Le modèle québécois a-t-il un avenir?

Publié le 13/02/2013 à 15:52, mis à jour le 21/02/2013 à 12:50

Le modèle québécois a-t-il un avenir?

Publié le 13/02/2013 à 15:52, mis à jour le 21/02/2013 à 12:50

Par Les Affaires

L'influence politique

L'effervescence créée par la révolution tranquille fut particulièrement forte au plan politique. On doit aux dirigeants politiques de cette période la création d'un État québécois moderne, en particulier d'un État doté d'une fonction publique compétente et impartiale. À compter de cette période, le Québec fait montre d'une fierté nouvelle, ses revendications politiques deviennent plus agressives. Il vit même naître en son sein un parti souverainiste qui se vit confier à plusieurs reprises les rênes du pouvoir, sans toutefois pouvoir réaliser son projet d'indépendance politique. C'est de cette période que date l'emploi, devenu courant, du mot « État » pour désigner le gouvernement du Québec, et du mot « Québécois », de préférence au mot « Canadien », pour désigner les résidants du Québec.

Loin d'échapper à l'influence de la révolution tranquille, le domaine économique fut profondément influencé par les idées qu'elle incarna. Jean Lesage et ceux qui le secondèrent et lui succédèrent, en particulier René Lévesque, avaient très bien perçu le rôle-clé que devait tenir l'économie dans l'avènement du Québec à une pleine maturité. Aussi, les initiatives à caractère économique occupèrent-elles une grande place dans leurs plans d'action. Convaincus que toute réforme politique devait, pour réussir de manière durable, s'appuyer sur de solides fondements économiques, ils entreprirent de mener de front les réformes politiques et les réformes économiques. Parmi les objectifs qu'ils se fixèrent au plan économique, citons en particulier la création d'une main-d'oeuvre qualifiée ; la création d'instruments publics d'intervention dans l'économie ; le développement d'entreprises privées contrôlées par des Québécois; l'accès d'un plus grand nombre de Québécois à des postes de direction au sein des entreprises canadiennes et étrangères implantées au Québec; l'utilisation généralisée du français comme langue de communication dans les milieux de travail et les relations d'affaires ; et enfin, coiffant le tout, le rehaussement du niveau de vie de la population. Le slogan « Maîtres chez nous », mis de l'avant par le gouvernement Lesage lors de l'élection de 1962, centrée sur la nationalisation des entreprises hydroélectriques, résume très bien l'esprit qui animait les dirigeants politiques à cette époque.

Mission accomplie

Parmi les objectifs évoqués ci-dessus, le plus important à long terme était la formation d'une main-d'oeuvre qualifiée. Cet objectif inspira les réformes instituées dans le secteur de l'éducation, à commencer par la création du ministère de l'Éducation. Les résultats de ces mesures ne sont pas toujours parfaits. Ils témoignent toutefois d'une progression spectaculaire. De société sous-scolarisée en 1960, le Québec est devenu en à peine une génération une société hautement scolarisée. Il est désormais en mesure de fournir aux employeurs une main-d'oeuvre qualifiée dans tous les secteurs de l'activité économique. Le Québec a ainsi réalisé avec succès le premier objectif qu'il s'était donné. Il faut être conscient, cependant, que le dispositif que nous nous sommes donné coûte cher et qu'il en coûtera encore davantage pour le maintenir à jour. Étant donné les coûts et les risques élevés de toute réforme ambitieuse, il faudra y penser à deux fois avant de soumettre le système à des changements brusques qui procéderaient beaucoup plus d'une idéologie abstraite que d'une connaissance approfondie de ses forces et de ses faiblesses.

La création d'instruments étatiques d'intervention dans l'économie figura au premier plan des projets des promoteurs de la révolution tranquille. La première initiative fut la nationalisation des entreprises privées d'énergie électrique en 1962 et la transformation d'Hydro-Québec en un véritable navire-amiral de l'économie québécoise. Une seconde initiative non moins importante fut la création de la Caisse de dépôt et placement du Québec. À ces deux institutions vinrent s'ajouter dès le début des années 60 la Société générale de financement, puis dans les années qui suivirent, une panoplie abondante de sociétés publiques munies des mandats les plus divers.

Si l'on ajoute aux trois organismes déjà mentionnés Investissement Québec, les sociétés Innovatech de Montréal et de Québec, les centres locaux et les organismes régionaux de développement, la Société des Alcools, Loto-Québec, la Société immobilière du Québec, et plus d'une centaine de sociétés et d'agences diverses, on est en présence d'un dispositif fort élaboré. À l'aide de ce dispositif, l'État est présent, directement ou indirectement, à titre d'entrepreneur, d'investisseur, de prêteur, de caution ou de conseiller, dans à peu près tous les secteurs de l'économie et dans des milliers d'entreprises. L'État québécois souffrait naguère de n'être pas assez présent au coeur des décisions économiques. La question, si elle a encore sa raison d'être, ne vaut désormais que pour certains secteurs particuliers de l'économie.

On peut de même parler de mission accomplie à propos du secteur privé de l'économie. Les progrès sont manifestes de ce côté, autant en ce qui touche l'émergence d'entreprises contrôlées par des Québécois qu'en ce qui touche l'accès des Québécois à des postes de direction au sein des entreprises canadiennes ou étrangères implantées au Québec.

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