Le modèle québécois a-t-il un avenir?

Publié le 13/02/2013 à 15:52, mis à jour le 21/02/2013 à 12:50

Le modèle québécois a-t-il un avenir?

Publié le 13/02/2013 à 15:52, mis à jour le 21/02/2013 à 12:50

Par Les Affaires

Une liste éloquente

Le palmarès des 500 plus importants employeurs du Québec, publié annuellement par le journal LES AFFAIRES, illustre la place dominante qu'ont prise les entreprises sous contrôle québécois dans l'économie. Parmi les 30 plus importants employeurs, plus de la moitié des entreprises concernées sont contrôlées par des Québécois. Aux premiers rangs de cette liste, on retrouve des noms familiers comme Desjardins, Bombardier, Hydro-Québec, Banque Nationale du Canada, Abitibi-Consolidated, Quebecor, Power, la Coopérative fédérée, Transcontinental, Loto-Québec, Métro, Cascades, CGI, SNC-Lavalin, la Société de Transport de Montréal, etc. En outre, le palmarès des employeurs les plus importants compte plusieurs autres entreprises qui, sans être propriété québécoise, ne sauraient être considérées comme étrangères, vu qu'elles appartiennent tantôt au gouvernement fédéral (comme Postes Canada), tantôt à des actionnaires en bonne partie québécois (BCE, par exemple).

Plus on avance dans la lecture du palmarès, plus on constate qu'une majorité des entreprises de taille moins grande sont également contrôlées par des Québécois. On sait d'autre part que la très grande majorité des entreprises employant entre 10 et 49 personnes sont possédées par des francophones, la proportion d'entreprises à contrôle francophone étant de plus de 60 % dans la région de Montréal et de près de 90 % dans les autres régions. Il n'est pas étonnant, en conséquence, que quelque 70 % des emplois disponibles au Québec soient désormais offerts par des entreprises sous contrôle québécois. Le plus important employeur du Québec est, par une forte marge, le Mouvement Desjardins. Deux autres entreprises coopératives, la Coopérative fédérée et la société Agropur, figurent aussi parmi les plus importants employeurs. Ces faits témoignent de la vitalité du mouvement coopératif. Par l'intermédiaire du Fonds de solidarité, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a aussi doté le Québec d'un puissant levier d'intervention pour le maintien et la création d'emplois.

L'accroissement du nombre de francophones parmi les cadres des entreprises canadiennes et étrangères établies au Québec et la présence de Québécois de plus en plus nombreux au sein des conseils d'administration de ces entreprises témoignent aussi de la progression des Québécois francophones à tous les niveaux de l'activité économique. En outre, il n'est pas rare aujourd'hui d'entendre parler de Québécois francophones qui occupent des postes de premier plan à l'échelle canadienne ou internationale au sein de firmes pancanadiennes ou multinationales.

La francisation des transactions d'affaires et des milieux de travail a également enregistré des progrès marqués au cours des dernières décennies. Elle est attribuable à la présence de Québécois de plus en plus nombreux à la tête des entreprises et à l'impact de la Charte de la langue française, entrée en vigueur en 1977. La très grande majorité des travailleurs peuvent maintenant travailler en français. De même, toute personne peut exiger qu'une transaction à laquelle elle est partie soit faite en français.

Si ces résultats favorables avaient été obtenus au prix de lourdes pertes économiques pour les Québécois de condition moyenne ou modeste, leur portée bienfaisante en serait sérieusement affectée, sinon annulée. Tel n'a cependant pas été le cas. En même temps que les objectifs de reconquête économique étaient poursuivis, on a en effet enregistré une amélioration marquée du niveau de vie de la population québécoise. Les Québécois gagnent aujourd'hui plus d'argent qu'il y a 40 ans. Ils sont plus nombreux à posséder une automobile et d'autres objets naguère réservés à un petit nombre de personnes. Même si la pauvreté sévit encore dans des milieux trop nombreux, la grande majorité des Québécois ont un niveau de vie plus élevé. Le meilleur indice en est que l'écart entre le revenu par tête au Québec et en Ontario est passé de 26 points en 1960 à 14 points en 1999, soit une diminution de près de 50 %.

Les nouveaux défis

Vu que le modèle québécois nous a généralement bien servis, il y aurait lieu, selon certains, d'en être satisfait et d'y apporter le moins de changements possible. Ce serait toutefois se bercer d'illusions que de raisonner de la sorte. De nouveaux défis nés d'une conjoncture très différente ont en effet surgi. Nonobstant les succès réels remportés au cours des dernières décennies, ces défis nous obligent à envisager d'importants ajustements.

Tout d'abord, comparé à ceux qui nous entourent, l'État québécois coûte cher. Tout compte fait, les services qu'il offre sont sans doute plus élaborés dans certains domaines que ceux qu'offrent d'autres gouvernements. Mais ils se traduisent par des coûts de fonctionnement plus élevés. Le niveau plus élevé des dépenses publiques engendre à son tour des charges fiscales plus élevées. Il a également donné lieu à un accroissement spectaculaire de l'endettement public. Le Québec est aujourd'hui l'une des sociétés les plus lourdement taxées et les plus lourdement endettées de tout le continent. Parmi les facteurs qui ont contribué à l'accroissement des coûts de fonctionnement de l'État, il faut inclure l'effet de « corporatisation » des institutions publiques engendré par les conventions collectives. Celles-ci ont créé dans les divers secteurs de l'administration des contraintes souvent artificielles, mais coûteuses, auxquelles il s'est avéré très difficile de remédier par la négociation. Faute d'une marge de manoeuvre suffisante lors des négociations, de nombreuses situations injustifiables en soi se perpétuent souvent d'une ronde à l'autre avec les coûts artificiels qu'elles engendrent. La mondialisation et les changements technologiques, avec les exigences qui en découlent au plan de la compétitivité, nous obligent à envisager des ajustements importants dans notre conception du rôle et du fonctionnement de l'État. Avant de s'en prendre à des programmes dont ont absolument besoin les foyers et les personnes à revenu faible ou moyen, les responsables devront remédier d'abord à maintes situations économiquement injustifiables au sein de l'appareil public et parapublic.

En second lieu, la présence du gouvernement dans l'économie à titre d'employeur, d'entrepreneur et d'investisseur est devenue trop lourde. Ainsi que l'ont fait voir les pourparlers qui ont abouti à l'achat de Vidéotron par Quebecor, le bras économique de l'État est long et puissant. Il intervient dans l'économie sous mille et une formes, autant à titre d'entrepreneur que d'investisseur, de prêteur, de caution, de gestionnaire et de conseiller, et ce, parfois pour des motifs autres que strictement économiques. Cette présence est de nature à fausser le jeu de la libre concurrence. Elle a déjà contribué à créer dans d'autres pays de véritables états dans l'État, y portant même atteinte à l'intégrité des décisions politiques. Par les liens étroits qu'elle institue entre les dirigeants des sociétés d'État et les gouvernants élus, elle risque d'engendrer tantôt une politisation indue des décisions économiques, tantôt une domination indue de l'économique sur le politique. La Caisse de dépôt et placement et la Société générale de financement offrent deux exemples des dangers que crée cette présence tentaculaire de l'État québécois dans l'économie. Elles sont désormais présentes dans une proportion très élevée des transactions qui ont lieu à Québec. Aussi faut-il se réjouir de la tenue prochaine d'auditions publiques sur le rôle et les modes de fonctionnement de cet organisme et souhaiter que l'action de la SGF soit soumise elle aussi à une surveillance plus étroite. Ainsi que le recommandait, dès 1998, un groupe de travail du Parti libéral du Québec, il y aurait lieu de soumettre périodiquement à une reddition de comptes sérieuse et à une révision en profondeur de leur mission et de leur fonctionnement tous les organismes qui interviennent directement dans l'économie au nom de la collectivité.

En troisième lieu, la présence du gouvernement dans l'économie s'est également traduite depuis la révolution tranquille par une véritable prolifération des lois et dispositions ayant pour objet de réglementer l'activité économique dans divers secteurs. La plupart des contrôles ainsi institués visaient dans la pensée de leurs auteurs à remédier à des problèmes réels. Plusieurs étaient et restent nécessaires. À la longue, la multiplication inconsidérée des inspections et des formules à remplir finit toutefois par rendre difficilement respirable la vie des entreprises. Il y aurait lieu de procéder dans plusieurs secteurs à un allègement substantiel des contraintes imposées par l'État.

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