«À 50 fois les bénéfices, c'était impossible de faire de l'argent avec les grandes capitalisations» - Sebastian van Berkom, président fondateur de Van Berkom et associés

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Janvier 2016

«À 50 fois les bénéfices, c'était impossible de faire de l'argent avec les grandes capitalisations» - Sebastian van Berkom, président fondateur de Van Berkom et associés

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Par Stéphane Rolland

« Je suis convaincu que notre recette peut s’appliquer partout dans le monde, explique Sebastian van Berkom. Les petites capitalisations ont généralement un potentiel de croissance plus fort que celui des entre- prises matures. » [Photo : Jérôme Lavallé

Au début des années 1970, les heures de gloire des «Nifty Fifty» tirent à leur fin. C'est le moment où Sebastian van Berkom, fils d'immigrants hollandais, fait ses premiers pas dans le monde de la finance.

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Gestionnaire de portefeuille à la caisse de retraite de Bell Canada, il étudie le groupe sélect des 50 grandes sociétés américaines et finit par cogner à la porte de son patron. Son expérience est courte, mais il a une idée : et si on se diversifiait dans les petites capitalisations ? «Je lui ai dit : "À 50 fois les bénéfices, c'est mathématiquement impossible qu'on fasse de l'argent"», raconte M. van Berkom. Les petites capitalisations s'échangeaient pendant ce temps à un multiple variant de 10 à 15 fois les bénéfices. Le potentiel de croissance était plus grand.» La cause est entendue : la caisse de retraite de Bell décide de consacrer 10 % de son portefeuille aux titres de petites capitalisations.

Cinq ans ans après son arrivée chez Bell, le gestionnaire monte en grade et est intégré à l'équipe de financement chargée de lever des capitaux à l'étranger. Le financier ne déteste pas, mais s'aperçoit rapidement qu'en quittant ses premières amours, il a abandonné sa vocation : la gestion de portefeuille.

Il y retourne en 1979 et s'associe à la firme LMR. Il continue à gagner en expérience et attrape le virus de l'entrepreneuriat. Convaincu que la richesse de ses partenaires freine leur motivation à «créer une vraie entreprise», Sebastian van Berkom cofonde en 1984 Placements Montrusco Bolton. La firme montréalaise gère aujourd'hui un actif de plus de 5 milliards de dollars. «On a commencé avec les 8 millions de dollars d'actifs acquis auprès de Montréal Trust. On a travaillé très fort pour donner le meilleur service à nos clients. Huit ans plus tard, nous étions rendus à 4 G$», se remémore-t-il.

Malgré le succès de l'entreprise, M. van Berkom souhaite appliquer une autre recette. L'approche de Montrusco misait sur l'analyse de la macroéconomie et les choix sectoriels. L'entrepreneur veut plutôt se concentrer sur les éléments fondamentaux des petites capitalisations et conserver ses titres à long terme. «Il faut de la patience pour avoir du succès avec les titres à petite capitalisation», affirme celui qui détient des actions d'Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B) depuis 1993, ce qu'il qualifie de meilleur coup. «Parfois, tu embarques dans un titre qui est sous-évalué au moment de l'achat et tu peux attendre trois ou quatre ans avant de faire un bon rendement. L'essentiel, c'est d'être présent quand le titre est une aubaine, pas quand tout le monde est en amour.»

Création de Van Berkom

En 1991, le gestionnaire fonde sa propre boîte «à partir de rien». Il passe une année entière à faire des téléphones et à voyager partout au Canada pour rencontrer des dirigeants de caisses de retraite. Il faut dire qu'en vendant sa participation de 10 % dans Montrusco, il avait signé une clause de non-concurrence qui l'empêchait de solliciter ses anciens clients.

C'est le régime de retraite de l'Université McGill qui lui donnera son premier contrat : gérer un portefeuille de 3 M$. L'entente lui servira de carte de visite, mais il doit encore puiser dans ses épargnes afin de maintenir son affaire à flot. «Après le contrat, j'ai embauché mon ancienne secrétaire chez Montrusco, se souvient-il. Elle ne le savait pas, mais l'entreprise n'était pas assez rentable pour lui verser un salaire. Je payais sa rémunération de ma poche.»

En un an, M. van Berkom obtient un rendement de 43 % avec l'argent confié par McGill. Fort de ce succès, il décroche un deuxième mandat de 20 M$ de l'université montréalaise. «C'est là que les affaires ont décollé», lance-t-il. Vingt-cinq ans plus tard, sa firme gère un actif de 4,3 G$ et compte 23 employés. Le plus récent développement est l'ouverture en 2012 de Van Berkom Golden Dragon, qui a pignon sur rue à Hong Kong. L'occasion de réaliser ce «rêve» s'est présentée lorsque son associé Lawrence Lai lui a annoncé son intention de rejoindre sa famille dans la perle de l'Orient.

M. van Berkom trahit sa fierté lorsqu'il nous glisse sa carte professionnelle asiatique. Le logo affichant un dragon chinois est accompagné de renseignements en anglais et en cantonais. Golden Dragon gère un actif équivalent à 115 M$ CA. La Caisse de dépôt et placement du Québec est l'un de ses plus importants clients. M. van Berkom n'exclut pas d'ouvrir un autre bureau à l'étranger si les bons partenaires se présentent. «Je suis convaincu que notre recette peut s'appliquer partout dans le monde, poursuit-il. Les petites capitalisations ont généralement un potentiel de croissance plus fort que celui des entreprises matures.»

Les grands investisseurs

Série 3 de 5. Qui sont les grands gestionnaires québécois ? Quel a été leur parcours ? Leur recette d'investissement ? Dans une série de reportages, nous vous présentons cinq d'entre eux.

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