De quoi sera faite la philanthropie en 2023?

Publié le 18/01/2023 à 13:22

De quoi sera faite la philanthropie en 2023?

Publié le 18/01/2023 à 13:22

Par Courrier des lecteurs

(Photo: 123RF)

Un texte de Daniel H. Lanteigne, ASC, C.Dir., CFRE, CRHA 

Si 2022 fut une année de reconstruction et de consolidation pour plusieurs organismes, les défis ne seront pas moindres pour autant en 2023. L’instabilité géopolitique, le difficile accès au logement, l’insécurité alimentaire, la situation économique, la pression sur notre système de santé et la pénurie de main-d’œuvre qui ne semble épargner que peu de secteurs sont assurément sur le radar de plusieurs fondations. Alors, de quoi sera faite la philanthropie en 2023 ?

 

Être de son temps

Si la philanthropie a longtemps permis d’espérer un avenir meilleur dans un certain futur, elle s’attaquera davantage aux enjeux immédiats. On tentera très certainement de limiter les dégâts et de freiner l’accentuation des inégalités. Pour plusieurs, il n’est plus minuit moins une, l’heure a sonné et le carrosse s’est bien transformé en citrouille.

À l’agenda, on verra sûrement différentes initiatives et des appels aux dons avec une emphase sur la crise climatique, les mesures antiracistes, le processus de guérison et de réconciliation des peuples autochtones et la santé mentale.

 

Faire confiance

Les organismes sont sur le terrain. Ils font face aux défis, aux enjeux et parfois au pire de la détresse humaine. Ils sont les yeux, le cœur et la main tendue. Certes, les donateurs sont le carburant qui permet que ces «organes» fonctionnent, mais ils devront faire davantage confiance aux organismes. Ces derniers sont habiletés, plus que quiconque pour répondre aux priorités. Les ressources ne devraient plus dicter les intentions, au contraire. Ainsi, nous assisterons, espérons-le, à moins de dons dirigés vers des projets qui ne sont pas nécessairement prioritaires et plus de philanthropie qui viendra soutenir la mission.

En contrepartie de ce gage de confiance espéré pour le secteur, les organismes auront tout avantage à maintenir un haut niveau d’éthique et de transparence. Car la confiance n’a pas à être aveugle. Plusieurs souhaiteront possiblement adopter volontairement, comme d’autres le font déjà, la Charte des droits du donateur1 et le Code de déontologie de l’Association des professionnels en philanthropie (AFP). Deux mesures qui ont de quoi rassurer et qui devraient être la norme dans l’industrie de la bienfaisance.

 

En faire plus

Chose certaine, 2023 marquera un changement significatif dans la règlementation des fondations philanthropiques qui disposent d’actifs importants. De ce fait, les organismes possédant des actifs supérieurs à un million de dollars devront désormais respecter un contingent de versement passant de 3,5% à 5%. Selon Imagine Canada, «environ 500 millions de dollars supplémentaires, provenant principalement des actifs des fondations privées, auraient été mis à la disposition du secteur caritatif» si cette obligation avait eu lieu en 2019. Nous pouvons donc nous attendre à une hausse substantielle en 2023.

Ce changement permettra à la fois de maintenir la viabilité des organismes cruciaux qui injectent des sommes importantes dans nos besoins sociaux, tout en permettant d’en faire davantage dans l’immédiat.

 

Changer notre regard sur la performance

Un organisme de bienfaisance performant ne signifie pas qu’il a les frais administratifs les moins élevés. C’est un raccourci que certains observateurs semblent prendre et qui nuit à la perception du secteur. Un organisme performant en est un qui investira davantage dans ses talents et aussi dans son marketing. Oui, cette dépense qu’aucun donateur ne souhaite financer, mais qui permet justement à un organisme d’investir dans sa pérennité, dans l’accroissement de sa base de donateurs et donc ultimement en faire plus, car les besoins augmentent comme jamais. Il est peut-être temps d’arrêter de condamner les organisations qui améliorent notre société, simplement parce qu’elles paient décemment leurs gens et qu’elles font ce qu’il faut pour avoir plus d’impact.

 

Voir la philanthropie comme un investissement social

Si l’on songe à donner une somme significative de son patrimoine, il est avisé d’y réfléchir attentivement. Quels sont les actifs dont vous pouvez vous départir maintenant ou plus tard tout en optimisant les aspects fiscaux ? Combien donner ? Et si je sauvais de l’impôt, comme un gain en capital, pourrais-je ultimement donner plus ? Il n’y a rien de mal à se poser ces questions. La philanthropie doit se décomplexer à bien des égards, dont celui de bénéficier d’avantages fiscaux. Car ultimement, un donateur qui explorera toutes les options en est un qui pourra soutenir davantage les causes et organismes qu’il souhaite appuyer.

 

Maintenir la professionnalisation sectorielle

Lorsque vous avez une question légale, vous consultez un avocat ou un notaire. Lorsque vous avez mal aux dents, vous allez voir un dentiste. Alors lorsque vient le temps d’aborder une question philanthropique, le réflexe devrait être de se tourner vers un professionnel du secteur. Mais savez-vous vers qui vous tourner ? Généralement, on échangera avec une personne portant un titre de «développement philanthropique» qui œuvre au sein de l’organisme que l’on souhaite soutenir. Et c’est actuellement l’une des meilleures options.

Mais on verra certainement un intérêt plus prononcé pour les sceaux de confiances, tel que l’accréditation CFRE (Certified Fund Raising Executive), l’adhésion à une association, comme l’AFP (Association des professionnels en philanthropie) ou l’agrément aux normes d’Imagine Canada. Car si les organismes souhaitent la confiance des donateurs pour opérer le plus intelligemment possible, ces derniers sont aussi en droit d’exiger une expertise et des pratiques irréprochables. Ainsi, à défaut d’avoir un ordre professionnel philanthropique, ces «sceaux de confiance» s’avèreront d’excellents standards pour une relation éthique et basée sur les meilleures pratiques.

 

Et un mot sur la gouvernance

Finalement, la gouvernance des OBNL continuera d’être mise à l’épreuve. L’époque où l’on siégeait bénévolement sur un conseil d’administration «de bonne foi» est révolue. Faire de son mieux n’est plus suffisant. Les attentes sont et seront importantes envers les administrateurs qui doivent jouer activement leur fonction morale, légale et éthique. Et les organismes, bien qu’ils soient à but non lucratif, devront réunir les expertises qui leur servent autour de la table, au-delà d’accepter toute candidature spontanée. Pensons aux expertises sous-représentées en ressources humaines, en TI et en marketing qui méritent certainement une voix au chapitre et qui contribueront à gérer plus efficacement les risques.

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