L'économie du vieillissement : au paradis de l'âge d'or


Édition du 15 Septembre 2018

L'économie du vieillissement : au paradis de l'âge d'or


Édition du 15 Septembre 2018

Dans le secteur tertiaire, les affaires ne manqueront pas. Les entreprises de formation aux nouvelles technologies et d’activités ludiques adaptées au troisième âge se multiplient. [Photo : 123RF]

D'ici 2031, un Canadien sur quatre aura plus de 65 ans. Dans l'ombre de la génération des milléniaux, si plébiscitée par les médias et la publicité, une révolution des têtes grisonnantes se met en place... et promet de bouleverser le monde des affaires ! Tourisme, habitat, technologies, loisirs : les entreprises doivent désormais composer avec le marché des aînés.

La population allemande chute de 400 000 individus chaque année. Au Japon, l'âge médian est de 58 ans. Le phénomène du vieillissement démographique est mondial et le Canada ne fait pas bande à part. L'année dernière, le nombre de ses habitants de plus de 65 ans a dépassé pour la première fois celui des moins de 14 ans.

«Devant l'augmentation de cette population en perte d'autonomie, le premier défi est de fournir suffisamment de soins, idéalement à domicile, dit Amélie Quesnel-Vallée, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les politiques et les inégalités sociales de santé à l'Université McGill. La télésanté et l'Internet des objets pourraient aider, ainsi qu'un meilleur recours aux données administratives en temps opportun.»

Elle évoque l'idée de créer une base de données recensant les personnes médicalement vulnérables qui, par exemple, permettrait d'apporter une aide rapide et efficace lors des vagues de chaleur et d'éviter les décès qui y sont malheureusement liés chaque été.

Les défis du vieillissement

L'habitation et les équipements qui permettent de maximiser la qualité de vie des aînés sont également des industries en pleine croissance. À domicile ou en résidence, ces derniers n'entendent pas subir les contraintes de l'âge, et de plus en plus d'entreprises saisissent les occasions qui répondent à cette demande. Les concepts capables de satisfaire à leurs exigences de confort et de maintien de leur autonomie trouveront assurément leur place sur le marché des aînés.

Dans le secteur tertiaire également, les affaires ne manqueront pas. La nouvelle génération d'aînés se démarque par son dynamisme et son inclination à investir dans les loisirs. Les entreprises de tourisme pour aînés, de formation aux nouvelles technologies et d'activités ludiques adaptées au troisième âge se multiplient.

Le secteur public, pour sa part, voit se profiler l'enjeu d'un plus grand nombre de pensions de vieillesse à financer. Si certains proposent de repousser l'âge d'accès à la retraite, d'autres s'inquiètent de la pénalité qu'une telle mesure représenterait pour les travailleurs ayant occupé un métier physiquement difficile. En France, une clause de pénibilité a été adoptée pour déterminer les ayants droit à une retraite anticipée. Une idée à exporter au Québec ?

Aimons nos aînés !

«On associe trop souvent les aînés à des perdants, des gens malades qui tirent la société vers le bas et qui coûtent cher, déplore Serge Guérin, professeur, conférencier et coauteur du livre La Silver économie. Cet âgisme nuit à la croissance des entreprises qui ne voient pas à quel point le marché des aînés est créateur d'emplois et d'innovations.»

Pour ce militant d'une vision plus positive du boom des aînés, les patrons ne peuvent désormais plus composer sans intégrer le vieillissement de la clientèle à leur vision.

«Il en va même de leur responsabilité sociale, ajoute-t-il. Si elles plaçaient davantage d'aînés dans leurs publicités et si elles répondaient à leurs besoins avec des gammes de produits qui leur sont vraiment destinés, elles contribueraient à rendre notre société plus solidaire et bienveillante.»

Pour adopter une attitude papy friendly, les entreprises doivent chercher à comprendre la réalité des aînés. À commencer par le fait qu'il s'agit d'individus très hétéroclites, dont les différences d'âge s'étalent sur plus de 30 ans et les origines sociales sont très variées.

«Les deux ont beau avoir 75 ans, un ancien médecin ne consomme pas de la même façon qu'un ancien ouvrier, dit M. Guérin. Le marché des aînés est bien plus complexe qu'une simple tendance ; les entreprises qui veulent y faire face doivent chercher à comprendre les besoins, les envies et les habitudes de consommation des différents groupes qui le composent.»

Devant l'envergure des investissements, financiers et sociaux, que requiert l'intégration des entreprises sur le marché des aînés, les secteurs public et privé doivent mettre en place des stratégies à long terme. Cette nécessité est un défi souvent contraint par la recherche de profits rapides ou par l'échéance des mandats politiques. «C'est tout l'enjeu des grandes innovations, conclut M. Guérin. Il faut savoir anticiper l'impact et les besoins de ce marché sur plusieurs décennies.»

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