Des écoles de gestion plus flexibles


Édition du 18 Janvier 2023

Des écoles de gestion plus flexibles


Édition du 18 Janvier 2023

Kamal Bouzinab, directeur du programme MBA pour cadres de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, et la cohorte d'été 2022 (Photo: courtoisie)

MBA. La pandémie a profondément bousculé les écoles de gestion du Québec. En adaptant les programmes de maîtrise en administration des affaires (MBA) et en les rendant plus flexibles, les universités se sont encore plus ouvertes au monde, aux femmes et à la diversité. Elles estiment ainsi mieux préparer les cohortes aux nouvelles réalités du monde du travail et faire plus de place à l’innovation. Les Affaires fait le bilan.

Tous les étudiants au MBA pour cadres de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM) sont désormais de retour sur les bancs d’école, après avoir été forcés d’adopter une formule en ligne au plus fort de la crise sanitaire. « Les étudiants préfèrent de loin les cours en présentiel, remarque Kamal Bouzinab, directeur du programme. Les interactions et les échanges sont un volet important. Beaucoup d’ateliers pratiques sont aussi mieux en personne. » 

Pour garder le lien entre les membres de la cohorte, l’université a organisé des rencontres et divers événements. « Cette année, pour la première fois depuis deux ans, on a reçu une délégation mexicaine pour des activités de réseautage », illustre celui qui chapeaute le programme. Le directeur constate toutefois que la pandémie n’a pas été sans conséquences. « Ça a créé une certaine démotivation. Il y a eu une baisse des demandes d’admission. L’implication des étudiants dans la vie associative a aussi diminué. Il y a également eu certains abandons en cours de route, ce qu’on voyait rarement auparavant. »

Kamal Bouzinab croit que la crise aura néanmoins permis à l’université et aux enseignants d’être plus agiles lorsque des événements extraordinaires surviennent.

 

Différentes formules 

Les multiples façons d’enseigner ne constituent pas une nouveauté pour l’Université Laval. « En 2019, on donnait déjà une bonne proportion de cours à distance, soit environ 20 %, rappelle le directeur des programmes de MBA Serge Kablan. La pandémie nous a permis de constater qu’on était assez avancés en matière de technologie et de pédagogie. »

Depuis l’automne dernier, la faculté de gestion vit une certaine transition. Les cours à distance ont atteint légèrement moins d’étudiants, alors que le mode comodal, offert à distance et en classe, a gagné en popularité. « Pour cette session, 39 % des inscriptions provenaient de la Capitale-Nationale. Le reste venait des autres régions du Québec (46 %), d’ailleurs au Canada (2 %) et de l’international (13 %) », précise Serge Kablan. 

Dans ce contexte, le professeur croit que les différents modes à distance et en hybride sont à privilégier. En 2022, plus de la moitié des étudiants au MBA n’avait jamais mis les pieds sur le campus de l’Université Laval.

 

Choisir l’hybride pour se distinguer 

HEC Montréal a pour sa part décidé de voir les nouvelles façons d’enseigner développées en temps de crise comme un atout. « On a transformé ça en force », estime le directeur du programme de MBA, Kevin J. Johnson. 

Alors que les étudiants remplissent à nouveau les salles de classe dans la plupart des établissements d’enseignement, l’établissement montréalais mise encore sur le mode hybride pour se distinguer. « La formule est unique à HEC. Notre programme est enseigné en soirée les lundis et les jeudis, en présence ou à distance. » En ce moment, en moyenne, 50 % des étudiants sont sur place à chaque cours. 

Toute la cohorte se rassemble également un samedi par mois, pour un cours donné uniquement en présentiel, de même qu’à l’occasion des évaluations et des présentations orales. 

L’établissement a investi pour réaménager ses salles de classe et pour revoir sa pédagogie. « On a dû développer rapidement, dans les deux dernières années, notre capacité à concevoir un enseignement adapté et des cours faits pour l’hybride. On a aussi adopté les bonnes technologies pour que ça fonctionne », précise Kevin J. Johnson. Le local compte par exemple de 12 à 18 écrans et le plafond fait office de micro. Loin du simple appel Zoom, ce nouvel équipement permet aux étudiants de se sentir connectés à leurs collègues, qu’ils soient en classe ou à distance.

Dans un monde où la flexibilité est de plus en plus prisée, Kevin J. Johnson estime que HEC fait le bon choix en offrant une souplesse dans les modes d’enseignement plutôt que dans les horaires. « Pour un programme de MBA, la flexibilité des horaires peut diluer la création d’un réseau professionnel fort. Ici, les étudiants suivent tous leurs cours avec les mêmes personnes pendant deux ans. À la fin, ils se connaissent et se tiennent pendant des décennies ensuite », assure-t-il. 

Peu importe la formule choisie, les directeurs de programme insistent sur l’importance d’affronter les défis actuels et à venir pour les futurs dirigeants. Ils deviendront ainsi des dirigeants responsables et efficaces, prêts à affronter les prochaines turbulences.

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