Diane Deschênes: des talons hauts aux caps d'acier


Édition du 09 Mars 2022

Diane Deschênes: des talons hauts aux caps d'acier


Édition du 09 Mars 2022

Par Léa Villalba

Diane Deschênes, briqueteuse-maçonne depuis plus de 20 ans (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION. Après une carrière de mannequin, Diane Deschênes a découvert, un peu par hasard, le milieu de la construction. Près de 20 ans plus tard, cette briqueteuse-maçonne de passion est très fière du chemin parcouru, même si celui-ci a été parsemé d’embûches.

«Je suis tombée en amour avec le métier», se rappelle la native de la Côte-Nord. Au début des années 2000, alors qu’elle est mannequin, notamment pour Joseph Ribkoff, elle fait ses premiers pas dans le milieu de la construction. «Le père de mon fils travaillait dans l’industrie et avait parfois du mal à trouver des manœuvres qui entraient travailler le vendredi, raconte-t-elle. Alors j’ai commencé à remplacer, pour voir, et finalement, j’ai eu la piqûre.» 

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De fil en aiguille, la jeune trentenaire décide d’aller suivre le cours de briquetage-maçonnerie au centre de formation Le Chantier, à Laval, pour apprendre son nouveau métier. «Apprendre sur le tas, c’est bon, mais c’est mieux d’avoir une technique, des façons de faire. En commençant les cours, j’ai compris que j’étais à la bonne place», poursuit-elle. 

Une fois diplômée, elle réussit facilement à trouver du travail auprès de divers employeurs, notamment la maçonnerie Michel Kirouac, qui a été son tout premier. «Quand tu as la conviction que tu as ta place, c’est facile d’être engagée, explique-t-elle. Le plus dur, c’est de se préserver en tant que femme.» En effet, dès ses débuts, Diane Deschênes sent qu’elle doit justifier sa présence auprès de la gent masculine, omniprésente dans le milieu de la construction. «Plusieurs ont essayé de me décourager, de me faire abandonner, mais je fonce beaucoup dans la vie, assure-t-elle. Je leur ai montré que j’allais être là et pour longtemps.»

 

Faire sa place malgré les défis

Mère monoparentale d’un enfant autiste, Diane Deschênes a également subi à plusieurs reprises les conséquences du manque de flexibilité en matière de conciliation travail-famille de certains employeurs. «Quand mon fils fait une crise ou a un besoin particulier, je dois quitter mon lieu de travail. Certains ne comprennent pas ça. J’ai perdu trois jobs à cause de ça», confie-t-elle. Son employeur actuel, l’entrepreneur général Guillaume Tougas, connaissait déjà sa situation familiale et il l’a engagé sans problème. «Aujourd’hui, ça va très bien», ajoute-t-elle. 

D’après la briqueteuse, le milieu de la construction «a encore du chemin à faire» quant à la qualité de vie et aux conditions de travail. Cependant, elle a aussi remarqué que de plus en plus d’hommes demandent certaines mesures dans ce sens et que les choses commencent à bouger. 

Selon la Commission de la construction du Québec, les femmes de cette industrie travaillent moins d’heures au cours d’une année. En 2019, elles ont effectué en moyenne 746 heures par rapport à 1013 heures pour leurs confrères. Diane Deschênes explique notamment cette disparité par le fait d’être appelée en dernier pour travailler sur les chantiers. «On a le même salaire [horaire], mais on fait moins d’heures par an. Les employeurs appellent d’abord leurs chums, ou les chums de leurs chums, déclare-t-elle. Il y a vraiment du favoritisme.»

Entre 2011 et 2020, le nombre de femmes briqueteuses-maçonnes au Québec est passé de 26 à 34. C’est encore trop peu, estime Diane Deschênes. C’est pourquoi elle aimerait devenir une ambassadrice de son métier auprès des jeunes filles «Il y a vraiment de la place pour les femmes dans ce milieu, mais il faut en parler plus. S’il y avait plus d’enseignantes dans les formations de la construction, je suis certaine que les filles auraient moins peur de s’inscrire.» 

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