ACV: le génie insère l’environnement dans le design

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Mars 2018

ACV: le génie insère l’environnement dans le design

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Édition du 10 Mars 2018

[Photo: Pixabay]

On considérait il y a peu que les capsules de café Nespresso sont dommageables pour l’environnement et devraient être bannies. Surprise, une analyse du cycle de vie (ACV), qui comparait les capsules avec le café filtre, a découvert que le principal impact environnemental provenait non pas des capsules de plastique, mais du café lui-même. Les capsules s’avéraient préférables au café filtre parce qu’elles requéraient moins de café, conduisant à un impact environnemental moindre.

Et prenez garde au « mode veille » des appareils électroniques, avertit Geneviève Dionne, coprésidente de l’Association des designers industriels du Québec et conseillère principale chez Écoconception. Vous pensez épargner de l’énergie, mais une ACV a établi que « sur une durée de vie de 10 ans, poursuit-elle, ces appareils consomment autant d’énergie en mode veille qu’en cours d’utilisation courante. »

C’est ce genre de résultat apparemment paradoxal auquel la discipline de l’analyse du cycle de vie (ACV) mène souvent : les dommages environnementaux ne logent pas toujours là où on pense et gare aux fausses « bonnes solutions ». Car l’ACV, une contribution majeure au design issue du monde du génie, étudie toutes les phases de la vie d’un produit ou d’un service : extraction des ressources premières, approvisionnement et transport, production, distribution, consommation et rejet en fin de vie.

Grâce à son regard englobant, l’ACV évite qu’un problème d’impact à un niveau se déplace vers un autre. Évidemment, elle ne se contente pas d’analyses ; elle conduit à privilégier un matériau ou un processus sur d’autres de façon à réduire l’empreinte environnementale du produit final. Et ses outils d’analyse, sous forme simplifiée, servent quotidiennement à un nombre croissant de designers, notamment à Geneviève Dionne.

Contribution mondiale


Le Québec fait bonne figure dans les milieux de l’ACV grâce au travail à Polytechnique Montréal du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), de renommée mondiale. Ici, des ingénieurs de toutes disciplines ont établi des méthodologies d’analyse de pointe. Surtout, ils ont constitué des bases de données massives chiffrant tous les intrants et extrants (énergie, eau, contaminants, rejets, etc.) d’une multitude de matériaux pour en comparer l’impact environnemental. « Nous avons été un des premiers groupes dans le monde à faire une recherche scientifique et à appliquer des méthodes scientifiques pour évaluer le cycle de vie », affirme Sophie Fallaha, directrice exécutive du CIRAIG.

Associée surtout aux impacts environnementaux, l’ACV s’étend désormais vers les impacts humains et sociaux. On demande maintenant des questions telles que : un produit recourt-il au travail d’enfants ? Son approvisionnement est-il équitable ? « Cela ajoute une note qualitative à l’ACV », indique Sophie Fallaha.

Bien que ses origines remontent aux années 1960, l’ACV demeure une discipline jeune qui n’a pas fait son chemin dans toutes les entreprises. « On voit des équipes se mettre en place dans de grandes entreprises, rarement dans les PME », constate Sophie Fallaha. Entre l’Europe et le Québec, les entreprises ne sont pas rendues au même point. « Ici, les entreprises s’approprient l’analyse différemment, ajoute-t-elle. La première question qu’on pose ici concerne l’empreinte carbone. En Europe, on embrasse plus large ; les ACV sont plus complètes : eau, santé humaine, impact sur les ressources. On pressent le même mouvement au Québec, mais il ne progresse pas au même rythme. »

La discipline n’est pas sans ses controverses, comme celle qui a sévi autour des couches jetables de Proctor & Gamble, rapporte un document de la Thayer School of Engineering de l’Université de Dartmouth. Une première étude commanditée par P&G a conclu que les couches jetables étaient moins dommageables écologiquement que les couches de tissus, sitôt contredite par une autre qui affirmait l’inverse, elle-même contredite par une nouvelle étude commanditée par P&G.

Chacune avait raison, mais ne privilégiait qu’un seul impact (sur l’énergie, sur l’eau, sur les rejets solides) au détriment des autres. « Quand les conclusions d’une ACV peuvent être facilement renversées, on peut juger que les alternatives ont un impact à peu près égal sur l’environnement, note l’étude. Toutefois, la plupart des ACV aboutissent à des conclusions définitives. »

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