Au coeur de l'innovation manufacturière

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Juin 2021

Au coeur de l'innovation manufacturière

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Édition du 16 Juin 2021

Par Philippe Jean Poirier

Carl Diez Soleno (Photo: courtoisie)

INGÉNIEURS. Carl Diez, vice-président à la recherche et au développement chez le fabricant de tuyauterie agricole Soleno, est à la fois un acteur et un témoin privilégié de la transformation manufacturière qui s’est opérée au cours des 25 dernières années au Québec. Il est le premier ingénieur à avoir été embauché par l’entreprise en 1995. Depuis, 20 collègues ingénieurs se sont joints à lui.

La PME, basée à Saint-Jean-sur-Richelieu, a la particularité de s’être lancée très tôt dans l’économie circulaire. D’ailleurs, peu de temps après son arrivée, Carl Diez a pris la tête d’un pôle de recherche ayant comme objectif de produire à l’usine des tuyaux de plastique recyclé, ce qui a été accompli en 1998.

Pour Carl Diez, l’ingénieur est au cœur de l’innovation manufacturière. «Notre rôle, à Soleno, c’est de faire le pont entre les connaissances acquises en laboratoire et la production en usine, explique-t-il. Nous établissons des points de référence, pour nous assurer que les produits que nous développons sont stables et reproductibles.»

Désormais, l’entreprise compte des ingénieurs jusque dans la Division des ventes, car l’innovation passe aussi par une meilleure compréhension des besoins des clients. «Nous avons embauché des ingénieurs civils et agricoles pour nous aider à développer une nouvelle technologie de drains pouvant contrôler le niveau de phosphore, d’ocre ou d’humidité», précise le vice-président. L’objectif est de permettre aux agriculteurs de cultiver un sol à haut rendement. 

Depuis sept ans, la PME a pris le virage de l’automatisation en intégrant des robots à sa ligne de production. Encore une fois, des ingénieurs sont à l’avant-poste de cette transformation. «Des ingénieurs d’automatisation font équipe avec les «anciens» de l’usine, afin de déterminer les meilleures techniques de production et de les transposer dans l’outillage robotique», explique Carl Diez.

Certains sont aussi appelés à travailler en gestion du changement, à titre de gestionnaires. «Nous avons intégré des ingénieurs de procédés afin de former les contremaîtres et les gens de ligne, note-t-il. Si les gens voient les robots d’un mauvais œil ou ne comprennent pas comment ils fonctionnent, le projet ne marchera pas.»

 

Gains énergétiques

Un autre grand chantier manufacturier des dernières années est engendré par le virage environnemental. Cela inclut la réduction des gaz à effet de serre, de la consommation d’eau et d’énergie, ainsi que la valorisation des rebuts de production dans une optique d’économie circulaire.

«Quand on parle d’efficacité énergétique d’un bâtiment, ce sont généralement des ingénieurs mécaniques et électriques qui sont impliqués», explique Luc Jolicoeur, lui-même ingénieur et vice-président principal au développement durable à CIMA+. Quand la firme de génie-conseil lavalloise fait la mise en service d’une nouvelle usine ou la remise au point des systèmes mécaniques d’un bâtiment d’une usine existante (recommissioning), ses ingénieurs évaluent s’il est possible de faire des gains énergétiques en utilisant une ventilation et un éclairage naturel, illustre-t-il.

Les ingénieurs de procédés aident pour leur part les manufactures à revoir les lignes de production, afin de réduire ou de recycler les matières entrantes et sortantes du processus de fabrication. «Ces projets sont menés par des équipes multidisciplinaires, incluant entre autres des ingénieurs en génie de l’environnement et en génie des eaux», énumère Luc Jolicoeur.

Un autre dossier important est celui de la santé et sécurité — plus particulièrement la gestion des poussières explosives. «Je n’ai pas besoin d’inventer des histoires à ce sujet; je relève régulièrement des explosions dans des usines au Québec, au Canada ou aux États-Unis», annonce Hugues Châteauneuf, ingénieur et expert-conseil senior en ventilation, emplacements dangereux et risques d’explosion à la firme de génie-conseil BBA. 

Lui et son équipe se sont bâti une expertise en gestion du danger d’explosion des poussières combustibles. «Tous les matériaux que l’on place dans le feu et qui brûlent ou fondent sont susceptibles de produire des particules explosives», résume l’ingénieur. Il faut donc se méfier des poussières de bois et de métaux. Dans l’industrie agroalimentaire, le sucre, la farine et la poudre de lait, entre autres matières, sont potentiellement dangereux. «La liste est longue!» assure le spécialiste.

Hugues Châteauneuf a mis sur pied une équipe multidisciplinaire afin d’élaborer des stratégies visant à mieux évaluer les risques, pour ensuite les réduire ou les éliminer si possible. En 2018, BBA a ainsi aidé Agropur à rectifier un problème lié à des poudres de lait dans son usine de Plessisville. Ils ont agi en mode «préventif», à la suite d’une inspection de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). À l’heure actuelle, la firme accompagne le fabricant de panneaux de bois Uniboard dans la révision de ses procédés de fabrication, à la suite d’une explosion liée aux poussières de bois dans son usine de Mont-Laurier.

 

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