Haut dirigeant le plus engagé socialement : Le financier au service des enfants


Édition du 05 Décembre 2015

Haut dirigeant le plus engagé socialement : Le financier au service des enfants


Édition du 05 Décembre 2015

Pierre Boivin. [Photo : Christian Blais]

RETOUR AU DOSSIER LES PDG DE L'ANNÉE 2015

Du temps où il présidait les Canadiens de Montréal, Pierre Boivin devait voir à ce que l'équipe aspire à la Coupe Stanley. Aujourd'hui à la tête de la société privée Claridge, il veille à ce que l'actif que lui a confié Stephen Bronfman performe tout aussi bien. Mais d'autres victoires lui tiennent à coeur, et Pierre Boivin lance et compte chaque fois qu'une de ses interventions aide à soulager un enfant pauvre, malade ou handicapé.

Fondation CHU Sainte-Justine. Cabaret sur le Mont-Royal. Fondation des Canadiens pour l'enfance. Défi Pierre Boivin. Les Olympiques spéciaux Québec, et on pourrait en ajouter. Ce sont là autant de causes auxquelles Pierre Boivin a été ou demeure étroitement mêlé. C'est beaucoup pour un seul homme, qui n'est pas à la retraite, loin de là !

Mais comme il le dit lui-même, sa cause, son coup de coeur, ce sont les enfants en difficulté. Pourquoi ? Il a de bonnes raisons, qui tiennent à de dures épreuves qu'il a traversées avec sa propre famille. «Ma femme Lucie et moi avons eu cinq enfants. Deux de nos filles sont mortes en bas âge. Notre autre fille, Catherine, a survécu, mais elle est handicapée, ce qui ne l'a pas empêchée d'aller décrocher une maîtrise en arts. Dans ces conditions, vous comprendrez que les enfants affligés par la maladie me touchent.»

Aux yeux de Stephen Bronfman, président exécutif de Claridge, Pierre Boivin reflète par son engagement dans le milieu l'esprit de la famille Bronfman. «C'est un grand Montréalais, très respecté dans la communauté, qui a un excellent regard sur son milieu, et un exemple pour tous nos employés.»

Il n'a pourtant pas toujours été un ange... À l'époque où il étudiait au Collège Bourget, à Rigaud, ses meilleurs amis et lui étaient plutôt «malcommodes». Pour laisser un meilleur souvenir lors de leur dernière année, en 1969, ils ont organisé un rallye pour le tiers-monde. Leur récolte : 15 000 $ ! «J'avais quand même une graine, dit-il, et je présume qu'elle a fini par pousser.»

Ses bourgeons sont nombreux. La Fondation des Canadiens pour l'enfance, qu'il a mise sur pied en 2000, a financé l'installation et l'entretien de six patinoires extérieures avec glace artificielle dans des quartiers défavorisés de Montréal. Une septième est prévue à Laval, dans le quartier Pont-Viau.

Son arrivée au conseil d'administration de la Fondation du CHU Sainte-Justine a été tout aussi marquante. Il en a été le vice-président pendant six ans, le président tout aussi longtemps, et il copréside aujourd'hui la campagne de financement «Plus mieux guérir», qui a une cible de 200 millions de dollars.

L'homme d'affaires dit que s'il ne faisait à terme que le dixième de ce que L. Jacques Ménard a accompli sur le plan communautaire, il en serait fier. Ce dernier lui renvoie le compliment. «C'est difficile de dire non à un gars comme Pierre Boivin quand il t'appelle. On sait que son engagement n'est pas équivoque. Il est venu me chercher pour la campagne de financement de Sainte-Justine, et nous avons convaincu Céline Dion et René Angélil de nous accompagner.»

De son côté, celui qui «n'est pas une miette musicien» s'est laissé convaincre de participer à l'une des activités de financement les plus sympathiques de Montréal, le Cabaret sur le Mont-Royal, au profit de la Société pour les enfants handicapés du Québec. Une soirée durant, des gens d'affaires reprennent leurs habits de musicien au Chalet du Mont-Royal, et ça swing ! L'initiative en revient à Jean Fabi, président de FlexGroup, qui a en a eu l'idée en discutant avec son voisin de villégiature... Pierre Boivin. Ce dernier agit comme maître de cérémonie de cet événement qui se déroule toujours à guichets fermés. «Pierre "livre la marchandise". Il travaille plutôt silencieusement, mais comme il connaît tout le monde, ses contacts sont si nombreux que son potentiel est énorme.» Avec 2,5 M$ amassés depuis cinq ans, le Cabaret, dont la prochaine édition se déroulera le 29 septembre 2016, a certainement fait ses preuves.

Il faudrait aussi signaler l'impact de Pierre Boivin sur la revitalisation d'Olympiques spéciaux Québec, dont il a présidé le conseil de 1998 à 2004. L'organisme permet à des personnes qui souffrent d'un handicap intellectuel de participer à des compétitions internationales. À force de travail et de conviction, il a fait passer la participation québécoise de 400 à 3 000 athlètes !

«Pierre est extrêmement sensible aux personnes qui ont des défis particuliers dans leur vie», dit Daniel Granger, président de ACJ Communications, qui a pris la relève à la présidence du CA en 2004. «Il a travaillé à conscientiser le milieu des affaires et les gouvernements au sort de ces athlètes handicapés.»

Sans oublier le Défi Pierre Boivin, lié au Triathlon d'hiver Sainte-Justine. Il suggère aux entreprises un engagement original : au lieu de former une équipe sportive, pourquoi ne pas en lancer une qui recueillerait le maximum de fonds ? Chaque année, le défi s'intensifie et la cagnotte augmente.

De toutes ces années, et de toutes ces interventions, garde-t-il un souvenir marquant ?

«Quand j'étais vice-président de la Fondation, je me rappelle avoir fait visiter Sainte-Justine à des donateurs potentiels. Un jour, je suis accompagné de Carroll L'Italien, vice-président chez Bombardier. À travers une vitre, on nous montre un enfant en attente d'un nouveau coeur. Ses jours sont autrement comptés. Il existe cependant un appareil appelé "coeur de Berlin", nous dit-on, qui peut entre-temps compenser, mais il coûte cher... Nous nous sommes regardés, Carroll et moi, en nous disant qu'il fallait recueillir l'argent nécessaire. Ce qui fut fait. Plus tard, en 2012, la Fondation m'a remis lors d'une soirée un prix pour mon travail. L'enfant en question avait survécu, et il est monté sur la scène en rappelant que notre intervention lui avait sauvé la vie. Sur le coup, j'en ai braillé comme une Madeleine...»

Dans la vie de tous les jours, Pierre Boivin reste un gestionnaire émérite. Mais il trouve encore et toujours du temps pour son engagement social. «Tant qu'il y aura au Québec un enfant qui se bat contre la maladie, dit-il, on n'aura pas fini de travailler»

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