Buy American: le Québec évite le pire avec l'État de New York

Publié le 10/04/2017 à 14:03

Buy American: le Québec évite le pire avec l'État de New York

Publié le 10/04/2017 à 14:03

Par François Normand

Source photo: Getty

Les entreprises québécoises qui vendent leurs biens et leurs services dans l’État de New York peuvent souffler: le gouvernement local a renoncé à inclure une clause dite du Buy American dans son budget présenté vendredi.

Les représentations des gouvernementdu Canada, de l'Ontario, du Québec ainsi que de grandes entreprises américaines ont finalement convaincu l’État de New York de faire marche arrière.

«Nous avons convaincu les autorités qu'un Buy American irait considérablement à l'encontre des intérêts de l'État de New York», dit au bout du fil Jean-Claude Lauzon, délégué général du Québec à New York. Dans cet État seulement, 750 000 emplois dépendent du commerce avec le Canada, précise-t-il.

«Tout le monde est soulagé, laisse tomber pour sa part Martin Lavoie, directeur des politiques manufacturières chez les Manufacturiers et exportateurs du Canada (MEC). Il y avait une crainte que l’adoption du Buy American dans l’État de New York puisse inciter d’autres États à faire de même.»

À la mi-mars, Les Affaires avait rapporté que le Sénat, la Chambre des représentants et le gouverneur travaillaient chacun sur trois dispositions budgétaires afin que l'État de New York se dote d'une politique d'achat local pour les contrats supérieurs à 100 000$US. À (re)lire Un nouvel obstacle entre nos entreprises et l'État de New York.

Cela aurait visé toutes les entreprises étrangères, incluant celles du Canada et du Québec.

Depuis des années, des sociétés étrangères sont parfois soumises à des clauses du Buy American dans l'État de New York. Par contre, il s'agit de celles du gouvernement fédéral (quand Washington finance des projets), notamment dans le secteur de la construction.

La clause du Buy America du gouvernement américain (qui s'applique uniquement dans le transport public) est aussi parfois appliquée dans les projets de transport en commun.

L’initiative proposée pour le Buy American par le Sénat, la Chambre des représentants et le gouverneur démocrate Andrew M. Cuomo se serait donc ajoutée donc à la législation fédérale déjà en vigueur.

Le Buy American aurait fait très mal à nos entreprises

L’adoption de cette mesure aurait fait mal aux entreprises québécoises et canadiennes. Généralement, une politique d'achat local incite des entreprises étrangères à s'établir dans un pays ou à y transférer une partie de leur production -et des emplois.

L'enjeu était de taille pour le Québec, car l'État de New York est de loin notre premier marché d'exportation aux États-Unis.

En 2016, nos expéditions de marchandises se sont élevées à 6,6 milliards de dollars canadiens, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Pour mettre les choses en perspective, c'est plus de deux fois la valeur des exportations totales du Québec en Chine (3 G$CA).

Ce n’est pas la première fois que des États américains songent à se doter de mesures dites du Buy American.

En 2016, le New Jersey a voulu lui aussi inclure une proposition d'achat local dans son budget.

La Délégation générale du Québec à New York et l’Ambassade du Canada à Washington avaient toutefois fait des représentations soutenues auprès de l'État, et l'avaient finalement convaincu de faire marche arrière.

Cela dit, Québec, Ottawa et les MEC demeurent prudents, car il semble s’installer une tendance protectonniste aux États-Unis depuis l'élection de Donald Trump.

Que l'État de New York veuille se doter d'un Buy American est une chose.

Mais si une vingtaine d'États américains se dotaient un jour de leur propre politique d'achat local, les exportations canadiennes et québécoises seront vraiment à risque aux États-Unis, où le Canada achemine 76% de ses exportations ( 71% dans le cas du Québec).

 

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