«Je crois que nous sommes dans un bull market aurifère», estime André Gaumond


Édition du 11 Mai 2022

«Je crois que nous sommes dans un bull market aurifère», estime André Gaumond


Édition du 11 Mai 2022

Par François Normand

André Gaumond est celui qui a découvert le fameux gisement d’or à l’origine de la mine Éléonore, à la Baie-James. (Photo: Archives)

INDUSTRIE MINIÈRE. Le géologue à la retraite André Gaumond est l’ancien président de Mines Virginia. Il est très connu dans l’industrie aurifère au Québec, car c’est lui qui a découvert le fameux gisement d’or à l’origine de la mine Éléonore, à la Baie-James. Son expérience et son expertise en font donc un analyste bien informé de ce secteur minier.

 

Les Affaires — Les projets aurifères se sont multipliés dans la province ces dernières années, 16 d’entre eux étant en cours en date du mois de mars. Vivons-nous une période unique dans l’histoire minière du Québec dans le secteur aurifère ?

André Gaumond — Non, ce n’est pas le premier boom. Quand le prix de l’or a augmenté au milieu des années 2000, on a eu un boom minier. Il y en a eu certainement d’autres auparavant, quand le prix de l’or dépassait les 400$ US l’once dans les années 1990.

Chaque fois que le prix de l’or monte, il y a des booms miniers. Chaque fois qu’il y a une découverte importante, ça crée aussi de l’engouement, de l’effervescence, et il y a de l’exploration autour, car on sait que les gisements viennent sous forme de grappes.

Il y a aussi des gisements qui avaient été découverts qui, avec la montée du prix de l’or, sont devenus rentables aujourd’hui, sans parler du développement de nouvelles technologies qui permet de réduire les coûts.

Je crois que nous sommes dans un bull market aurifère et un boom minier aurifère.

 

L.A. — Les prix de l’or ont été relativement stables entre le début des années 1980 et le début des années 2000, s’établissant autour de 400 $ US l’once, avec des variations à la hausse et à la baisse. Depuis le début des années 2000, il y a une hausse vertigineuse des prix. En 20 ans, on parle d’une augmentation de plus de 450 %, avec une once qui s’échange à près de 2 000 $ US. Comment expliquer cette situation ?

A.G. — Dans les années 1990, plusieurs banques centrales, dont celle du Canada, ont décidé de vendre leurs réserves d’or. Le message véhiculé était que l’or était peut-être moins une valeur refuge. À l’époque, les banques faisaient aussi attention pour ne pas trop vendre d’or, afin de ne pas provoquer un effondrement des prix.

Je me souviens qu’à la fin des années 1990, l’or a même touché pratiquement 250$ US. C’était très dur.

Par la suite, il y a eu un mouvement inverse. Plusieurs banques centrales, dont celle de la Russie, de la Chine et de l’Inde, ont alors décidé d’augmenter leurs réserves d’or.

Aussi, dans un contexte où l’exploration minière avait diminué pendant des années en raison de la faiblesse des prix, la demande a surpassé l’offre. Cela a créé un marché aurifère à la hausse depuis près de 20 ans maintenant.

Les fonds négociés en Bourse (FNB) se sont aussi mis à acheter de l’or. Ils les stockaient pour les individus, lesquels n’avaient plus à les stocker eux-mêmes dans une banque. Cela a facilité l’achat d’or et a créé une demande supplémentaire.

Enfin, l’instabilité géopolitique exerce aussi une pression sur la demande, car l’or est une valeur refuge en temps de crise.

 

L.A. — La multiplication des projets aurifères au Québec démontre que le sol québécois est riche en métal jaune. Comment la province se positionne-t-elle par rapport au reste du Canada dans ce secteur ? Quels sont les autres atouts de la province dans l’or, mais aussi dans les autres minéraux ?

A.G. — Nous arrivons au deuxième rang dans la production d’or au Canada après l’Ontario, mais nous avons aussi beaucoup de forces, si l’on considère l’ensemble de l’industrie minière. C’est très structurant, l’industrie minière au Québec.

On a de bonnes universités, et on forme les meilleurs géologues, sans parler des ingénieurs miniers et des métallurgistes. On a une expertise. On a des mines, où les gens prennent de l’expérience. On a des firmes de forage et des constructeurs de foreuses.

De plus, on a des centres de recherche, notamment pour améliorer le traitement des minéraux. On est fort dans l’aluminium, le fer, le cuivre et l’or. Le Québec se positionne donc très bien, même si nous ne sommes pas dans le top cinq mondial dans la production aurifère.

En revanche, l’ensemble du Canada figure dans ce top 5, en l’occurrence au cinquième rang, après la Chine, l’Australie, la Russie et les États-Unis.

 

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