Un parc qui voit grand, l’autre qui voit vert


Édition du 15 Février 2023

Un parc qui voit grand, l’autre qui voit vert


Édition du 15 Février 2023

Par Philippe Jean Poirier

Patrice Paquette, président de la Commission de développement économique et conseiller municipal de Saint-Eustache (Photo: courtoisie)

PARCS INDUSTRIELS. Le parc industriel « à grand gabarit » Alice-Asselin, situé à Shawinigan, a mis dix ans pour trouver un premier occupant. Dans un contexte plus urbain, le parc d’affaires Albatros, à Saint-Eustache, s’est quant à lui rempli plus vite — tout en misant sur le thème du développement durable. Voici le portrait de deux parcs différents, chacun en voie de tenir ses promesses initiales. 

Le 11 juillet dernier, les gestionnaires du parc Alice-Asselin, à Shawinigan, ont pu pousser un soupir de soulagement en annonçant la signature d’un premier occupant — après dix ans de recherches infructueuses. L’entreprise Réseau allégé Québec, formée par l’entreprise américaine Compact Power, projette de construire un centre technique et une usine de fabrication de batteries d’énergie stationnaire dans le cadre d’un projet estimé à 1 milliard de dollars. 

C’est un heureux dénouement pour une histoire qui a bien commencé. En 2012, la ville de Shawinigan a créé un immense parc industriel de 200 000 pieds carrés pour recevoir le groupe brésilien RIMA, qui s’est finalement désisté.

Plutôt que céder au découragement, les gestionnaires ont retroussé leurs manches et sont partis en quête de nouvelles candidatures. Luc Arvisais, directeur du Service du développement économique de la Ville de Shawinigan, explique avoir travaillé en étroite collaboration avec Investissement Québec, qui est « le bras de prospection du gouvernement à l’international ». « Comme ils sont en lien avec les bureaux du Québec à l’étranger, ça leur donne une grande force de démarchage pour attirer des entreprises au Québec. » Ensuite, la Ville a porté son attention sur les joueurs de la filière batteries, compte tenu de la concentration d’expertise de ce secteur dans la région. Finalement, les représentants municipaux ont peaufiné leurs missions d’accueil selon une « recette locale », qui inclut la visite de la tour d’observation de la Cité de l’énergie, offrant un panorama sur la ville et la région.

« Est-ce qu’il y a eu, en cours de route, des commentaires nous reprochant d’avoir acheté un terrain pour une entreprise qui n’est pas venue ? Oui, reconnaît Luc Arvisais. Il faut le voir comme un investissement dans l’avenir, poursuit-il. Nous nous sommes dotés d’un espace pouvant accueillir des projets de grande envergure, et c’est ce qui se passe en ce moment. » Selon ses estimations, le parc sera entièrement occupé dans un horizon de six à sept ans.

 

S’en tenir au plan 

L’histoire de l’Innoparc Albatros — créé en 2014 — est bien différente. Pour commencer, les élus de la Ville de Saint-Eustache n’ont rencontré aucune difficulté à attirer des entreprises sur l’ancien terrain de golf converti en parc d’affaires aux allures modernes, éclairé par des lampadaires munis de panneaux solaires et sillonné par une piste cyclable multifonction. Ce qui n’a rien d’étonnant, étant donné la rareté des sites industriels dans Lanaudière et la grande région métropolitaine.

« Un des défis principaux a été de s’en tenir à notre plan de match, nous confie Patrice Paquette, président de la Commission de développement économique et conseiller municipal de Saint-Eustache. En effet, il peut devenir tentant d’accepter une grosse entreprise qui ne rentre pas dans notre créneau de développement durable. » 

La Ville impose aux occupants du parc des conditions « extrêmement exigeantes » en matière d’aménagement paysager (incluant la plantation d’arbres) et de consommation d’eau et d’énergie. « Il nous est arrivé de refuser des candidatures qui ne répondaient pas à nos standards », admet le conseiller municipal. 

En début de projet, un aspect important a été d’obtenir l’acceptabilité sociale auprès des agriculteurs bordant la zone du parc, puis des anciens joueurs déplorant la perte de leur terrain. « Quand nous avons annoncé aux agriculteurs qu’il n’y aura aucun dézonage de leur terre et que le parc serait basé sur le développement durable, ils ont été rassurés par le projet », dit Patrice Paquette. 

Pour les anciens golfeurs, et la population en général, c’est l’argument « financier » qui a fait mouche. « Quand nous expliquions que les revenus de la vente des terrains permettraient de revitaliser les infrastructures routières sans augmenter les taxes, les gens voyaient le projet d’un autre œil. »

L’élu rappelle que le projet a fait l’objet d’une consultation ainsi que d’un engagement électoral. « La population connaissait nos intentions, savait comment le projet se ferait et quels en seraient les bénéfices — soit l’entrée de millions de dollars en taxes récurrentes. » Depuis que le fabricant d’équipement de protection médiale Medicom a annoncé son installation dans le parc, l’été dernier, il ne reste plus qu’un terrain à vendre sur un espace total de trois millions de pieds carrés.

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