Se fier à l'étranger pour prospérer


Édition du 30 Juin 2018

Se fier à l'étranger pour prospérer


Édition du 30 Juin 2018

Par Alain McKenna

La ­Chine est en train de se positionner comme une superpuissance des technologies environnementales. [Photo : Getty Images]

Malgré les écueils, le marché du carbone prend forme à l'échelle mondiale. Taxer les émissions de gaz à effet pour réduire la pollution séduit de plus en plus de gouvernements, ce qui crée des occasions pour les entreprises qui prendront les devants. À condition de garder le cap, car l'enjeu des changements climatiques compte toujours son lot de sceptiques ici comme ailleurs.

Si l'Ontario réussit à se dégager du marché du carbone, le Québec devra faire cavalier seul au pays dans sa volonté d'imposer des quotas d'émissions à ses grands pollueurs. Les entreprises qui comptaient bénéficier de cette nouvelle politique devront donc regarder au-delà de nos frontières pour croître. En effet, si la lutte contre les changements climatiques a soudainement du plomb dans l'aile au Canada, ailleurs dans le monde, c'est tout le contraire qui se produit. La Chine est en train de se positionner comme une superpuissance des technologies environnementales, et l'Inde a également mis en place des objectifs de décarbonation.

Ces deux pays sont d'ailleurs dans la mire de Stéphane Germain, le PDG de GHGSat. «C'est un énorme défi de percer ces deux marchés, mais c'est un bon défi», assurait-il dernièrement, à l'occasion d'un symposium de l'Association canadienne du commerce spatial. «Nous avons la technologie pour effectuer des relevés, et nous savons qu'il existe un marché pour ce type de services.»

À défaut du bâton, la carotte

Fondée à Pointe-Claire en 2011, GHGSat a réellement pris son envol en 2016, quand son satellite Claire a été mis en orbite afin de cartographier les émissions polluantes dans l'atmosphère. La petite société montréalaise comptait à cette époque quelques clients au Canada, notamment en Alberta, où l'industrie pétrolière tentait de réduire ses propres émissions polluantes. À ce jour, Claire a effectué plus de 2 000 relevés de l'atmosphère terrestre, mais ceux-ci se feront de plus en plus souvent à l'extérieur du pays, où se trouvent les véritables occasions de croissance. Au cours des prochains mois, grâce à une aide d'une dizaine de millions de dollars d'Ottawa, GHGSat procédera d'ailleurs à deux lancements importants. Un second satellite, appelé GHGSat-C1, et des capteurs pouvant être aéroportés entreront en service, afin d'accroître la fréquence des relevés qu'effectuent ces satellites.

Ce coup de pouce financier octroyé par le gouvernement fédéral fait partie d'une enveloppe totale de 700 millions de dollars qui sera investie au cours des cinq prochaines années par la Banque de développement du Canada dans des entreprises spécialisées dans le développement de technologies propres. C'est, pour ainsi dire, la carotte pour aider les industries canadiennes à investir dans les «cleantechs».

Le bâton, lui, prend la forme d'une taxe fédérale de 20 $ par tonne de CO2 qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre partout au pays, tout en laissant les provinces libres d'imposer des mesures plus sévères. Cette mesure aussi est décriée par le premier ministre de l'Ontario, qui imite ainsi son homologue de la Saskatchewan, qui juge une telle mesure inefficace, en plus de faire fuir les entreprises et leurs emplois à l'étranger.

Un marché mondial qui sort du gouffre

Cette crainte semble bien peu fondée, si on se fie aux prévisions de la Banque mondiale, qui rappelle que les taxes, les quotas et les crédits sur les émissions de gaz à effet de serre ont atteint une valeur supérieure à 43 milliards de dollars l'an dernier, en hausse de 50 % sur un an. Le marché total du carbone est évalué à 68 G$. Le gouvernement du Québec aussi voit un potentiel économique dans cette démarche. «Le Québec ne s'est jamais aussi bien porté en matière d'emploi, et pourtant, le marché du carbone est en place depuis 2016. C'est directement lié», assure-t-on au ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

À l'inverse du Canada, le marché mondial du carbone sort du gouffre ces jours-ci, constate l'institution financière internationale. La Chine et l'Europe sont les leaders d'un mouvement auquel adhèrent désormais plus de 88 pays et une vingtaine de régions dans le monde. «Les gouvernements commencent à voir l'efficacité de la tarification pour réduire les émissions de carbone, ce qui crée du même coup de nouveaux revenus qu'ils peuvent consacrer à des politiques économiques liées au climat», observe John Roome, directeur des changements climatiques de la Banque mondiale.

L'organisation conclut qu'un marché du carbone est non seulement possible à l'échelle internationale, mais que c'est aussi un moyen de stimuler la croissance d'une nouvelle économie reposant sur des entreprises et des technologies propres. Pour atteindre leurs objectifs de réduction de carbone, des pays et des entreprises créent une demande pour des solutions que d'autres entreprises s'empressent de leur vendre.

Le Québec ayant été un des premiers à flairer ce filon, il a permis à des sociétés comme GHGSat de voir le jour. Malgré la réticence de certains marchés à joindre ce mouvement, ces entreprises peuvent maintenant partir à la conquête d'autres régions du monde désireuses de profiter elles aussi de ce marché émergent de la lutte contre les gaz à effet de serre.

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