Entrepreneur et parent: l'art de jongler avec les horaires

Publié le 17/08/2015 à 11:03

Entrepreneur et parent: l'art de jongler avec les horaires

Publié le 17/08/2015 à 11:03

L’image de l’entrepreneur dévoré par son projet, peu impliqué dans la vie familiale et toujours absent a vécu. La jeune génération a la ferme intention de concilier direction d’entreprise et famille. Elle apprend à mettre des limites et impose un nouveau style mais cela reste un jeu d’équilibriste pas toujours facile à maintenir.

Si les jeunes ont longtemps boudé l’entrepreneuriat, c’est en partie à cause de l’image de l’entrepreneur happé par son projet, loin de sa famille, travaillant en permanence. «Aujourd’hui, la conciliation travail-famille est une valeur importante pour les mères comme pour les pères. La jeune génération d’entrepreneurs assume ce choix», relève Marie-Claude Jauvin, consultante en conciliation travail-famille, présidente de Consilia, une firme de conseil spécialisée dans cet enjeu en entreprise, à Québec.

Mais la marche est haute. «Un entrepreneur doit se dévouer à sa tâche. On ne pourra jamais enlever ce défi particulièrement présent dans les petites entreprises où les dirigeants sont isolés dans leur rôle de direction car elles n’ont pas assez de moyens pour recruter à des postes stratégiques qui permettraient à l’entrepreneur de déléguer. Tout repose sur une personne unique», observe Marie-Claude Jauvin.

À moins d’avoir un partenaire. Ce qui est souvent le cas des jeunes entrepreneurs plus ouverts à la codirection que leurs aînés, un choix souvent guidé également par des contraintes financières lors du lancement ou du rachat de l’entreprise. Mais cela a un avantage : pouvoir se relayer.

«Briser l’horaire»

Renaud Lavoie, 39 ans, père de deux enfants de 12 et 10 ans a créé Embrionix, une entreprise de Laval de 28 employés, spécialisée dans la conception de produits permettant le transport des signaux vidéo, avec un partenaire lui aussi père de famille. De longues heures au bureau, des voyages d’affaires fréquents. Difficile à concilier avec une jeune famille. Mais «c’était une évidence qu’on ne sacrifierait pas nos enfants », se souvient Renaud Lavoie.

Alors, autant que possible, il a essayé d’adapter sa vie professionnelle en «brisant l’horaire». «Quand les enfants étaient petits mais encore maintenant, je m’organise pour rentrer à la maison à une heure raisonnable pour faire faire les devoirs, participer aux repas et je me remets au travail le soir quand ils sont couchés », raconte Renaud Lavoie.

L’activité de l’entreprise étant internationale, il doit se déplacer très souvent à l’étranger, ce qui a poussé sa conjointe à travailler à temps partiel depuis plusieurs années pour pouvoir être présente auprès des enfants. Toutefois, «je privilégie les courts séjours et j’essaie le plus possible de préserver les fins de semaine en famille », explique le chef d’entreprise.

Mais tous ces arrangements d’horaire, Renaud Lavoie reconnaît que c’est « une discipline à prendre qu’(il) n’avait pas au début». Une préoccupation «omniprésente», que bien de jeunes entrepreneurs, écartelés entre leur travail dans l’entreprise et leur famille, vivent comme déchirante. Mais ils se montrent inventifs et plus personne ne semble s’étonner qu’un chef d’entreprise quitte le bureau tôt pour aller s’occuper de ses enfants.

Trois conseils pour réussir
Marie-Claude Jauvin, présidente de Consilia

1. Arrêter de gérer par la présence

Les entrepreneurs ont l’habitude d’être physiquement présents dans l’entreprise. Ils veulent avoir le contrôle sur ce qui est fait. Il faut qu’ils apprennent à lâcher prise et à fixer, tant pour eux que pour leurs employés, des objectifs à atteindre plutôt que des listes de tâches à faire de façon à pouvoir mesurer la performance sans être présent en permanence.

2. Se reposer sur une équipe polyvalente

Le chef d’entreprise, particulièrement dans les petites, doit apprendre à partager ses connaissances et ses informations, former son entourage à certaines tâches qui lui sont dévolues pour développer la polyvalence des employés et pouvoir déléguer et, le cas échéant, se faire remplacer.

3. Organiser sa vie familiale

Plus la vie familiale est organisée, mieux c’est car ça permet notamment d’éviter des pertes de temps, ce qui est une question de survie pour les entrepreneurs et ce qui permet de dégager du temps de qualité avec ses enfants. Il est impératif de se créer un «village» autour de la famille sur lequel se reposer au cas où : des gardiennes, des grands-parents qui peuvent prendre le relai. Il ne faut pas seulement compter sur le conjoint. L’organisation passe aussi par l’utilisation d’outils technologiques très accessibles aujourd’hui comme les agendas synchronisés.

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