Juan Echague, l'ingénieur chilien qui répare des ponts au Québec

Publié le 16/03/2013 à 00:00, mis à jour le 14/03/2013 à 14:53

Juan Echague, l'ingénieur chilien qui répare des ponts au Québec

Publié le 16/03/2013 à 00:00, mis à jour le 14/03/2013 à 14:53

Juan Echague, ingénieur d'origine chilienne

Juan Echague est né au Chili, a vécu en France et a travaillé en Roumanie. Mais c'est au Québec qu'il a décidé de poser ses valises de façon définitive.

Diplômé en génie civil de l'Université pontificale catholique du Chili - l'une des meilleures institutions d'Amérique du Sud -, Juan Echague est arrivé à Montréal en 2009. «Je savais que le processus de reconnaissance des diplômes par l'Ordre des ingénieurs du Québec pouvait prendre plusieurs mois, dit-il. J'ai donc décidé d'en profiter pour m'inscrire au programme de MBA à HEC Montréal.»

En plus d'ajouter des habiletés en gestion à ses connaissances techniques, cette formation lui a permis de s'imprégner de la culture québécoise. «Les études facilitent grandement l'atterrissage des immigrants dans leur société d'accueil», estime le grand gaillard.

Apprendre le français

Il faut dire que Juan Echague n'en est pas à sa première expérience d'immigration. «J'ai d'abord quitté le Chili pour effectuer des études spécialisées à l'École nationale des ponts et chaussées (ENPC), à Paris. C'était tout un défi, parce qu'à l'époque je savais à peine dire : bonjour et merci !» rigole celui qui s'exprime aujourd'hui dans un français impeccable.

Après son passage à l'ENPC, le jeune ingénieur a été recruté par Systra, une entreprise d'ingénierie française très reconnue dans le domaine des infrastructures de transport public. «J'ai travaillé à des projets internationaux complexes et j'ai côtoyé la crème des ingénieurs civils.»

Après cinq ans, il était toutefois fatigué de faire la navette entre Paris et les chantiers situés à l'étranger. «C'est à ce moment que des expatriés québécois m'ont vanté la qualité de vie à Montréal. Je n'avais jamais mis les pieds au Canada, mais ils ont réussi à me convaincre d'y déménager.»

Des infrastructures vieillissantes

Le Latino-Américain ne regrette aucunement sa décision. Et pour cause : moins d'un an après l'obtention de son MBA, la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain lui offrait le poste de directeur de l'ingénierie.

«J'adore ce boulot ! C'est très dynamique et, puisque j'emprunte moi-même le pont Jacques-Cartier tous les jours, je constate que mon travail a un impact concret sur la vie de milliers de gens», s'enthousiasme-t-il.

Celui qui a participé de près à la construction de ponts et de viaducs aux quatre coins du monde admet que les nôtres sont dans un piètre état. «Partout en Amérique du Nord, les infrastructures routières sont vieillissantes, observe-t-il. Ici, le problème est amplifié par le climat. Il faut trouver des solutions innovantes, et c'est là que je m'inspire de l'expertise que j'ai acquise sur les chantiers de Systra.»

Réfection du pont Honoré-Mercier, construction d'un nouveau pont-jetée à L'Île-des-Soeurs, travaux sur le pont Champlain... à tout juste 37 ans, Juan Echague doit gérer d'importants dossiers.

Conscient que les ingénieurs immigrants n'ont pas tous sa chance, il aimerait fonder une association pour leur venir en aide. «Il y a beaucoup de travail de sensibilisation à faire auprès des employeurs, puisque ceux-ci sont encore réticents à embaucher des professionnels formés à l'étranger. Or, dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, on ne peut se passer d'aucun talent. C'est la croissance économique du Québec qui est en jeu», plaide-t-il.

21 %

Pourcentage des nouveaux inscrits à l'Ordre des ingénieurs du Québec qui sont des immigrants.

272

Nombre d'équivalences de diplômes délivrés à l'extérieur du Québec accordées par l'OIQ en 2011-2012 à des candidats venant de l'extérieur du Canada.

2,2 %

Taux de chômage des ingénieurs québécois de plein titre alors qu'il est de 3 % chez les ingénieurs immigrants.

Source : Ordre des ingénieurs du Québec

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