L'OIQ se prépare aux 100 prochaines années


Édition du 11 Mars 2020

L'OIQ se prépare aux 100 prochaines années


Édition du 11 Mars 2020

(Photo: 123RF)

 

Maxime Bilodeau
L’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) souffle ses 100 bougies en 2020, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses quelque 65 000 membres sont fiers de leur titre professionnel. Dans un sondage Ipsos réalisé en octobre dernier auprès de 6062 membres de l’OIQ, 80 % sont en accord avec cette affirmation. 
Neuf ingénieurs sur dix (89 %) recommanderaient même la profession à un jeune, un résultat en légère augmentation par rapport à il y a deux ans. « La profession est en santé. Après un creux marqué lors des années Charbonneau, la confiance du public et de nos membres est de retour à un niveau appréciable », se réjouit Kathy Baig, présidente de l’OIQ.
Le milieu du génie n’est cependant pas épargné par la rareté de la main-d’œuvre. Dans une enquête sur la rémunération des ingénieurs du Québec publiée l’année dernière par Genium 360, 63 % des répondants disent que leur entreprise éprouve des difficultés à pourvoir des postes. Les conséquences sont multiples et vont de la simple surcharge de travail à la plus grave baisse de la qualité. 
Ingénieurs Canada soulignait pour sa part dans une étude réalisée en 2015 que la demande pour les ingénieurs au Québec est essentiellement engendrée par des départs à la retraite. « Cela rejoint nos propres chiffres : environ le tiers de nos membres est âgé de 50 ans et plus à l’heure actuelle. Avec les départs massifs à la retraite prévus dans les dix prochaines années, il y a de quoi s’en préoccuper », peut-on y lire. 
Pour combler ce déficit projeté de main d’œuvre, l’OIQ a identifié trois chantiers prioritaires, dont la féminisation de la profession et l’intégration de professionnels formés à l’étranger. « Nous voulons réduire de 50 % le délai d’obtention du permis de pratique chez ces derniers et en augmenter le taux d’obtention de 75 %. Il n’est pas question de niveler par le bas, mais bien de personnaliser l’étude des dossiers », précise Mme Baig.
À l’heure actuelle, la France compte pour près du quart (23,7 %) des professionnels formés à l’étranger et membres de l’Ordre. L’Hexagone est suivi de près par d’autres pays qui ont une tradition francophone ou qui sont membres de la Francophonie, comme l’Algérie (10,4 %) et la Roumanie (8,9 %). Viennent ensuite des pays d’Amérique latine, comme la Colombie (5,9 %), et du Proche-Orient, comme l’Iran (4 %).
Les défis de demain
Le troisième chantier identifié par l’OIQ est celui de la formation de la relève, dans lequel s’inscrivent d’ailleurs les activités du Mois national du Génie. Les besoins sont particulièrement grands dans les domaines traditionnels, dont le génie civil, mécanique ou industriel, rapporte l’étude Le marché du travail en génie au Canada : projections jusqu’en 2025 d’Ingénieurs Canada. 
L’intrus dans la liste de domaine en demande est le génie informatique et logiciel, qui n’a cessé de gagner en popularité dans les dernières décennies avec la numérisation galopante de la société. Cet engouement se mesure d’ailleurs dans les facultés de génie du Québec, dont à Polytechnique Montréal, où les inscriptions ont plus que doublé dans les cinq dernières années. « De 671 étudiants inscrits en génie informatique ou logiciel en 2014, nous sommes désormais rendus à 1250 », confirme Pierre Langlois, directeur du Département de génie informatique et génie logiciel de l’institution. Le succès est tel que les salles de classe débordent. Et qu’il manque de professeurs pour dispenser les cours…
Selon M. Langlois, cette branche du génie s’impose de plus en plus comme un choix naturel auprès de la relève. « Les ingénieurs ont toujours voulu changer le monde ; c’est dans leur nature. Aujourd’hui, c’est par l’informatique que cette mission sociale se manifeste », analyse-t-il, rappelant du même coup que les algorithmes qui peuplent notre quotidien sont programmés par des êtres humains.
De fait, les enjeux éthiques de demain concernent directement la profession d’ingénieur. C’est d’ailleurs pourquoi l’OIQ a contribué aux consultations qui ont mené à la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, adoptée en 2018.
-30-
COLONNE
Quelques années clés de l’OIQ
1920 : La Corporation des ingénieurs professionnels du Québec (CIPQ), l’ancêtre de l’OIQ, est créée le 14 février. Au départ, 514 membres y sont affiliés. 
1964 : Le gouvernement du Québec adopte la Loi sur les ingénieurs. 
1974 : La CIPQ devient officiellement l’Ordre des ingénieurs du Québec, dans la foulée de la création du système professionnel sous l’égide de l’Office des professions du Québec. 
1975 : Danielle W. Zaïkoff devient la première femme à présider l’OIQ. À l’époque, les ingénieures représentent moins de 5 % de ces membres.
2019 : Un nouveau programme d’accès à la profession entre en vigueur : il définit le statut de candidat à la profession d’ingénieur (CPI), qui remplace le programme de juniorat.
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MOIS DU GÉNIE. L’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) souffle ses 100 bougies en 2020, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses quelque 65 000 membres sont fiers de leur titre professionnel. Dans un sondage Ipsos réalisé en octobre dernier auprès de 6062 membres de l’OIQ, 80 % sont en accord avec cette affirmation. 

Neuf ingénieurs sur dix (89 %) recommanderaient même la profession à un jeune, un résultat en légère augmentation par rapport à il y a deux ans. « La profession est en santé. Après un creux marqué lors des années Charbonneau, la confiance du public et de nos membres est de retour à un niveau appréciable », se réjouit Kathy Baig, présidente de l’OIQ.

Le milieu du génie n’est cependant pas épargné par la rareté de la main-d’œuvre. Dans une enquête sur la rémunération des ingénieurs du Québec publiée l’année dernière par Genium 360, 63 % des répondants disent que leur entreprise éprouve des difficultés à pourvoir des postes. Les conséquences sont multiples et vont de la simple surcharge de travail à la plus grave baisse de la qualité. 

Ingénieurs Canada soulignait pour sa part dans une étude réalisée en 2015 que la demande pour les ingénieurs au Québec est essentiellement engendrée par des départs à la retraite. « Cela rejoint nos propres chiffres : environ le tiers de nos membres est âgé de 50 ans et plus à l’heure actuelle. Avec les départs massifs à la retraite prévus dans les dix prochaines années, il y a de quoi s’en préoccuper », peut-on y lire. 

Pour combler ce déficit projeté de main d’œuvre, l’OIQ a identifié trois chantiers prioritaires, dont la féminisation de la profession et l’intégration de professionnels formés à l’étranger. « Nous voulons réduire de 50 % le délai d’obtention du permis de pratique chez ces derniers et en augmenter le taux d’obtention de 75 %. Il n’est pas question de niveler par le bas, mais bien de personnaliser l’étude des dossiers », précise Mme Baig.

À l’heure actuelle, la France compte pour près du quart (23,7 %) des professionnels formés à l’étranger et membres de l’Ordre. L’Hexagone est suivi de près par d’autres pays qui ont une tradition francophone ou qui sont membres de la Francophonie, comme l’Algérie (10,4 %) et la Roumanie (8,9 %). Viennent ensuite des pays d’Amérique latine, comme la Colombie (5,9 %), et du Proche-Orient, comme l’Iran (4 %).

Les défis de demain

Le troisième chantier identifié par l’OIQ est celui de la formation de la relève, dans lequel s’inscrivent d’ailleurs les activités du Mois national du Génie. Les besoins sont particulièrement grands dans les domaines traditionnels, dont le génie civil, mécanique ou industriel, rapporte l’étude Le marché du travail en génie au Canada : projections jusqu’en 2025 d’Ingénieurs Canada. 

L’intrus dans la liste de domaine en demande est le génie informatique et logiciel, qui n’a cessé de gagner en popularité dans les dernières décennies avec la numérisation galopante de la société. Cet engouement se mesure d’ailleurs dans les facultés de génie du Québec, dont à Polytechnique Montréal, où les inscriptions ont plus que doublé dans les cinq dernières années. « De 671 étudiants inscrits en génie informatique ou logiciel en 2014, nous sommes désormais rendus à 1250 », confirme Pierre Langlois, directeur du Département de génie informatique et génie logiciel de l’institution. Le succès est tel que les salles de classe débordent. Et qu’il manque de professeurs pour dispenser les cours…

Selon M. Langlois, cette branche du génie s’impose de plus en plus comme un choix naturel auprès de la relève. « Les ingénieurs ont toujours voulu changer le monde ; c’est dans leur nature. Aujourd’hui, c’est par l’informatique que cette mission sociale se manifeste », analyse-t-il, rappelant du même coup que les algorithmes qui peuplent notre quotidien sont programmés par des êtres humains.

De fait, les enjeux éthiques de demain concernent directement la profession d’ingénieur. C’est d’ailleurs pourquoi l’OIQ a contribué aux consultations qui ont mené à la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, adoptée en 2018.

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Quelques années clés de l’OIQ

1920 : La Corporation des ingénieurs professionnels du Québec (CIPQ), l’ancêtre de l’OIQ, est créée le 14 février. Au départ, 514 membres y sont affiliés. 

1964 : Le gouvernement du Québec adopte la Loi sur les ingénieurs. 

1974 : La CIPQ devient officiellement l’Ordre des ingénieurs du Québec, dans la foulée de la création du système professionnel sous l’égide de l’Office des professions du Québec. 

1975 : Danielle W. Zaïkoff devient la première femme à présider l’OIQ. À l’époque, les ingénieures représentent moins de 5 % de ces membres.

2019 : Un nouveau programme d’accès à la profession entre en vigueur : il définit le statut de candidat à la profession d’ingénieur (CPI), qui remplace le programme de juniorat.

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