombre est passé à 50 en 2018. Le Choeur Mohawk s'est aussi joint à la représentation.

Le projet a germé de façon informelle deux ans avant le premier concert. M. David assistait alors à une rencontre de Tourisme Montérégie, à laquelle participait également l'agente de développement touristique de Tourisme Kahnawake, Kimberly Cross. Après discussion, les démarches se sont rapidement amorcées. Le projet implique aujourd'hui plusieurs membres de la communauté, du Kahnawake Education Centre (KEC) à la Mission Saint-François Xavier en passant par les dirigeants et parents des participants. «Aujourd'hui, après avoir pris le temps de développer des relations avec la communauté et les différents intervenants qui la composent, celle-ci aimerait que le projet se poursuive durant deux ans encore», raconte M. David.

Pour assurer le succès du projet, l'OSDL s'est assis dès le départ avec des membres de la communauté pour discuter de son organisation. «Ce qui était important pour nous, c'était de sentir leurs besoins, de déterminer ce qui les intéressaient, explique M. David. Nous ne sommes donc pas arrivés là avec un contrat de dix pages en proposant une entente pour un concert. Nous nous sommes mariés à leur mode de fonctionnement.»

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