Le modèle québécois a-t-il un avenir?

Publié le 13/02/2013 à 15:52, mis à jour le 21/02/2013 à 12:50

Le modèle québécois a-t-il un avenir?

Publié le 13/02/2013 à 15:52, mis à jour le 21/02/2013 à 12:50

Par Les Affaires

La situation démographique

En quatrième lieu, le Québec accuse un déclin démographique marqué. Le taux de fécondité des femmes aptes à porter des enfants est tombé à un niveau fortement inférieur au taux requis pour assurer la survie d'une population. La capacité concurrentielle du Québec et son aptitude à soutenir un État coûteux semblent devoir en être sérieusement affectées. À long terme, seule une relance imprévisible de la natalité ou une ouverture plus grande face à l'immigration permettra de combler l'écart qui se crée entre les besoins et les ressources en raison du déclin de la natalité. En toute hypothèse, l'immigration sera de plus en plus importante. Il faudra instituer des mesures suffisamment attrayantes non seulement pour attirer les immigrants au Québec mais aussi pour les convaincre d'y rester.

En cinquième lieu, la présence massive de l'État dans l'économie n'a pas réussi à enrayer deux maux endémiques, à savoir la persistance de fortes disparités économiques entre les régions et l'existence de nombreuses poches de pauvreté dans toutes les régions. La persistance de ces problèmes invite à la prudence en ce qui touche la diminution du rôle de l'État. Le regretté Gérard D. Levesque était un tenant convaincu du rôle premier qui doit revenir à l'entreprise privée dans l'économie. Quand il entendait quelqu'un réclamer un désistement radical de l'État au plan économique, il s'inquiétait toutefois des conséquences qui pourraient découler pour sa région, la Gaspésie, d'une telle orientation. Indépendamment de leurs allégeances partisanes, la plupart des députés représentant des régions éloignées des grands centres urbains réagissaient de la même manière. Par nature, l'entreprise privée est portée à aller là où elle compte trouver des profits. Elle sera toujours davantage attirée en conséquence par les centres où sont réunis maints avantages qu'on ne trouve pas dans les régions excentriques. Ainsi qu'on envisage de le faire avec la SGF, il pourrait être avantageux de favoriser une orientation plus prononcée des interventions de l'État investisseur et prêteur en direction des régions moins favorisées. La lutte à la pauvreté doit demeurer, quant à elle, une priorité incontournable des gouvernements à tous les niveaux. Dans cette perspective, l'appui du gouvernement aux initiatives qui se multiplient dans le secteur de l'économie sociale apparaît justifié et bienfaisant. L'apport des groupes communautaires qui s'emploient à susciter la prise en charge de leur situation par les milieux défavorisés est également un actif précieux qui doit pouvoir compter sur l'appui du gouvernement. Il y a de même lieu d'accueillir avec satisfaction la disposition de la nouvelle Loi sur la lutte à la pauvreté, en vertu de laquelle le gouvernement, avant de mettre un projet de loi de l'avant, devra désormais en avoir mesuré au préalable les effets prévisibles sur les milieux touchés par la pauvreté.

Conclusion : préserver le modèle d'économie mixte

S'il faut entendre par le modèle québécois l'ensemble des mesures mises en oeuvre depuis 1960 par les intervenants de divers secteurs en vue de renforcer le contrôle des Québécois sur leur économie, il y a lieu, à la lumière du bilan que nous en avons tracé, de porter un jugement favorable à son sujet. Ce modèle est un modèle d'économie mixte. L'entreprise privée, les forces sociales du milieu et l'État y ont tous joué un rôle important. Il nous a permis de franchir ensemble en une génération des pas majeurs.

Qu'il faille, à la lumière des nouveaux défis issus de la mondialisation, du changement technologique et du développement de plus en plus répandu du savoir, réviser l'importance et les modalités du rôle dévolu à chaque acteur au sein du modèle québécois, cela apparaît incontestable. Il faudra en particulier que le rôle du secteur privé soit plus accentué et que celui de l'État soit mieux centré sur sa fonction première, laquelle est de créer les conditions propices au développement et non de se faire entrepreneur. Nous aurons cependant tout intérêt à conserver pour l'avenir un modèle d'économie mixte au sein duquel chacun des acteurs majeurs, sous des modalités à déterminer, continuera de se voir attribuer un rôle indispensable. Adapter le modèle québécois à la conjoncture nouvelle tout en en conservant les composantes essentielles et identifier dans cette perspective des objectifs collectifs capables de rallier les Québécois d'aujourd'hui : telle est l'approche qui, par-delà l'attachement aveugle à des idéologies, semble la plus apte à bien servir le Québec dans les années à venir.

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