Faire toujours plus avec moins


Édition du 13 Mai 2020

Faire toujours plus avec moins


Édition du 13 Mai 2020

Par Olivier Schmouker

MAUDITE JOB! Vos interrogations. Les solutions d'Olivier Schmouker.

Q - «Nous sommes en restructuration, il nous faut faire plus avec nettement moins. Pour moi, ça se traduit par le fait que je dois diriger non plus une, mais deux équipes. De plus, dans des secteurs différents. C'est n'importe quoi, je suis en plein Mission : Impossible. C'est quoi, la solution ? Faire un Tom Cruise de moi-même ?» - Martin

R. - Cher Tom, euh pardon, Martin, il y a une solution. Celle-ci risque toutefois de vous surprendre (et ne vous permettra pas de devenir Tom Cruise). L'idée, c'est de vous inspirer... des prisonniers. Une équipe de chercheurs pilotée par Justine Rapp, professeure de marketing à l'Université de San Diego, a regardé comment se débrouillaient ceux qui étaient enfermés dans des prisons à sécurité maximale pour bénéficier de biens et de services qui ne sont pas offerts par le système carcéral. Comment obtiennent-ils une coupe de cheveux stylée ? Un tatouage ? Ou encore un plat qui sort de l'ordinaire ? La réponse, c'est que la rareté pousse à la créativité. Les prisonniers rivalisent d'ingéniosité pour pallier le manque. Autrement dit, pour faire plus avec moins, il convient d'instaurer un climat de confiance.

Qu'est-ce que ça signifie pour vous, leur «boss» ? Adoptez un nouveau mode de gestion de votre temps, ce qu'on appelle le 10-20-70 : 10 % du temps à expliquer la tâche ; 20 % du temps à expliciter la tâche ; 70 % du temps à donner de la «rétroaction». Lâcher ainsi prise sur chacun des faits et gestes des employés vous permettra toutefois de découvrir des talents insoupçonnés. Mieux, des idées neuves auxquelles vous n'auriez jamais songé, susceptibles de vous permettre d'atteindre plus facilement les objectifs communs. Donnez-vous comme but de faire briller les autres, et vous éblouirez tout le monde. Un dernier point, si je peux me permettre : s'il vous plaît, dites «Non, merci» le jour prochain où votre patron viendra vous voir pour vous confier la responsabilité d'une troisième équipe.

 

Apeurée

Q. - «Au début, quand j'ai été obligée de faire du télétravail, j'ai eu peur. D'être inefficace, débordée, isolée. Et puis, j'y ai pris goût : pouvoir enfin travailler à mon rythme, quand je veux, sans la pression des autres. Maintenant qu'il faut revenir au bureau, j'ai peur !» - Mylène

R. - Chère Mylène, il est vrai que le télétravail présente de multiples avantages, mais ce n'est pas la panacée. Pour être vraiment heureux et efficace dans son quotidien professionnel, il est vital d'avoir des contacts humains à la fois réguliers et plaisants. D'ailleurs, une étude de la faculté de médecine de Harvard a mis au jour, en 2011, l'«effet machine à café» : les employés les plus productifs sont ceux qui prennent chaque jour un moment pour jaser avec des collègues autour de la machine à café. Dans votre cas, l'idéal serait de déterminer un entre-deux. Ça pourrait consister à télétravailler une journée par semaine, voire deux si c'est négociable. S'il vous est impossible d'envisager une telle chose, retournez au bureau comme auparavant, mais avec un objectif en tête : gagner en autonomie.

Comment y parvenir ? En montrant aux autres que vous êtes à même d'accomplir nombre de tâches sans les déranger, et ce, en vous appuyant sur les quatre piliers de l'autonomie au travail définis par Henri Boudreault, professeur à l'UQAM. Au préalable, assurez-vous d'avoir, pour une tâche précise : les ressources nécessaires, les compétences voulues, le sens du travail bien fait et un bon contact avec les personnes-ressources.

Puis, accomplissez-la seule, comme lorsque vous étiez en télétravail. Et recommencez l'opération dès que possible. Plus tard, ajoutez-y une autre tâche. Jusqu'à ce que vous meniez à bien une journée entière sans faire appel aux services d'autrui, ou presque. Cela vous fera sentir bien, fière d'accomplir de grandes choses en toute autonomie. Mieux, cela inspirera confiance à vos collègues et à votre patron, ce qui les amènera à vous confier davantage de missions tripantes. Qui sait ? Peut-être quelqu'un d'influent vous écoutera-t-il d'une oreille attentive le jour où vous prononcerez à nouveau le mot «télétravail».

 

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